La guerre commerciale américaine « jusqu’au dernier Ukrainien »
Pétrole et gaz de schiste texans contre gazoducs russes : telle est la véritable raison des provocations américaines, via l'Otan, pour, selon les termes de l'ex-ambassadeur américain Freeman, « combattre la Russie jusqu'au dernier Ukrainien ».
- Guerre, Ukraine
La hausse de 45 % en un an des produits sucrés, de 40 % sur la farine, 20 % sur les conserves de légumes, frappe les « premiers prix », ceux des distributeurs, ceux que doivent acheter les consommateurs les plus pauvres1« Panier de courses », Franceinfo (février 2023). Les premiers prix sont les « marques » des supermarchés. Les sucreries transforment les liquides à haute température. Le prix du gaz a été multiplié par trois ou quatre pour ces opérations.. Cause première : le formidable renchérissement de l’énergie imposé à toute l’Europe par la guerre commerciale américaine pour évincer le gaz russe et dominer sans partage ce marché décisif. Pétrole et gaz de schiste texans contre gazoducs russes : telle est la véritable raison des provocations américaines, via l’Otan, pour, selon les termes de l’ex-ambassadeur américain Freeman, « combattre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien ». Jusqu’en 2022, la plupart des Etats européens, de la Grèce à la Pologne, de l’Allemagne à la Hongrie se fournissaient à bas prix en Russie ; le gaz de schiste américain n’est pas seulement plus cher –, il doit être liquéfié (GNL), puis regazéifié, transporté par navire ; il est bien plus polluant – 2,5 fois plus d’équivalent CO2, quantités gigantesques de gasoil pour les navires, fuites de méthane…
Durant des années, après la fin de l’URSS, les plus hauts officiels américains ont admis que l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan était la « ligne rouge » à ne pas franchir2Kissinger (1997), McNamara (1997 et 2014), Kennan et 50 hauts diplomates américains (1997), William Burns, actuel directeur de la CIA (2008), Fionna Hill ex-conseillère de Bush et Obama (2008). Ces données ont été publiées sur le site LVSL le 5 mai 2022.. Le capital a tranché : le profit first, quel que soit le risque de guerre.
Le profit avec le sang ukrainien et russe, le profit sur la misère
Le 8 juin 2021, Blinken, au nom de Biden déclarait : « Nous soutenons l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan. » Le 10 novembre 2021, Blinken garantissait au gouvernement Zelensky armes, fournitures, experts, entraînements pour la guerre. Qui commençait trois mois plus tard, les oligarques russes défendant à leur tour leurs profits menacés. « Aubaine pour les Etats-Unis », « les Américains grands gagnants », titrent les journaux économiques. Le profit gagné avec la peau des autres, le profit avec le sang ukrainien et russe, le profit sur la misère, la souffrance des travailleurs de toute l’Europe, sur le pain et les factures des pauvres.
Deux cent milliards de bénéfices historiques sont empochés en 2022 par les capitalistes américains qui inondent l’Europe de gaz de schiste : Exxon, Chevron, TotalEnergies…
Comment ? Total est français, européen ? Total est capitaliste.
Depuis la préparation de l’offensive américaine, à partir de 2017, dans le sillage de Trump, Total a investi massivement dans le gaz de schiste, racheté frénétiquement des firmes au Texas, en Louisiane, en Californie, au Mexique, financé des terminaux de GNL. Un téléfilm d’Arte a montré des familles américaines attaquant Total pour défendre la santé de leurs enfants, anormalement nombreux à souffrir d’asthme (des forages en pleine ville…)3Le système Total, 8 novembre 2022..
Nous sommes pour l’Entente internationale des travailleurs et des peuples
En achetant votre pain demain, en payant vos factures exorbitantes, en serrant les poings face à la destruction de la santé publique, des services publics, pensez aux somptueux bénéfices de Total, le protégé de Macron, à la pointe de la guerre économique du capital, qui utilise le massacre guerrier comme moyen, les peuples comme instruments et chair à canon.
Sur les plateaux télévisés, les généraux, les perroquets médiatiques de l’Elysée parlent avec gourmandise, les yeux brillants d’excitation, des engins de mort perfectionnés pour « les conflits à venir » comme ils disent, les « prochaines guerres », pour lesquelles Macron programme 413 milliards.
Ils disent « nous », pour la France, la leur, celle de Macron, des riches, de Total Energies, celle du militarisme, celle des esclavagistes de la retraite à 64 ans ; ils prétendent nous mélanger à ce « nous » de l’Etat français vassal de Biden, au « camp » du capital américain et du Pentagone.
C’est le « nous » des massacreurs, des exploiteurs, des affameurs.
Nous sommes pour l’Entente internationale des travailleurs et des peuples.
La voie à suivre pour tout le mouvement ouvrier, tous les démocrates, avec les manifestants de toute l’Europe contre la guerre, une union départementale CGT l’indique avec ce mot d’ordre : « Pas un euro, pas une arme, pas un soldat ! Nous refusons de participer aux guerres impérialistes »4Voir l’affiche de l’UD CGT du Val-de-Marne, dans le précédent numéro de notre journal..
Le 25 février, les représentants du mouvement anti-guerre européen se réuniront à Paris pour discuter des moyens à mettre en œuvre pour stopper cette barbarie.