Brésil : « Inverser la logique »

Le comité national du Dap (Dialogue et action pétiste), réuni en téléconférence le 13 mai, a décidé de convoquer, à Sao Paulo, sa première rencontre depuis que la force du peuple a élu Lula de nouveau comme président. Nous publions l’invitation à cette conférence de militants.

Manifestation de Dialogue et action pétiste (Dap), à Brasilia, le 9 janvier, contre la tentative de putsch (Correspondant)
Par Dialogue et action pétiste
Publié le 28 mai 2023
Temps de lecture : 3 minutes

[Notre conférence] aura lieu dans une situation mondiale marquée par les conséquences de la guerre en Ukraine, une guerre qui n’est pas celle des peuples russe ou ukrainien, ni celle des peuples d’Europe et du monde entier.

Le Dap combat, aux côtés de camarades de tous les continents, en affirmant : « Ni Zelensky-Otan ni Poutine, cessez- le-feu immédiat et inconditionnel. » Le Dap se félicite de la position du président Lula qui refuse la participation directe ou indirecte du Brésil à cette guerre et l’alignement sur l’un ou l’autre camp, en insistant sur la paix et le cessez-le-feu.

En même temps, des sujets d’alarme nous parviennent de nos voisins d’Amérique du Sud

– Au Chili, de concession en concession au patronat et à la droite pinochétiste, le gouvernement « progressiste » de Boric connaît aujourd’hui des défaites amères et perd le soutien populaire. Tel a été le cas avec le simulacre de Constituante, le Conseil constitutionnel de cinquante membres, sous la tutelle de vingt-quatre « sages », qui, face à une marée de votes nuls, blancs ou d’abstentions, a fini par donner la majorité à la droite et à l’extrême droite.

– Mais de Colombie, il nous vient un autre exemple, celui du président Petro, qui, face aux obstacles dressés par ses propres alliés au Parlement, a limogé sept ministres et a rompu avec une partie du bloc parlementaire qui l’avait élu en lançant un appel direct au mouvement populaire et syndical à faire pression depuis la rue en faveur des réformes en cours (santé, travail et agraire).

N’est-ce pas un sujet de réflexion au Brésil ?

Au cours de ces premiers mois de gouvernement Lula, diverses mesures positives ont été adoptées (salaire minimum, Bourse famille, égalité salariale pour les femmes, arrêt de nouvelles privatisations, etc.), soutenues par les syndicats et les mouvements, mais, malgré cela, la question non résolue de la tutelle militaire (article 142) continue à hanter la République. Ce qui se relie à la résilience du bolsonarisme.

Au Congrès, la majorité, incluant des parlementaires de partis de l’alliance qui détiennent des ministères, a mis en échec une initiative du Planalto (le palais présidentiel, Ndlr), le cadre de l’assainissement, et se prépare au vote important du « schéma fiscal », sous la pression du patronat, qui instrumentalise la majorité réactionnaire du Congrès.

Il est inacceptable de voir le PT, qui avait voté contre la Loi de responsabilité fiscale (LRF) de Fernando Henrique Cardoso et le plafond de dépenses de Temer, assumer à présent la présentation par le gouvernement d’un ajustement fiscal qui limite et conditionne les dépenses publiques pour garantir le paiement de la dette intérieure.

Ce qui va entrer en contradiction avec les revendications des mouvements et des syndicats, nécessaires pour faire face aux nouvelles pressions de l’impérialisme et de l’élite.

En vérité, au fond de toutes ces questions, apparaît la contradiction entre les institutions de l’Etat et la souveraineté populaire, que, un de ces jours, un peu plus tôt ou un peu plus tard, il faudra affronter.

Depuis la victoire de Lula, pour laquelle le Dap a mobilisé toutes ses forces, nous avons cherché à aider à l’organisation de la lutte pour les aspirations des travailleurs et du peuple opprimé, des Noirs, des femmes, LGBT et autres secteurs, inscrites dans l’élection pour ce troisième mandat.

L’abrogation des contre-réformes, comme celle de la Sécurité sociale et du travail, une véritable politique de réforme agraire, la reprise du chemin vers la souve raineté populaire et nationale, avec la fin de l’autonomie de la Banque centrale, la renationalisation d’Eletrobras et la récupération de l’enseignement public et de qualité (avec l’abrogation du « nouvel enseignement secondaire »), pour ne citer que quelques exemples de revendications réprimées. Tout ce que le « marché » et les patrons ne veulent pas.

Toute cette complexe et difficile situation au Brésil et dans le monde sera l’objet de la libre discussion entre les membres du Dap, qui désigneront des délégué(e)s à la rencontre nationale à partir de leurs groupes de base.

Nous allons inverser la logique de l’ignoble Ped1Ped, pour processus électoral direct mis en place au sein du PT, Ndt., ce qui commence par l’inscription de thèses nationales, en agissant ici aussi comme le PT agissait, nous allons débuter la discussion par le bas jusqu’à ce que nous arrivions à une synthèse finale.