Conférence de Mexico : vers une journée continentale, en mars 2026, pour le droit à migrer
Réunis à Mexico, les 26 et 27 septembre, 120 délégués de sept pays des Amériques ont décidé de convoquer une journée continentale d’action pour le droit de migrer, dans tous les pays de l’hémisphère, au cours de la deuxième semaine de mars 2026.
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Les 27 et 28 septembre, à Mexico, la conférence continentale pour le droit de migrer et en défense de la souveraineté a réuni 135 délégués venus de six pays des Amériques – États-Unis, Mexique, Brésil, Guadeloupe, Guyana, Colombie. La participation de l’Équateur a été bloquée : l’Assemblée nationale de ce pays a qualifié la présence du député Jaime David Estrada Medranda de « défavorable ». Les délégués du Pérou et du Venezuela n’ont pas obtenu de visa.
La conférence s’est tenue dans les locaux du Situam, le Syndicat national des travailleurs de l’Université autonome métropolitaine.
Pour le journal O Trabalho, René Munaro (Centrale unique des travailleurs – Cut – Brésil) et Arnulfo Obregon Valverde (coordinateur du Mouvement progressiste alternatif et membre du Pacte historique, Colombie) ont envoyé leurs contributions après la conférence.
« Cette politique d’expulsion crée des problèmes sociaux majeurs dans les pays d’origine »
« La lutte pour le droit à la migration, aujourd’hui reconnue comme un droit humain, a toujours été une des revendications fondamentales du mouvement ouvrier. Le “libre-échange” a offert au capital la liberté de franchir les frontières nationales. Les multinationales déplacent usines, capitaux et marchandises d’un pays à l’autre sans restrictions. Pourtant, les travailleurs, eux, n’ont pas ce droit. Leur mobilité est contrôlée par les intérêts des capitalistes et de leurs gouvernements. Les travailleurs migrants sont enfermés par des murs, des prisons et des lois anti-immigration. Refuser le droit à la migration, c’est renforcer les barrières utilisées par la bourgeoisie pour diviser les travailleurs et empêcher leur unité internationale – mais aussi freiner l’unité au sein même des pays qui reçoivent ces migrants. Cette politique d’expulsion crée des problèmes sociaux majeurs dans les pays d’origine, où l’émigration est souvent la seule échappatoire à la misère causée par l’ordre impérialiste déclinant. La lutte pour le droit à migrer fait donc partie intégrante de la lutte contre l’exploitation capitaliste. La défendre, c’est revendiquer que tout travailleur, quelle que soit son origine, ait la possibilité de s’organiser, de vivre dignement, et de lutter collectivement. En dernière analyse, la migration cessera d’être un drame lorsque ses causes profondes – guerres, misère, inégalités et exploitation – auront été éradiquées. En attendant, la défense intransigeante du droit de migrer reste une revendication essentielle, au même titre que le droit à l’organisation syndicale, le droit à des conventions collectives et le droit d’apprendre la langue du pays d’accueil. Il revient donc aux travailleurs et aux peuples de mener ce combat, et la conférence continentale a représenté une avancée dans cette direction. La journée continentale prévue pour mars 2026 aura pour phase préparatoire la tenue d’activités dans chaque pays. Au Brésil, cela inclut des audiences publiques, des réunions syndicales, ainsi que des actions des mouvements des droits humains et populaires. » |
« Les migrants subissent des abus graves, extorsions, enlèvements, violences »
« On peut constater qu’il existe une résistance en Amérique latine et dans le monde face aux pratiques criminelles impulsées par l’impérialisme nord-américain contre les migrants de tous les pays. Ces personnes, confrontées à la persécution, à l’insécurité sociale, à l’absence de droits, voient dans le rêve américain une ultime solution pour leur famille, un espoir de survie économique et sociale. Mais la réalité à laquelle nos compatriotes sont confrontés est bien différente : ils subissent des abus graves, extorsions, enlèvements, violences dans un environnement hostile, où l’absence de statut légal les rend vulnérables à tous les dangers. Ce que nous voyons, c’est un conflit ouvert entre États et capitaux, en particulier à travers l’offensive militaire, diplomatique et économique des États-Unis, qui cherchent à conserver leur hégémonie déclinante, à soumettre la Chine, l’Europe et d’autres rivaux. En particulier, ils recourent au chantage militaire et économique, comme l’imposition de tarifs douaniers dépassant 50 %, pour faire plier les gouvernements progressistes d’Amérique latine, les forçant à des reculs sociaux et à des concessions, au nom de la lutte contre le narcotrafic. Cela va jusqu’à imposer des relations bilatérales déséquilibrées, voire l’intervention militaire directe, comme le déploiement de forces hostiles dans les Caraïbes, violant ainsi la souveraineté des pays latino-américains. Nous concluons que notre rôle est de faire entendre nos voix à travers les médias, la presse, la radio, la télévision et les réseaux sociaux, par des marches pacifiques pour exprimer notre rejet et notre indignation. » |

« La militarisation s’est intensifiée, et les migrants sont devenus des boucs émissaires dans le discours politique »
« Nous faisons face à une réalité très dure. Aux États-Unis, comme dans bien d’autres pays, la droitisation de la politique est manifeste. La militarisation s’est intensifiée, et les migrants sont devenus des boucs émissaires dans le discours politique. Cette stratégie s’est avérée efficace, car elle a semé la peur dans des secteurs de la classe ouvrière, les poussant à percevoir les migrants comme une menace. Ce projet a été mené principalement par la droite républicaine, mais les démocrates n’en sont pas exempts : eux aussi ont adopté des discours de fermeture des frontières et de culpabilisation des migrants. Ce phénomène n’est pas nouveau. C’est le résultat de décennies de contradictions du modèle néolibéral, qui a privé la population de ressources pour les transférer à l’oligarchie. Au lieu de s’attaquer à ces injustices, on blâme les populations vulnérables. Depuis la création du département de la Sécurité intérieure en 2003, après les attentats du 11 septembre, nous assistons à une répression croissante. Le narratif de la “guerre contre le terrorisme” a servi à criminaliser les migrants, en particulier les musulmans et les Latinos. Les techniques de répression ont été perfectionnées : autrefois, seules les personnes sans papiers étaient visées ; aujourd’hui, plus aucun migrant n’est en sécurité, même avec un statut légal. Notre plateforme politique repose sur l’accès aux droits fondamentaux pour tous : éducation, emploi, santé et vie digne, sans exclusions. Nous savons que nos luttes sont liées à la guerre, à la crise climatique et à d’autres urgences, qui forcent des millions à quitter leur foyer, pour ensuite être blâmés pour cela. Je conclus en affirmant que ces attaques se généralisent. Là où il y a des militants, là où nous avons des élus municipaux, nous défendrons les migrants. C’est un combat de longue haleine. » |
« La lutte doit se mener à l’échelle de tout le continent »
![]() « Ce qui nous a unis, c’est la nécessité de lutter pour le respect du droit de migrer et des droits des migrants. Et cette lutte ne peut pas être confinée à un seul pays : elle doit se mener à l’échelle de tout le continent américain, car les politiques de l’impérialisme américain, aggravées par le retour de Trump au pouvoir pour un second mandat, affectent tous les peuples et travailleurs du continent – y compris ceux des États-Unis eux-mêmes. Il faut être clair : l’impérialisme nord-américain impose – ou tente d’imposer – sa politique migratoire criminelle à tous les gouvernements, sur un ton de menace constant, incluant le recours à la force, même à l’intérieur des États-Unis. Hier même, alors que s’ouvrait cette conférence continentale, Trump a ordonné l’envoi de troupes à Portland, Oregon, pour réprimer ce qu’il qualifie d’“immigration irrégulière” et de “terrorisme domestique”. C’est la quatrième ville concer née, après Los Angeles, Le mouvement populaire, des travailleurs et de la jeunesse émerge en opposition à cette politique répressive. Je suis très optimiste quant à la possibilité, au niveau national et international, d’élargir la participation à cette initiative. Je ne pense pas, par exemple, que le peuple du Salvador soit satisfait de ce que fait Bukele pour complaire à Trump, avec cette prison de haute sécurité où sont détenus des migrants expulsés des États-Unis et originaires de plusieurs pays. Il a été proposé une journée continentale d’action en mars 2026, en défense du droit de migrer et des droits des migrants. Je pense que le comité organisateur mexicain de cette conférence devrait accepter la tâche de continuer à coordonner les efforts. Cette journée continentale pourrait être accompagnée par les actions déjà menées depuis longtemps par les parlementaires migrants du parti Morena. À ce titre, je tiens à remercier chaleureusement la députée Magdalena Rosales, membre de Morena et du comité organisateur, pour le soutien inestimable qu’elle nous a apporté, sans lequel cet événement n’aurait pas eu lieu. Je souhaite également remercier le Situam, notre hôte principal, ainsi que toutes les organisations syndicales qui ont contribué à l’organisation et tous les participants. » |

« La terreur des gangs a poussé des millions de personnes à fuir leur territoire pour se réfugier ailleurs »
« D’abord, le Moleghaf salue avec joie la grande réalisation de la conférence continentale sur les droits des migrants qui a eu lieu les 27 et 28 septembre 2025, au Mexique, avec des délégués de six pays d’Amérique latine et des Caraïbes. De telles actions permettent d’accroître la solidarité entre les peuples et de lutter contre les politiques racistes, colonialistes et impérialistes. Comme la migration interne massive qui a entraîné l’aggravation de l’insécurité, la terreur des gangs a poussé des millions de personnes à fuir leur territoire pour se réfugier ailleurs, sans compter la pauvreté et le désordre politique qui règnent dans le pays. D’autre part, nous avons le problème de la migration externe. Les États d’autres pays renvoient des Haïtiens pour des raisons racistes. Nous pouvons constater deux cas enregistrés cette année. L’un concerne l’administration Trump, en rapport avec sa politique anti-migrants qui a chassé des Haïtiens et d’autres peuples venant de divers pays d’Amérique latine, comme la Colombie, le Venezuela, le Mexique, etc. Et puis, notre voisin, la République dominicaine avec son président nationaliste zélé qui continue de repousser les Haïtiens de son pays. (…) Pendant ce temps, les États-Unis restent un rêve, un destin pour de nombreux Haïtiens vivant dans leur propre pays. Les mêmes facteurs existent pour la République dominicaine. (…) Lorsqu’ils retournent en Haïti, ils n’ont même pas accès pour acheter de la nourriture, de l’eau, sans parler de leurs vêtements. Pour les mêmes Haïtiens vivant dans leur pays, ils savent que c’est un droit que tous les Haïtiens ont, comme tous les autres peuples, de vivre librement dans n’importe quel pays où ils se trouvent. La politique de pression est davantage axée sur la continuité de la politique coloniale. Donc, pour les Haïtiens, la meilleure façon de résoudre ce problème est de déclencher une lutte sur le front contre l’idée du néocolonialisme. L’union entre le peuple haïtien, le peuple d’Amérique latine, des Caraïbes, pour qu’ils puissent obtenir de bons résultats, comme la lutte contre le génocide en Palestine, se soulever dans plusieurs endroits en Europe contre la militarisation et les guerres impérialistes. » |




