« L’opération survie » de Macron

Ayant « cramé » Elisabeth Borne dans le passage au forceps de la loi immigration, le remaniement gouvernemental déclenché par Macron a un seul but : poursuivre et amplifier la guerre totale aux droits des travailleurs et de la population.

Gabriel Attal et Emmanuel Macron, en septembre 2023 (photo AFP)
Par Gabriel Caruana
Publié le 10 janvier 2024
Temps de lecture : 2 minutes

« Emmanuel Macron a dû enclencher l’opération de survie, deux ans après sa réélection », commente Françoise Fressoz dans Le Monde (10 janvier) à propos de la nomination de Gabriel Attal à Matignon, additionnant l’échec du Conseil national de la refondation ou des rencontres de Saint-Denis, tout comme « l’impopularité de la réforme des retraites » et « la scène parlementaire dominée par les affrontements ». Interrogée le même jour sur le remaniement, Sophie Binet affirme sur Franceinfo la nécessité « d’avoir un gouvernement qui dirige le pays (…) et surtout un cap en rupture avec la politique menée par Emmanuel Macron et qui renoue avec l’intérêt général ». Rupture ?

Dès sa prise de fonction, Gabriel Attal a énoncé ses priorités. Reprenant quasiment mot pour mot les annonces par Macron lui-même d’une nouvelle loi contre le Code du travail et l’indemnisation du chômage, il affirme que « travailler doit toujours être plus valorisé que ne pas travailler » et vouloir « la simplification drastique de la vie de nos entreprises ».

Quant à « l’action résolue que nous devons mener en faveur de notre jeunesse » qu’il annonce, on peut s’attendre au pire pour celui qui a créé le service national universel (SNU) et a été le rapporteur de la loi instituant Parcoursup. Le Premier ministre a indiqué qu’il allait rencontrer « les forces vives de la nation » ; on ne peut douter que « l’opération de survie » déclenchée par Macron a un seul but : poursuivre et amplifier la guerre totale aux droits des travailleurs et de la population.

Comment le mettre en échec ?

Pour mettre en échec ce gouvernement, mettre en échec sa loi sur l’immigration, mettre en échec son soutien sans faille au massacre du peuple palestinien, mettre en échec le budget avec le blocage des salaires des fonctionnaires et les nouvelles attaques contre la sécurité sociale, mettre en échec les projets de loi contre le Code du travail et le statut de la fonction publique, il faudra autre chose que des communiqués, aussi justes soient-ils, qui condamnent ou dénoncent ces projets, ou des journées d’action qui ne gênent personne, en tout cas pas le gouvernement ni le patronat.

Le blocage du tunnel sous la Manche par la grève totale des salariés de Getlink juste avant la période de Noël, ou encore cette semaine, celle de l’Ehpad Saint-Dominique en Haute-Loire, sont autant d’indications de ce qui mûrit dans la classe : il faut autre chose que des protestations symboliques ou des suppliques aux institutions, pour prétendre gagner.

Ce d’autant que, dans cette recherche, les travailleurs peuvent compter sur la détermination d’une force politique de rupture, La France Insoumise (LFI) ; en témoignent les initiatives de rue prises pour le cessez-le-feu à Gaza depuis trois mois, bien souvent appuyées et parfois rejointes par les unions départementales syndicales. Nous y reviendrons.