Lettre ouverte de 700 artistes et techniciens de Hollywood à leurs syndicats

Aux Etats-Unis, ces travailleurs syndiqués de l'industrie du cinéma exigent que « (leurs) dirigeants publient une déclaration publique appelant à un cessez-le-feu permanent (en Palestine), à la libération de tous les otages. »

(photo AFP).
Par > Communiqué
Publié le 20 septembre 2024
Temps de lecture : 3 minutes

À l’attention de la direction et du personnel de notre guilde

Suite à la déclaration de solidarité du SAG-AFTRA avec Israël à propos du 7 octobre, de nombreux membres du SAG-AFTRA et de ses organisations sœurs ont observé avec horreur la guerre de punition collective menée par le gouvernement israélien contre la population civile de Gaza, tuant plus de 40 000 Palestiniens, en blessant plus de 90 000 autres, déplaçant de force 2 millions de personnes et ciblant ouvertement les membres de la presse et leurs familles.

Alors que l’armée israélienne poursuit son assaut sur les « zones de sécurité », les écoles et les hôpitaux, et que les civils de Gaza meurent de faim, de déshydratation et du manque de fournitures médicales et de carburant, les principaux groupes de défense des droits de l’homme ont qualifié ces actes de crimes de guerre, d’atrocités contre les droits de l’homme et même de génocide. L’Onu a décrit Gaza comme un « cimetière pour enfants » et estime que d’ici la mi-juillet « la moitié de la population – plus d’un million de personnes – pourrait être confrontée à la mort et à la famine ». Pour l’instant, il n’y a pas de fin en vue – seulement l’escalade, la mort et la destruction.

Malgré ces violations flagrantes des droits de l’homme et l’occupation par Israël de la terre et des vies palestiniennes depuis des décennies, nos dirigeants syndicaux sont restés silencieux. Ainsi, ils ont mis des conditions à la condamnation des atrocités et au choix des vies innocentes que nous décidons de pleurer.

De plus, le SAG-AFTRA et presque toutes nos organisations sœurs sont restées silencieuses face aux attaques flagrantes et sans précédent contre la liberté de la presse, notamment le ciblage et le meurtre délibérés de journalistes palestiniens et de leurs familles par l’armée israélienne.

Le Comité pour la protection des journalistes a déclaré que la guerre contre Gaza était « la période la plus meurtrière pour les journalistes couvrant le conflit depuis que le CPJ a commencé à suivre la situation en 1992 ». Certains de ces journalistes étaient membres d’organisations de presse dont les personnels américains sont représentées par des contrats négociés par le SAG-AFTRA.

Alors que le SAG-AFTRA a publié une déclaration publique au début de la guerre en Ukraine exigeant que « les journalistes de toutes les nations travaillant dans la zone de guerre soient protégés », ses mots sonnent désormais creux s’ils ne s’appliquent qu’à certains journalistes de certaines identités.

Le 13 décembre 2023, les forces israéliennes ont attaqué le Freedom Theatre dans le camp de réfugiés de Jénine et ont kidnappé plusieurs de ses membres – des collègues acteurs et réalisateurs, qui ont appelé à la solidarité des travailleurs du théâtre du monde entier.

Les syndicats palestiniens ont appelé à la solidarité internationale des travailleurs, nous rappelant que « la lutte pour la justice et la libération des Palestiniens est un levier pour la libération de tous les peuples dépossédés et exploités du monde. »

Les syndicats du monde entier ont entendu cet appel, y compris les principaux syndicats australiens, britanniques, belges, indiens et américains.

Le 15 novembre, le syndicat qui est notre homologue en Grande-Bretagne, Equity UK, a appelé à un cessez-le-feu immédiat et durable, déclarant : « Nous adressons notre solidarité aux artistes palestiniens qui souffrent dans les conditions horribles créées par les bombardements, l’occupation et l’apartheid israéliens. »

Depuis lors, l’UAW a appelé à un cessez-le-feu et annoncé la formation d’un groupe de travail sur le désinvestissement et la transition juste ; l’Animation Guild (IATSE Local 839) est devenue le premier syndicat hollywoodien à appeler à un cessez-le-feu à Gaza ; cinq des dix plus grands syndicats et fédérations américaines ont officiellement appelé à un cessez-le-feu, dont la NEA (National Education Association), le SEIU (Service Employees International Union) et l’AFL-CIO. Des syndicats représentant collectivement une majorité de travailleurs organisés aux Etats-Unis ont formé le National Labor Network for Ceasefire. En juillet, sept grands syndicats représentant plus de six millions de travailleurs ont publié une lettre au président Biden exigeant un embargo sur les armes contre Israël. (…)

Nous, membres soussignés de SAG-AFTRA, IATSE, WGA, Teamsters, DGA, AEA, AFM, Hollywood Basic Crafts, CSA, PGA et d’autres, exigeons que nos dirigeants publient une déclaration publique appelant à un cessez-le-feu permanent, à la libération de tous les otages – tant palestiniens qu’israéliens, et au financement et à la livraison immédiats de l’aide humanitaire désespérément nécessaire; à dénoncer le ciblage et le meurtre de civils palestiniens innocents, de travailleurs de la santé et de nos collègues journalistes ; à condamner la répression maccarthyste1Dans les années cinquante, le sénateur américain McCarthy a défendu une politique de harcèlement systématique de tous les Américains pouvant être liés de près ou de loin au communisme et à l’URSS. Des milliers de fonctionnaires ont été licenciés, accusés à tort ou à raison d’être liés au PC. Des centaines d’Américains ont été jugés, certains condamnés à des peines de prison. À Hollywood, les grands studios ont établi des listes noires d’acteurs, de réalisateurs, de techniciens soupçonnés de sympathies communistes (dont Chaplin, pour n’en citer qu’un), et les ont interdits de travail.de notre industrie contre les membres qui reconnaissent la souffrance des Palestiniens; et à éliminer tout doute sur notre solidarité avec les travailleurs, les artistes et les peuples opprimés du monde entier.

En solidarité,

Membres de la SAG-AFTRA et de la Guilde sœur pour le cessez-le-feu