Les habitants de Gaza plongés dans la barbarie
A Gaza, dont les habitants ont été qualifiés d'« animaux » par le ministre de la Défense israélienne, le blocus total et les bombardements entraînent morts et désolation, rapporte la presse.
- Tribune libre

« Nous combattons des animaux », déclare le ministre de la Défense israélienne (Huffingtonpost, 10 octobre)
« “Pas d’électricité, pas de nourriture, pas de gaz, tout est fermé”, a déclaré le ministre de la Défense israélienne, les autorités confirmant quelques minutes plus tard l’arrêt de l’approvisionnement en eau de la bande de Gaza. Et Yoav Galant de se justifier en employant une formule choquante : “Nous combattons des animaux et nous agissons en conséquence.” (…) Minée par la pauvreté et le chômage, la bande de Gaza, territoire exigu où vivent entassés 2,3 millions de Palestiniens, est dépourvue de ressources naturelles.
Les habitants y souffrent d’une pénurie chronique d’eau et de carburant. Plus des deux tiers de la population dépendent de l’aide humanitaire, et autant de Gazaouis vivent sous le seuil de pauvreté. »
Bombes au phosphore (Le Monde, 10 octobre)
« L’armée israélienne a frappé avec des avions, des drones, mais aussi de la mer. Des sources locales à Gaza font état de l’utilisation du phosphore. A de nombreuses reprises, les avions israéliens ont lancé leur déluge de feu sans sommation. Samedi, dans la nuit, dix-huit membres de la famille Shabat ont été tués dans un bombardement, à Beit Hanoun, dans le Nord; chez les Kouta, douze personnes ont péri sous leur maison pulvérisée.
Dimanche, dans la soirée, et lundi matin, dix-neuf membres de la famille Abu Quta et dix-neuf personnes d’une autre famille, les Abu Hilal, dont des femmes et des enfants, ont été tuées à Rafah, dans le sud du territoire côtier. (…)
Environ 80 % de la population de Gaza est composée de réfugiés et de descendants de réfugiés, souvent originaires de l’est de l’enclave, là même où les combats se sont déroulés samedi et dimanche.
Une population qui en a été expulsée en 1948, à la création de l’Etat hébreu. En 2018, le rêve du « retour » était au cœur des marches pacifiques organisées le long de la clôture de Gaza. »
« Nous n’avons pas d’autres endroits où aller » (Franceinfo, 10 octobre)
« Maha Hussein : “C’est ironique et blessant d’entendre Benyamin Netanyahou dire aux Gazaouis de fuir leurs maisons. Nous n’avons pas d’autre endroit où aller, et il n’y a aucun endroit sécurisé à Gaza. Contrairement à Israël, nous n’avons pas d’abris anti-aériens”, dénonce-t-elle. (…)
Ahmed poursuit : “ Israël a colonisé notre terre. Les Israéliens ont contraint une partie de notre peuple palestinien à l’exil, une autre partie vit marginalisée, et une autre partie encore est ici à Gaza, sous blocus… On vit comme des bêtes. Certains d’entre nous sont devenus des monstres. Et lorsque ces monstres s’attaquent à leur créateur, on se demande pourquoi?
Ensuite, ils nous qualifient de terroristes, de tueurs d’enfants et de civils”, dénonce Ahmed. (…)
“C’est l’occupation et l’injustice qui génèrent toutes ces violences, explique le jeune homme. Ils disent que la terre ici n’appartient pas aux Palestiniens. Soit. C’est la terre sacrée des enfants d’Israël. Dieu lui-même leur a ordonné d’y vivre. Et nous alors? On est bons à jeter? On ne pourrait pas tous vivre ici ensemble, en paix?” »
95 % de l’eau à Gaza n’est pas potable (Franceinfo, 10 octobre)
« L’enclave palestinienne, sous un strict blocus depuis 16 ans, voit sa situation s’aggraver drastiquement par l’annonce d’un “siège complet” par les autorités israéliennes.
“Il n’y a pas d’eau au robinet. On n’a qu’une heure dans le meilleur des cas, mais ce n’est pas suffisant pour remplir les citernes. Les compagnies de désalinisation d’eau ne travaillent plus parce qu’il n’y a pas de sécurité. On ne peut pas faire circuler les camions pour acheter de l’eau.” (…)
Alors que 95 % de l’eau n’est pas potable à Gaza, difficile ces jours-ci d’acheter les quelques litres d’eau désalinisée qui restent. Sans courant, le traitement des eaux usées ne fonctionne plus, tout comme les pompes à eau pour remplir les réservoirs. Jusqu’à présent, les Gazaouis avaient, dans le meilleur des cas, six à huit heures d’électricité par jour. Désormais, c’est entre deux et trois. Des coupures qui les isolent du reste du monde.
A Gaza, l’unique centrale électrique ne peut plus fournir les habitants et il manque déjà du fioul pour alimenter les générateurs. Mohamed Abu Selmiyeh, directeur d’un hôpital pédiatrique, s’inquiète pour les milliers de blessés. “Cela aura bien sûr de graves répercussions sur la situation sanitaire, notamment dans les situations d’urgence”.»