Hommage à Esteban Volkov, dit Sieva
Le 16 juin à Mexico, Esteban Volkov, « Sieva », petit-fils de Léon Trotsky, le grand révolutionnaire internationaliste, est décédé. L’organisation socialiste des travailleurs (section mexicaine de la Ive Internationale) lui rend hommage dans un communiqué. Une délégation s’est rendue à ses obsèques pour déposer une gerbe.
- International, Mexique

« Il était né en Union soviétique en 1926, au moment de la montée du stalinisme, le cancer de la révolution. Sa mère était Zinaïda Bronstein, l’une des deux filles que Léon Trotsky avait eues avec sa première épouse, Aleksandra Sokolovskaya. Son père était le professeur Platon Volkov. Elle s’est suicidée à Berlin en 1933, persécutée par les hommes de main de Staline et isolée par le rideau de fer du fascisme en Allemagne. Son père fut également assassiné en Sibérie en 1936 par les sbires de Staline.
Aleksandra, la grand-mère, arrêtée en 1935 par la police secrète du GPU, a été vue pour la dernière fois dans un camp de travail à Kolyma en 1937. La trace de la sœur de Sieva, Alexandra Volkov, s’est perdue dans les brumes des purges staliniennes. Son oncle, Léon Sedov, bras droit de Trotsky, est assassiné à Paris en 1938.
Sieva est alors laissé à la charge de Trotsky et de sa femme Natalia Sedova après une longue bataille judiciaire.
Esteban Volkov a vécu les deux tentatives d’assassinat de Trotsky et a vu son grand-père mourir lors de la seconde tentative des agents staliniens. Il était le seul survivant de la famille de Léon Trotsky.
Entre autres actions, après l’assassinat de son grand-père, Sieva, resté vivre Mexico, a entrepris une lutte tenace pour la défense de la mémoire de son grand-père et a consacré sa vie à consolider le musée Léon-Trotsky de Coyoacan. Ce musée occupe la maison où Trotsky a été assassiné. La maison fut transformée en musée public le 21 août 1990 et est gérée par une association dont Esteban était membre.
Récemment, il avait mené une campagne internationale de signatures contre une production Netflix intitulée “Trotsky”. Il avait alors déclaré : “Une série diffusée par Netflix intitulée “Trotsky”… Le personnage qui y est dépeint n’a rien à voir avec mon grand-père. Il est à des années-lumière de ce qu’était réellement Trotsky. Mon grand-père était une personne très attentive, cordiale, avec un caractère admirable, toujours avec un grand sens de l’humour et entièrement dédié à la défense de la classe ouvrière.”
Esteban Volkov Bronstein a poursuivi une carrière scientifique, a été un grand photographe, s’est marié et a eu quatre filles.
Dans le documentaire d’Adolfo Garcia Videla, “My Memories with Trotsky, interview with Esteban Volkov”, il avait estimé que “le capitalisme a atteint un niveau d’exploitation, de destruction de la planète ; le marxisme est l’une des options qui existent”.
Les obsèques
Le corps d’Esteban Volkov a été inhumé au funérarium Gayosso, sur l’avenue Félix-Cuevas, à Mexico, lors d’une cérémonie qui a réuni les membres de sa famille ainsi que les amis proches. C’est un de ses petits-fils qui a prononcé son oraison. Il a évoqué des passages de la vie de Volkov avec sincérité, tristesse et fascination.
Ses paroles ont décrit un homme simple, joyeux, aimant les sorties et la famille, mais elles ont aussi montré un homme, et au fond une famille, persécutés par des staliniens obsédés par l’élimination des hommes et des femmes qui avaient mené la révolution d’Octobre… et de ceux qui, après la montée du stalinisme, ont combattu dans les rangs de l’Opposition de gauche créée par Léon Trotsky.
Une délégation de l’Organisation socialiste des travailleurs (OST), section mexicaine de la IVe Internationale, était présente lors du dernier hommage au petit-fils du grand révolutionnaire. Une composition florale au nom de l’OST-IVe Internationale a été déposée autour du cercueil auprès duquel les militants se sont tenus pour rendre hommage au camarade Sieva, au son des accords de “L’Internationale” : “Debout les damnés de la terre, Debout les forçats de la faim (…), Groupons-nous et demain L’Internationale sera le genre humain.” »
Extraits d’une interview d’Esteban Volkov dans La Vérité, revue théorique de la IVe Internationale (septembre 2019)Le 28 mars 2019, notre camarade Xabier Arrizabalo a présenté son ouvrage intitulé « Les leçons de la révolution russe », à la maison-musée Léon-Trotsky de Coyoacan, au Mexique. A cette occasion, il avait réalisé pour La Vérité, le 30 mars, une interview d’Esteban Volkov, le petit-fils de Trotsky. La directrice du musée, Gabriela Perez Noriega, avait également participé à l’entretien. L’objectif de l’interview était de combattre, par son témoignage direct, le caractère grossièrement provocateur de la série « Trotsky », produite par la chaîne d’Etat russe RT, et diffusée internationalement par Netflix. La manipulation des faits est prouvée notamment par la manière dont elle traite l’assassinat de Léon Trotsky, comme Volkov l’explique en détail dans son interview, révélant la base fallacieuse sur laquelle repose toute la série : une falsification historique qui ne peut qu’obéir à la peur de Trotsky et, avec lui, de la révolution, qui reste une référence dans la lutte des exploités pour leur émancipation. Dans la série, la question de l’assassinat est une falsification monstrueuse uniquement sur le plan du contenu, mais nous pouvons dire que la manière d’agir est, sans exagérer, mafieuse, car elle va à l’encontre des pratiques les plus honnêtes dans le domaine journalistique, qu’il s’agisse de documentaires télévisés ou cinématographiques. Quels seraient les aspects les plus pertinents de cette manipulation historique du personnage de Trotsky dans la série ? Esteban Volkov : Eh bien ! j’ai à peine vu le premier chapitre que je me suis rendu compte que le personnage inoffensif et vulgaire qui représente Trotsky dans la série est à des millions d’années-lumière de mon grand-père, que j’ai connu personnellement. L’un des faits qui est vraiment un faux monstrueux est le meurtre. Un célèbre inspecteur de la police secrète mexicaine, Jesus Vasquez, était assis sur une chaise, jouant le rôle de Trotsky, et l’assassin lui-même, sous le nom de code Jackson (Ramon Mercader), tenant à la main un journal roulé, montrait à l’inspecteur comment il avait frappé Trotsky derrière la tête. Cette série, en revanche, présente la version que Staline souhaitait tant voir adopter par le gouvernement mexicain: l’assassinat résulte d’un face-à-face avec un partisan déçu et découragé de Trotsky. Finalement, ces deux Russes (Alexander Kotts et Konstantin Statsky, réalisateurs de la série, Ndlr) parviennent à satisfaire la volonté de Staline. En plus de tout le reste, ils ont ajouté un enchevêtrement de monstruosités et de choses absurdes. Ce qui est difficile à concevoir, c’est comment une société comme Netflix peut diffuser de telles contrefaçons et aberrations historiques, une irresponsabilité absolue. |