Biden a reçu Xi Jinping en Californie
Le 15 novembre, les présidents des deux plus grandes puissances économiques se sont rencontrés pour la première fois, à San Franciso.
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La veille de cette rencontre, le New York Times résume ainsi la relation commerciale entre les deux pays : « Les États-Unis et la Chine – les deux plus grandes économies mondiales – sont interdépendants. […] Apple produit la majorité de ses iPhones en Chine, même s’il a déplacé une part de sa production en Inde. Une marque chinoise, CATL, est le plus gros producteur mondial de batteries pour les voitures électriques, et des entreprises chinoises dominent le raffinement de minéraux critiques utilisés dans ces produits, comme le nickel. […]
Les fabricants de puces informatiques, comme Intel, Micron ou Qualcomm, tirent près de deux tiers de leurs revenus de ventes et d’accords de licence avec la Chine. […] Et pourtant, la perspective que leur schisme politique perdure altère les chaînes de production mondiale. Au lieu de se reposer sur la Chine comme usine du monde, les entreprises cherchent de plus en plus à se diversifier. […]
Mais de nombreux produits manufacturés dans des pays autres que la Chine contiennent toujours de grands volumes de pièces et de matériaux produits en Chine. »
La venue de Xi Jinping aux États-Unis entrait dans ce contexte, et un dîner de gala, avec un ticket d’entrée à 40 000 $, était d’ailleurs organisé avec les représentants de grandes entreprises américaines (notamment Apple, Microsoft, mais aussi Boeing), comme le rapporte le Wall Street Journal du 17 novembre. La volonté de rompre cette dépendance de l’économie américaine à l’industrie chinoise s’est exprimée par des sanctions économiques imposées par les États-Unis sur les produits chinois. Elle a aussi pris la forme de tensions militaires dans tout l’océan Pacifique, amenant à des incidents réguliers entre navires des deux flottes.
Mais, comme l’explique un éditorial du Wall Street Journal, les deux présidents ont besoin, pour l’instant, de faire baisser un peu la pression : « M. Xi a besoin d’investissements étrangers et de marchés d’exportation pour atténuer les effets du crash immobilier et de la dette excessive qui ralentissent l’économie chinoise. […] M. Biden veut adoucir les relations pour éviter une nouvelle crise sécuritaire dans un monde qui en a déjà trop. Avec les guerres en Ukraine et au Moyen-Orient et des trouble-fête en Russie et en Iran qui suscitent les troubles, le président veut mettre la Chine au frais – au moins jusqu’à sa réélection, l’an prochain. »
Reprise du dialogue entre les deux armées
Le principal résultat de ces discussions a été la reprise du dialogue entre les deux armées, à tous les niveaux de la chaîne de commandement, dans le but d’éviter tout escalade militaire qui partirait d’un incident isolé entre deux bâtiments militaires dans le Pacifique. Alors que le contentieux concernant l’île de Taïwan, toujours considérée par Pékin comme partie intégrante de son territoire, a été ravivé par une visite l’an dernier de Nancy Pelosi, alors présidente démocrate de la Chambre des représentants, et par l’annonce d’importantes livraisons d’armes militaires américaines.
Le Wall Street Journal, voix traditionnelle du capital financier américain, conclut son éditorial déjà cité : « Le dirigeant chinois est décidé à reprendre Taïwan au cours de son mandat, et M. Biden a montré peu d’empressement à consolider la dissuasion militaire de l’Amérique en Asie-Pacifique. Le déclin de la dissuasion américaine a laissé croire aux canailles du monde qu’il peuvent prendre avantage de voisins plus faibles, en Europe et au Moyen-Orient. Espérons que M. Biden envoie un message plus sévère à M. Xi, et le presse rapidement en déployant plus de puissance. » Pour l’impérialisme américain, une fois les situations de l’Ukraine et du Moyen-Orient réglées, la cible à moyen terme est la Chine.