Alain Berthou vient de nous quitter
C’est avec une grande tristesse et consternation que nous avons appris le décès brutal de notre camarade Alain Berthou, militant de la IVe Internationale. Syndicaliste à la Sécurité sociale, et participant activement à la vie des structures de sa confédération, Alain aura été de ceux qui ont combattu, toute sa vie durant, et dans tous les sens du terme, pour la préservation de l’indépendance des organisations.
- France
Les obsèques de notre camarade auront lieu samedi 3 décembre à 8 h 30 au crématorium de Clamart (92). Nous invitons tous les camarades qui le peuvent à être présents pour lui rendre hommage.
Alain a 18 ans lorsqu’il intègre la Caisse d’allocations familiales de la région parisienne (Caf RP). Peu de temps après son em-bauche démarre la grande grève de 1978 des techniciens de la Caf RP, qui durera 69 jours. Quelques mois après cette grève, il adhère à la section FO de la Caf RP et devient rapidement un militant actif de la chambre syndicale des employés et cadres CGT-Force ouvrière des organismes de Sécurité sociale et Allocations familiales de la région parisienne.
Il intègre ensuite l’unité de gestion de Saint-Quentin-en-Yvelines et devient secrétaire de la section FO de la Caf des Yvelines après la départementalisation de la Caf RP en 1998, et le restera jusqu’à son départ en retraite.
Nombre d’entre nous l’ont croisé régulièrement dans les manifestations. Dès 1995, il est sollicité pour participer à la sécurité des cortèges syndicaux et fait partie de l’équipe autour du camarade Abdou pour assurer la protection de Marc Blondel, et depuis lors, celle de tous les secrétaires généraux de la Confédération FO.
Derrière son ton moqueur, le colosse savait se montrer protecteur et tendre
Alain était un militant bienveillant et attentionné à l’égard de ses collègues et de ses camarades. Le colosse qu’il était savait se montrer protecteur et tendre, derrière son ton moqueur, particulièrement vis-à-vis des camarades de la nouvelle génération.
Voici ce que des camarades qui l’ont bien connu disent à son sujet :
Ses seules qualités n’étaient pas seulement qu’il en imposait. Dans nombre de situations délicates qu’il comprenait parfaitement ou même à demi-mot, il avait cette intelligence de faire ressentir sa présence et sa force sans avoir besoin de l’utiliser.
« Toujours très impliqué dans la compréhension des événements, parfois même soudains et inattendus, il suffisait parfois d’un simple mot ou d’un regard pour saisir la bonne façon de faire. C’est même souvent lui qui donnait des clefs de la compréhension de l’événement. Son action et ses réactions ont toujours été avant tout celles d’un militant conscient de la cause des travailleurs et de l’organisation. Et s’il en ressentait la nécessité, il n’hésitait pas, sans entraver son action, à faire valoir ses doutes ou ses désaccords. Un authentique militant. »
Une autre :
Alain était de ces militants de terrain qui, le matin, pouvaient faire des tournées dans les services de sa Caf, prenaient le temps de débattre, avaient ce souci d’écouter les arguments avancés pour affûter les réponses et, l’après-midi, accomplissaient les tâches relatives à la sécurité des cortèges, et en particulier dans les carrés de tête, tout ça avec discrétion, sérieux et sang-froid que tous – mêmes dans les autres organisations – lui reconnaissaient.
Défenseur acharné de la Sécurité sociale et de la convention collective nationale du personnel
Militant fidèle et dévoué, défenseur acharné de la Sécurité sociale et de la convention collective nationale du personnel, conscient du caractère majeur de ces conquêtes ouvrières, Alain était convaincu de la nécessité de défendre, avec l’outil syndical, les conquêtes de la classe ouvrière.
Jusqu’à ses derniers jours, il continuait à aider ses camarades de la section syndicale de la Caf des Yvelines, section qu’il a toujours inlassablement contribué à construire. Il était d’ailleurs présent à la dernière assemblée générale de son syndicat, le 29 septembre à Mantes, et continuait de participer activement à l’activité et au développement de l’union locale FO de Mantes ainsi que de l’union départementale FO des Yvelines.
Militant de la IVe Internationale, on savait qu’on pouvait compter sur Alain
Alain était aussi un camarade qui a compté pour la IVe Internationale. Il était trotskyste, depuis plus de quarante ans.
C’est à l’occasion d’une assemblée générale de 500 grévistes, à laquelle il participait lors de la grande grève des Caf RP de 1978, qu’il rencontre les militants de la IVe internationale, qu’il rejoint au début des années 1980.
Quiconque a connu Alain dans le parti savait qu’il était « à cheval » sur le caractère organisé de nos tâches, en particulier sur les horaires des réunions, des rendez-vous politiques ou d’autres tâches qui impliquaient notamment des questions de sécurité.
Alain faisait partie des militants les plus dévoués : son dévouement ne procédait pas d’une fidélité béate à l’organisation, mais bien d’une compréhension des événements et donc des tâches.
Et à partir du moment où il avait dit « oui » pour telle ou telle tâche politique, on savait qu’on pouvait compter sur lui.
Dans la dernière période, Alain avait notamment participé, avec le comité POI des Yvelines, à la campagne électorale de la LFI-Nupes lors des législatives, plus particulièrement dans la 6e circonscription des Yvelines, où il a participé activement aux diffusions, réunions et autres événements en soutien à notre candidate, Mélinda.
Le militant ouvrier Alain Berthou était aussi un grand fan de rugby et ardent supporter du Stade toulousain dont il ne manquait pas de vanter les bons résultats.
En passant devant un centre de Sécu, un immeuble de la Caf, un stade de rugby ou en manifestant, nous aurons une pensée pour notre camarade Alain dont nous poursuivons le combat.
Nous adressons toutes nos condoléances et notre profonde sympathie à sa famille et à ses proches.
Nora Nidam, Mélinda Sauger, Malik Bine et Dan Moutot
Communiqué de l’union régionale Ile-de-France Force ouvrière (Urif-FO)Alain, c’était ce grand gaillard, toujours d’un grand calme lors des manifestations, qui vient de nous quitter. Tout le monde connaissait Alain. Toujours situé dans les manifestations dans le carré de tête derrière le secrétaire général de la CGT-FO et derrière moi, avec les autres copains, il assurait la sécurité et le faisait toujours pour que tout se passe au mieux.
Un humour au second degréDans ses échanges, il fallait bien le connaître car son humour au second degré pouvait en choquer quelques-uns, mais il savait immédiatement reprendre son sourire en direction de son interlocuteur pour lui faire comprendre que ce n’était qu’une plaisanterie. Sous des airs bourrus, il cachait une grande sensibilité qui le conduisait parfois à avoir la larme à l’œil et cela n’était pas simplement dû aux gaz lacrymogènes.
Toujours des lunettes, toujours des masques et des mouchoirs dans ses poches à distribuer à ceux qui portaient les drapeaux et participaient à la banderole de tête. Même dans ces moments et pendant les périodes d’arrêt de la manif, il ne manquait pas de parler de la Sécurité sociale, des problèmes qu’il pouvait rencontrer et la façon dont il allait les régler. Un vrai militant dans tout ce qu’il faisaitAlain était un vrai militant dans tout ce qu’il faisait, y compris quand nous nous croisions dans d’autres locaux. Là aussi et depuis bien des années, il portait ce en quoi il avait toujours cru et qu’il défendait avec acharnement en balayant d’un sourire ou d’un revers de main ce que certains pouvaient lui reprocher. Alain était un homme droit qui ne variait pas dans ses comportements. Il était attaché à tous ses engagements et aimait profondément, sans démonstration excessive, ceux qui militaient avec lui. Il respectait également ceux qui n’étaient pas obligatoirement d’accord avec lui mais était déçu lorsque ceux-ci n’avaient pas le même comportement à son égard. Il aimait particulièrement partager les mo-ments de convivialité d’après manifestation, d’après meeting, d’après réunion qu’il avait vécus avec nous.
En clair et comme on le dit souvent entre nous, c’était un vrai pote. Il nous laisse la peine dure à supporter mais il nous laisse surtout tout ce que nous avons vécu en commun et ça, ça ne s’oublie jamais. Salut Alain. Gabriel Gaudy, le 29 novembre |