La Grèce est désormais le « meilleur soldat de l’Otan »

Dans cette tribune libre, nous donnons la parole à Panayotis Xoplidis, membre de la commission internationale du Nar (Courant nouvelle gauche) et militant syndicaliste sur la situation en Grèce et la guerre contre le peuple palestinien.

A l’occasion de la commémoration de l’insurrection des étudiants de l’université polytechnique contre la dictature en 1973, des milliers de manifestants ont défilé à Athènes le 17 novembre 2022 contre la guerre, contre la es bases de l’Otan (Photo
Par Panayotis Xoplidis
Publié le 24 décembre 2023
Temps de lecture : 3 minutes

Je viens de la ville de Salonique où, il y a plus d’un siècle, a été créée la première organisation syndicale et socialiste des Balkans, qui s’est appelée la Fédération. Au début du XXe siècle, Salonique était une ville multiculturelle de l’Empire ottoman. Le premier journal de la Fédération était édité en quatre langues différentes, le grec, le turc, l’hébreu et le bulgare, afin d’unir les travailleurs de la ville.

Malheureusement, plus d’un siècle plus tard, en Grèce, de nombreux syndicats ne permettent pas aux travailleurs précaires de participer à leurs activités. Les immigrés et les jeunes travailleurs, qui travaillent le plus souvent dans des conditions précaires et flexibles, sont exclus des syndicats !

À cause des mémorandums UE-FMI et de la crise économique, les travailleurs sont plus pauvres, les systèmes de santé et d’éducation se sont totalement effondrés.

Un demi-million de personnes ont quitté le pays pour travailler à l’étranger. Mais même avant la crise, à l’époque de l’intégration de la Grèce à l’UE/zone euro, pendant une période de « croissance économique », les travailleurs étaient confrontés à une redistribution provocatrice des richesses en faveur des riches, à la hausse du chômage, à la flexibilité.

Je suis secrétaire général de l’Union des travailleurs des librairies et des maisons d’édition. Les travailleurs de ce secteur n’ont plus de contrats collectifs de travail. Le travail en équipe de 8 heures a été aboli.

Nous avons le « choix » de travailler soit 4 heures par jour pour un salaire de 400 euros par mois. Ou de travailler 10 à 13 heures par jour, sans temps libre, sans vie privée, sans liberté. En fait, notre seul « choix » est de vivre comme des esclaves modernes du XXIe siècle.

Le gouvernement de Syriza a été dévastateur pour le mouvement ouvrier.

La Grèce a été le premier pays d’Europe à avoir un gouvernement de « gauche radicale », un gouvernement qui s’est complètement soumis à l’UE et au FMI, promouvant des réformes néolibérales. Ce n’était ni une surprise ni une trahison, car Syriza a toujours été un parti pro-UE et n’a jamais vraiment remis en question les accords avec la troïka : UE-FMI-Banque centrale européenne.

Unir le mouvement antiguerre et la lutte pour la justice sociale

Mais le gouvernement Syriza a également été catastrophique parce qu’il a aligné la Grèce sur tous les États impérialistes, les États-Unis, l’UE, la France, l’Otan et Israël. La Grèce est historiquement un pays pro palestinien, mais aujourd’hui nous vivons une guerre de propagande de masse en faveur de l’État d’Israël. La raison en est que la Grèce a signé un accord avec Israël et la junte militaire égyptienne de Sissi pour étendre les zones économiques exclusives (ZEE) en Méditerranée orientale, à la recherche de gaz et de pétrole.

La Grèce est désormais le « meilleur soldat » de l’Otan. Le gouvernement de droite de la Nouvelle Démocratie a signé un nouvel accord concernant les bases militaires de l’Otan afin de promouvoir les guerres en Ukraine et en Palestine.

Les bases de l’Otan en Grèce ont déjà été utilisées pour des interventions et des bombardements en Yougoslavie, en Libye et en Syrie.

Aujourd’hui, les bases de l’île de Crète sont utilisées pour aider Israël dans son génocide à Gaza, tandis que les bases du nord de la Grèce servent de plaque tournante pour le transport d’équipements militaires vers l’Ukraine.

Les syndicats, les collectivités étudiantes et la gauche anticapitaliste organisent le mouvement anti-guerre en Grèce. Le 17 novembre, à l’occasion du 50e anniversaire du soulèvement des étudiants de l’école polytechnique contre la junte militaire dirigée par les États-Unis, de grandes marches ont été organisées à Athènes et dans de nombreuses villes grecques.

La manifestation d’Athènes s’est dirigée vers les ambassades des États-Unis et d’Israël, où des dizaines de milliers de manifestants ont brandi des drapeaux palestiniens.

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, et maintenant à Gaza, des manifestations ont été organisées devant les bases des États-Unis et de l’Otan pour demander que la Grèce ne participe pas aux guerres impérialistes.

 

Appel pour le blocus de la société israélienne Zim

Le 20 décembre, le collectif formé par des syndicats de marins, de travailleurs grecs appelle à un rassemblement sur le port du Pirée devant le siège de la compagnie maritime israélienne Zim pour le blocus des livraisons à destination d’Israël.

Cette initiative en Grèce est prise dans le cadre de la campagne internationale « de solidarité avec le peuple palestinien des syndicats et collectifs de travailleurs » pour exiger l’arrêt de l’approvisionnement militaire et commercial de l’État d’Israël, qui commet un génocide à Gaza.