« Affaires courantes » ?

Les gouvernements démissionnaires se suivent et se ressemblent. On se souvient de l’été dernier… Il en est de même pour le gouvernement censuré de Michel Barnier censé « gérer les affaires courantes », il n’en prend pas moins des décisions qui sont loin d’être innocentes.

Dans la manifestation du 5 novembre, à Toulouse (photo Jean-Marc Barrère / Hans Lucas via AFP)
Par Gabriel Caruana
Publié le 11 décembre 2024
Temps de lecture : 2 minutes

Les gouvernements démissionnaires se suivent et se ressemblent. On se souvient que l’été dernier, alors que Macron refusait de nommer Lucie Castets Première ministre, Gabriel Attal le démissionnaire signait à tour de bras des décrets pour prolonger les décisions de son gouvernement rejeté.

Il en est de même pour le gouvernement censuré de Michel  Barnier censé « gérer les affaires courantes », il n’en prend pas moins des décisions qui sont loin d’être innocentes.

Le 5 décembre, la journée d’action dans la Fonction publique mobilisait 200 000 agents, au lendemain de la censure du gouvernement qui prévoyait 4 000 suppressions de postes d’enseignants au budget. Mais le budget tombé, le ministère de l’Education nationale n’en décide pas moins que pour le concours de 2025 de professeurs, il y aura près de 5 % de postes en moins ouverts au concours. Affaires courantes ?

A la Sécurité sociale

De même à la Sécurité sociale, sont annoncés ces derniers jours, sur décision de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) et du gouvernement, la fermeture d’un centre de santé dentaire à Corbeil et deux plans de licenciements collectifs dans les centres de santé de Stalingrad et de Réaumur à Paris. Continuer d’attaque la Sécu est sans doute une « affaire courante » pour ces gens-là, les mêmes qui décident de ne pas ouvrir de négociation salariale… au prétexte de l’absence de gouvernement.

D’ailleurs, dans la même veine, ce gouvernement démissionnaire avait prévu que soit soumis au conseil commun de la Fonction publique du 11 décembre le projet de décret baissant la rémunération des contractuels en cas d’arrêt de maladie alors que le budget instaurant cette forfaiture cristallisant la colère des fonctionnaires a été rejeté et censuré. Il a fallu la pression des syndicats pour que ce point soit retiré de l’ordre du jour du conseil.

Sensible également au rapport de force, à France Travail, sous la tutelle directe de l’Etat, le directeur général annonçait au matin de la grève du 5 décembre une aumône de 1,73 % pour tenter de désamorcer la colère alors que le gouvernement était tombé la veille.

Et c’est face à la colère des ambulanciers sur le déremboursement de certaines prises en charge que le directeur général de la Cnam, nommé par le gouvernement, a finalement décidé de prolonger la convention 2024 et de ne pas appliquer la mesure prévue au défunt « budget » de la Sécurité sociale.

Voilà pour quelques affaires courantes du gouvernement. Il continue à décider et il est même capable de reculer en fonction des mobilisations. Voilà qui bat en brèche le prétexte avancé par moult dirigeants syndicaux pour ne pas appeler, voire suspendre, toute mobilisation au-delà de la journée d’action rituelle du 5 décembre. Il n’y aurait pas, paraît-il d’interlocuteur…

Les mêmes ministres qui s’essuyaient les pieds sur les revendications syndicales avant d’être censurés (drôles d’interlocuteurs !) continuent tant qu’ils le peuvent leurs mauvais coups.

Heureusement, depuis le 5 décembre, des initiatives revendicatives, des grèves, se multiplient dans le pays souvent avec les syndicats, les unions départementales et fédérations et même la population. Nous sommes avec eux. Par leur propre action ils affirment, comme le fait la France insoumise : « Pas de magouilles, pas de trahison, nous restons campés sur nos revendications et nos intérêts vitaux ! »