Guadeloupe : 50e anniversaire de l’UGTG

Message du Comité international contre la répression (pour la défense des droits syndicaux et politiques) à Maïté Hubert M’Toumo, secrétaire générale de l’UGTG et à tous les militants.

Maïté Hubert M’Toumo, secrétaire générale de l’Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG) (photo AFP)
Par > Communiqué
Publié le 9 décembre 2023
Temps de lecture : 3 minutes

Chère Maïté, chers camarades,

Dans des dizaines de pays, sur tous les continents, les peuples se mobilisent pour la défense du peuple palestinien écrasé sous un déluge de bombes. (…)

Avec les travailleurs, avec les peuples, avec les militants de la paix, nous exigeons l’arrêt du massacre, l’arrêt immédiat des bombardements, la levée du blocus de Gaza. (…)

Le 2 décembre 1973, il y a cinquante ans, l’UGTG était constituée. À l’appel de l’Union des travailleurs agricoles (UTA) et de l’Union des paysans pauvres de Guadeloupe (UPG), les délégués rassemblés à Baie-Mahault, décidaient de déployer leurs efforts pour faire de l’UGTG une puissante organisation de classe et de masse, dirigée par la classe ouvrière.

L’appel, lancé pour cet objectif, fixait bien les termes de la lutte : « Il est inévitable que la lutte des classes devienne plus aiguë et plus acharnée. Les ouvriers luttent contre la classe des capitalistes, les paysans contre la classe des propriétaires fonciers, les employés et fonctionnaires contre les capitalistes et l’État, l’ensemble du peuple contre l’État qui opprime. » (…)

La constitution de l’UGTG c’est six ans après le massacre de mai 1967. La grève des ouvriers du bâtiment va être le prétexte d’une répression inouïe de la part de l’État colonial qui va organiser une chasse à l’homme afin de terroriser les militants et la population.

Plusieurs dizaines de morts parmi les jeunes, les travailleurs, les militants et une récompense pour les principaux responsables de ces assassinats. Pourtant, mai 1967 et la terreur que cela a produit n’a pas pu empêcher les travailleurs de Guadeloupe de construire leur syndicat.

Et, il y a l’année 2009, la grève générale de 44 jours, au cours de laquelle l’UGTG a joué son rôle fédérateur de toutes les couches opprimées, structurant le combat de tout votre peuple contre la « pwoftiasyon ». Produit de ce puissant mouvement, structuré par le mouvement syndical, le peuple et ses diverses organisations enfantent le LKP1Collectif contre l’exploitation outrancière..

LKP, enfant de la grève générale, vivant et bien ancré dans la conscience populaire.

Votre XVe congrès au Lamentin a réaffirmé clairement la nécessité du « Kas Kôd », de la rupture avec le système de domination et le XVIe congrès, au Bouliki, a été un élément décisif de la résistance du collectif de lutte des organisations contre l’obligation vaccinale, la réintégration du personnel suspendu pendant plus d’un an et demi.

C’est ainsi qu’au fil des années, l’UGTG a créé de nouvelles bases syndicales, a bâti de nouvelles unions professionnelles. Durant cette dernière période, la violence gouvernementale a redoublé contre vos militants ; contre Claudine, Gaby, Eli, Didier et bien d’autres, sans oublier les provocations contre la jeunesse. (…)

Force est de constater que, grâce à la combativité de l’UGTG, à l’unité des organisations syndicales et aux campagnes de solidarité internationale, les procès en sorcellerie, jusqu’à présent, ont échoué et ont même connu un flop retentissant. L’UGTG est debout ! Mis en échec, l’État colonial français n’a pas renoncé.

Depuis plus de vingt ans, nous n’avons cessé de combattre côte à côte. Nous avons été heureux et fiers d’accueillir à Paris, il y a quelques mois, une délégation de l’UGTG.

Cette rencontre s’est inscrite dans la constance des campagnes de solidarité internationale, des meetings avec Elie Domota, Charly Lendo et Maïté, en France, de la participation aux procès de Michel Madamassy, Jocelyn Leborgne, Elie Domota, Gaby Clavier face à la répression coloniale. Ainsi, au-delà de nos histoires singulières, nous sommes liés – depuis des décennies – par ces combats communs qui, aujourd’hui, nous font agir contre les guerres, pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, pour en finir avec la tutelle écrasante des impérialismes et avec tout ce que la survie du système implique. (…)

Chère camarade Maïté,

Comme nous nous y sommes engagés, lors de votre venue à Paris, notre comité sera présent à votre prochain congrès, en juin 2024.

Pour le bureau du Cicr, Gérard Bauvert, journaliste honoraire – président d’honneur du Cicr

Gérald Fromager, syndicaliste, président du Cicr

Miguel Martinez, syndicaliste, universitaire – secrétaire du Cicr