« Militant POI et fier de l’être, député LFI et fier de l’être »

Jérôme Legavre a pris part à la discussion de l'assemblée du POI, le 26 mars, à l'Espace Charenton, à Paris. Voici son intervention.

Jérome Legavre, militant POI et député LFI, à l'assemblée du POI à Paris, le 26 mars (photo Célia F.)
Par > Verbatim
Publié le 31 mars 2023
Temps de lecture : 14 minutes

Salut à tous mes camarades. Vous ne pouvez pas imaginer le plaisir que ça me fait de prendre la parole devant une assemblée POI.

Alors, ça ne vous a pas échappé, je suis depuis quelque temps député à l’Assemblée nationale, au cœur même des institutions de la Ve République. Et je dois dire que rien, a priori, mais vraiment rien du tout, ne m’y préparait parce que depuis que je milite, ça fait un peu plus de 25 ans maintenant. A vrai dire, j’ai surtout passé le plus clair de mon temps à sillonner en long, en large et en travers, le département où j’exerçais comme enseignant, dans l’Oise, pour réunir les personnels dans les établissements. Dans d’autres endroits aussi, mais d’abord et avant tout dans les établissements pour tenir et organiser des assemblées générales. Quand ça chauffait,  à mettre la grève ou à essayer de mettre la grève. Parfois avec succès. Pas toujours, mais parfois avec succès quand même.

Avec LFI, au coude à coude dans tous les combats

Et puis, comme militant du POI, avec tous les militants du POI, depuis 2017, je me suis engagé dans les campagnes de La France insoumise. D’abord dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon, que je vous demande de saluer parce qu’il est dans la salle et on le remercie de sa présence.

Et donc, depuis 2017, j’ai participé à la campagne des présidentielles de Jean-Luc puis aux campagnes des législatives. Ça a été dit avant moi par d’autres camarades : avec les autres militants du POI, on s’est retrouvé au coude à coude dans tous les combats qui n’ont pas manqué et qui ont rythmé le premier quinquennat de Macron.

Et donc, en toute logique, on s’est retrouvé à s’engager pleinement dans la campagne des présidentielles de 2022 sur l’orientation de rupture que Jean-Luc a incarnée. Nous avons pris, comme Parti ouvrier indépendant, la décision de nous engager totalement et d’être totalement partie prenante de l’Union populaire qui a été constituée fin 2022. Parce que, camarades, quand un mouvement de masse se construit sur une ligne de rupture, on ne regarde pas ailleurs, on y va à fond.

C’est ce que nous avons fait et c’est ce que nous allons continuer à faire.

Comme tous les militants du POI, je me suis engagé à fond dans cette campagne des présidentielles qui s’est traduite, ça a été dit, par les 8 millions de voix et 22 % au premier tour. Et on le sait tous et on en connaît les raisons : malheureusement, il s’en est fallu de quelques centaines de milliers de voix seulement pour qu’on ne soit, que Jean-Luc ne soit, au deuxième tour.

Quelques jours après le premier tour des présidentielles, je me suis vu proposer d’être investi candidat dans une circonscription, en l’occurrence la 12ᵉ circonscription de Seine-Saint-Denis. J’y reviendrai tout à l’heure. Circonscription où on pouvait l’emporter.

Alors là, je dois vous le dire, je suis littéralement tombé de ma chaise. Je me suis bien tenu, je ne l’ai pas montré, mais je suis littéralement tombé de ma chaise. Et puis on a discuté. Les discussions ont pris quelque temps, j’ai réfléchi. On a d’ailleurs tous réfléchi. Et puis on est arrivé à la conclusion que, après tout, étant donné tout ce qui avait été fait, le jeu en valait la chandelle et que ça valait vraiment le coup d’aller jusqu’au bout.

Au terme d’une campagne menée tambour battant – mais comme toutes les campagnes qui ont été menées dans le cadre de ces législatives -, j’ai été élu dans cette 12ᵉ circonscription de Seine-Saint-Denis.

Macron, une bombe sociale sociale contre la population

Camarades, cette circonscription a une particularité, si on peut dire – elles en ont toutes – : parmi les villes qui composent cette circonscription (et je salue les camarades qui viennent de cette circonscription et qui sont présents aujourd’hui), il y a notamment Clichy-sous-Bois et Montfermeil. C’est de ces deux villes dont sont parties les émeutes en 2005. Vous vous rappelez : deux adolescents qui fuyaient la police s’étaient réfugiés dans un transformateur et y avaient perdu la vie. Eh bien, dans l’une de ces deux villes, à Clichy-sous-Bois, 42 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.

Et ça, c’est la conséquence directe des politiques menées depuis des années et des années par les gouvernements successifs et que le gouvernement de Macron aggrave dans des proportions absolument considérables.

J’ai rencontré l’autre jour, comme député, la déléguée du préfet pour l’arrondissement de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil. Elle ne s’est pas payée de mots. Voici ce qu’elle me dit : Monsieur le député, je tiens à vous alerter sur deux points en particulier.

Le premier, c’est l’état de santé physique et mental de la population, à commencer par la jeunesse qui est percutée de plein fouet. Et elle me dit que tous les signaux sont au rouge. Et elle ajoute ensuite : il n’est pas exagéré de parler de détresse alimentaire pour toute une partie de la population.

Oui camarades, c’est la situation dans laquelle nous sommes, c’est la situation à laquelle la population de ces quartiers populaires sont aujourd’hui confrontés.

Il a été question de la guerre. Et justement, je voudrais y revenir rapidement.

Parce que pendant que dans ma circonscription, par exemple, à la rentrée prochaine, le gouvernement prévoit de fermer 16 classes à Clichy-sous-Bois, alors que dans ma circonscription, l’hôpital de Montfermeil est à l’os (ça n’est pas propre d’ailleurs à cet hôpital) :  90 lits sont fermés parce qu’il manque 60 postes d’infirmières.

Et vous imaginez les conséquences que vont avoir ces mesures sur la population de ces deux villes dont je viens de vous parler. Eh bien, au même moment, le gouvernement de ce pays décide d’affecter 413 milliards pour l’armée, 413 milliards pour les dépenses militaires et pour la guerre. Alors camarades, c’est l’économie de guerre dont Macron parle sans cesse parce que c’est lui même qui le dit.

J’attire votre attention sur le fait que depuis quelques jours, depuis quelques semaines même d’ailleurs, la presse regorge d’articles qui nous expliquent en long, en large et en travers qu’il n’y aurait pas d’autre solution que d’engager ce pays sur la voie d’une économie de guerre.

Mais camarades, l’économie de guerre, c’est très concret : ça veut dire que tout, absolument tout, doit être subordonné aux impératifs militaires, aux impératifs de la défense, donc aux impératifs de la guerre.

Et pour qu’il y ait les 413 milliards pour l’armée et pour la guerre, eh bien tout le reste, les hôpitaux qui sont à l’os, l’école publique qui est en train de s’effondrer, tout cela doit être sacrifié. Voilà la situation. Et vous imaginez bien que dans une circonscription comme celle où j’ai l’honneur d’être élu, les conséquences sont un véritable désastre social.

La réalité, c’est que ce que Macron, qui se pose aujourd’hui en défenseur de l’ordre, prépare, est une véritable bombe sociale. En réalité, le chaos, c’est lui. Le chaos, c’est Macron, c’est sa politique et son gouvernement.

L’Assemblée nationale sous les institutions de la Ve République

Alors maintenant l’Assemblée nationale. Je connaissais évidemment le caractère antidémocratique des institutions de la Ve République, d’une part en raison de mon appartenance politique, et puis parce que ce n’est pas la première fois que des gouvernements utilisent le 49.3. Mais enfin, je dois dire que, quand on y est directement confronté de l’intérieur, quand on est au cœur même des institutions – d’une certaine manière –, c’est quand même une autre histoire, particulièrement dans la période que nous vivons.

Parce que j’attire votre attention sur le fait que ce gouvernement, qui est au pouvoir depuis maintenant neuf mois (c’est court neuf mois), aura trouvé le moyen d’utiliser onze fois l’article 49.3.

J’aime mieux vous dire que quand vous examinez par exemple le budget de l’Etat (ce n’est pas rien le budget de l’Etat) et que l’article 49.3 est dégainé près de dix fois de suite, au bout d’un moment, ça fait quand même une drôle d’impression.

Juste une anecdote. Il se trouve que comme député, je fais partie de la commission des affaires culturelles et de l’éducation. Comme mes collègues, j’avais préparé au moment où a été discuté le budget à l’Assemblée nationale une série d’amendements, d’interventions, sur la question de l’école qui est par ailleurs un sujet que je connais un peu.

Eh bien, je n’ai pas eu la possibilité de défendre ces amendements.

Le budget de l’école, camarades, ce n’est pas n’importe quoi, c’est le premier budget de l’État. Eh bien, le budget de l’école n’a pas été discuté à l’Assemblée nationale. Pour une simple et bonne raison : l’article 49.3 a été dégainé avant même qu’on ait la possibilité de discuter et d’examiner le budget concernant l’école publique.

Voilà, quand vous y êtes confronté directement, ça fait tout drôle.

Je connaissais le 49.3. Mais je ne connaissais pas le 47.1, je l’ai découvert comme beaucoup. J’attire votre attention sur le fait que la réforme des retraites, ce n’est pas une petite réforme. Elle a été discutée en tout et pour tout en première lecture à l’Assemblée nationale, pendant neuf jours, neuf jours seulement. C’est le calendrier qui a été imposé par le gouvernement.

Le refus des guerres de Macron

Je donne un autre exemple. Il a été, et à juste titre, beaucoup question de la guerre. Et il a été évoqué mon vote contre la résolution sur la guerre en Ukraine et le vote du groupe LFI refusant d’approuver, refusant de marcher dans l’escalade guerrière que contenait cette résolution.

Cette résolution est bel et bien une résolution d’escalade guerrière.  Mon collègue Aurélien Saintoul, qui s’excuse de ne pouvoir être ici et qui a pris la parole pour le groupe, LFI à l’Assemblée nationale, a nettement caractérisé le contenu de cette résolution. C’est une résolution belliciste. C’est une résolution qui dit : il faut amplifier les sanctions contre la Russie, il faut amplifier les livraisons d’armes.

Et vous avez vu qu’aujourd’hui, on parle de livraisons de chars lourds, on parle de livrer des avions de chasse, mais bientôt ils vont nous parler de livrer des missiles et qu’il faut renforcer la place de l’Otan. Et je ne reviens pas sur ce qui a été dit avant moi, sur la nature de l’Otan qui est le bras armé de l’impérialisme américain.

Camarades, cette résolution qui nous engage quand même sur des questions vitales – parce que ce qui se passe aujourd’hui dans cette partie de l’Europe, étant donné les fous qui nous gouvernent et leur politique criminelle, peut à tout moment déboucher sur une situation totalement incontrôlable – cette résolution n’a même pas donné lieu à un véritable débat puisque seuls les orateurs de groupes pouvait s’exprimer.

Une discussion, enfin si on peut appeler ça une discussion, qui aura duré en tout et pour tout 1 heure ! Allez, admettons, 2 heures. Mais il en va ainsi de toutes les questions dès lors qu’elles touchent à l’armée et à la guerre.

La France, en ce moment même, est engagée un peu partout en Afrique. Où a été discuté l’envoi de soldats ? Où a été discuté l’engagement de la France avec les conséquences désastreuses pour les populations sur place ?

Où ? Pas à l’Assemblée nationale. Pour une simple et bonne raison : dans les institutions de la Ve République, le chef de l’État est le chef de l’armée. Et c’est lui qui décide et c’est lui qui décide seul.

Donc, quand vous êtes confronté à ça, effectivement, ça fait quand même un peu bizarre. Alors vous me direz dans cette situation : qu’est ce qu’il est parti faire dans cette galère, ce gars ? Alors on va regarder la situation parce que c’est encore le meilleur moyen d’avoir un élément d’appréciation.

Un groupe parlementaire qui refuse de jouer le jeu des institutions

Ça a été dit  : depuis le 19 janvier, appuyé sur l’unité syndicale qui s’est faite et qui tient en raison de la puissance de la mobilisation pour le retrait de la réforme des retraites, il y a eu une immense résistance, un immense refus qui s’exprime de mille et une manières dans ce pays, à commencer par la grève.

Et ça, bien évidemment, c’est le facteur central et c’est ça qui nourrit aujourd’hui une crise énorme. Mes camarades, dans ce cadre, nous (je dis nous, c’est à dire le groupe parlementaire auquel j’appartiens) avons joué et nous jouons un rôle et j’en profite pour saluer la présence dans cette salle (j’espère que je ne vais oublier personne)  de mes collègues Sophia Chikirou, Andrée Taurinya et Jean-François Coulomme, et je les remercie de leur présence. Vous pouvez les applaudir, ils en valent la peine. Et aussi  Carlos ( Martens Bilongo). Excuse-moi, Carlos !

Oui, nous avons joué et nous jouons un rôle parce que lorsque le gouvernement a annoncé la procédure du 47.1, nous avons pris une décision. Et pourtant, ça ne vous a pas échappé, les pressions n’ont pas manqué et même plus que les pressions : l’acharnement systématique bien évidemment des macronistes, mais pas qu’eux. Des pressions venues notamment des rangs du PS, du PC, des Verts qui trouvaient que quand même on ne s’y prenait pas comme il fallait et qu’on ne jouait pas le jeu, qu’on ne jouait pas le jeu de ces institutions.

Eh bien oui, nous n’avons pas joué le jeu de ces institutions parce que les mots ont un sens.

Nous sommes députés La France insoumise, nous sommes insoumis ! Cela a un sens et cela commence par dire à ces institutions, au carcan antidémocratique qu’elles imposent : nous ne marchons pas.  Et nous n’avons pas marché.

Nous avons pratiqué ce que fait chaque groupe parlementaire normalement constitué dans ce genre de cas : de l’obstruction.

 Il s’est passé quoi ? Vous l’avez tous vu, on est allé jusqu’à l’article 3 (du projet de loi). C’est-à-dire qu’au terme de cette procédure accélérée à marche forcée, ça ça plaît bien à Macron, il n’y a pas eu de vote sur le projet de réforme des retraites.  Et parce qu’il n’y a pas eu de vote, le projet n’a pas de légitimité parlementaire. Et cela s’est poursuivi au Sénat.

Vous avez vu comme moi, j’ai trouvé ça assez savoureux, que des sénateurs PS, PC et Verts (qui avaient été prompts d’ailleurs à nous critiquer dans des termes parfois pas très sympathiques), au bout du compte, parce que le 7 mars arrivait, que le 7 mars, il y avait un appel intersyndical lancé pour mettre le pays à l’arrêt, eh bien finalement, ils ont fait la même chose, contraignant du coup le gouvernement à déclencher la procédure du vote bloqué.

Et puis, après le vote bloqué, qu’est-ce qui s’est passé ? La résistance des travailleurs, la résistance de la population de ce pays, combinée à ce qui se passait au Parlement, a débouché sur le fait que Macron, qui ne voulait pas en arriver à cette situation, a été contraint de dégainer le 49.3. Vous avez vu comme moi à quel point, jusqu’au dernier moment, il a hésité. 

La presse s’est faite l’écho de la chronologie de ce qui s’est passé le jour où il déclenche le 49.3 : le matin, il réunit les ministres à 8 h 15, il dit : on va au vote.

Quelques heures après, la situation s’était retournée et il utilise le 49.3. Et donc renforçant la situation que je viens de mentionner, c’est à dire aucune légitimité démocratique, aucune légitimité parlementaire, aucune légitimité de que ce soit sur ce texte.

Et cela a été la même situation sur la question de la motion de censure. La motion de censure, vous l’avez vu, a échoué à neuf voix près. Neuf voix ! Ça en dit long quand même sur l’état de fragilité extrême de ce pouvoir, sur l’état de fragilité extrême de ce gouvernement.

Soutien inconditionnel et total à la grève

 J’ai connu par le passé des réformes du même type qui, lorsque le 49.3 était déclenché, lorsqu’une motion de censure échouait, eh bien tous les tenants de la légalité, en définitive, finissaient par expliquer qu’on ne pouvait pas faire autrement, qu’il fallait se résoudre à accepter cette situation parce qu’en dernier recours, c’est quand même le Parlement qui tranche. On n’est pas dans cette situation. Parce que le soir même du 49.3, qu’est ce qui s’est passé ? Les rues se sont remplies. Et le soir même de la motion de censure, ça s’est poursuivi.

Nous sommes dans une situation où il y a des manifestations pour les unes spontanées, pour les autres, organisées, qui ont lieu absolument tous les jours. Et on est dans une situation depuis le 7 mars où des secteurs entiers sont engagés dans la grève, sont engagés dans la grève reconductible pour faire reculer ce gouvernement.

Alors quel rôle on peut jouer ? Je pense que ce que je viens de dire nous donne une réponse. Nous ne sommes pas bien évidemment, nous, ceux qui peuvent déclencher l’extension et la généralisation de la grève qu’on appelle de nos vœux.

Mais on joue un rôle pour amplifier la crise, on joue un rôle pour la nourrir, pour conforter la mobilisation, amplifier la puissance de cette immense résistance et de cet immense refus dans la population.

Il y a une formule qu’emploie souvent la présidente du groupe parlementaire, ma camarade Mathilde Panot. Elle dit souvent :  « Nous ne sommes pas des députés comme les autres. » Et cela va continuer. Oui, nous ne sommes pas des députés comme les autres. Nous avons un pied dedans (et on voit bien comment) : de l’intérieur, on subvertit le jeu institutionnel. Et un pied dehors. Vous avez sûrement vu comme moi le nombre de députés LFI, et j’en fais partie,  et là, je les salue tous, qui, tous les jours sont sur les piquets de grève, y compris pour porter aux grévistes le produit des caisses de grève. Caisse de grève qui, je crois, a dépassé, pour ce qui est de la France insoumise, les 700 000 €.

Alors oui camarades, pour nous, c’est très clair, parce que nous sommes de ce côté là : soutien total et inconditionnel à la grève, à la grève des éboueurs, à la grève des travailleurs de l’énergie, à la grève des cheminots, à la grève des travailleurs de la RATP, des travailleurs des raffineries. Et j’en oublie…

Travailleurs que le gouvernement menace en ce moment même de réquisitionner et que parfois, sur certains dépôts, il réquisitionne. Alors bien évidemment, on ne va pas s’en remettre aujourd’hui à ce machin qu’est le RIP1Référendum d’initiative partagée (Ndlr). D’ailleurs, je dois l’avouer platement, j’y comprends rien. Si quelqu’un peut m’expliquer comment ça fonctionne ce truc, je suis preneur puisque je n’y comprends rigoureusement rien.

La seule chose que j’ai comprise, c’est que ça repousse tout aux calendes grecques. Mais les travailleurs de ce pays aujourd’hui ne veulent pas que ça soit repoussé aux calendes grecques. Ils veulent résoudre maintenant la question. Ils veulent trancher la question par la grève. Alors oui, camarades, soutien total à la grève. Et oui, ce que nous appelons de nos vœux, c’est que cette grève s’étende et qu’elle se généralise, même si ça ne dépend pas de nous. Alors, on va tout faire pour conforter ce mouvement.

Répression : le chaos, c’est Macron

Et je voudrais terminer sur un point parce que bien évidemment, tout le monde a bien compris que depuis le 49.3, on est entré dans une autre situation. Le 49.3 a été un facteur d’amplification considérable de la mobilisation.

Mais depuis le 49.3, il se passe également autre chose dans ce pays. Camarades, vous avez vu que tous les soirs maintenant, notamment à Paris, mais pas qu’à Paris, bien sûr, les manifestations sont réprimées, c’est une atmosphère de chasse à l’homme dans les rues.

Je ne sais pas après combien de centaines d’interpellations nous sommes rendus, interpellations totalement arbitraires, mais j’ai vu passer les chiffres.

Même pas 1% de ceux qui sont interpellés sont finalement poursuivis. La plupart de ceux qui sont interpellés sont les plus jeunes. Les rues sont nassées et les forces de police procèdent à ce qu’il faut bien appeler des rafles. Moi, j’ai eu l’occasion, comme d’autres députés LFI, de me rendre à plusieurs reprises la semaine passée à la porte de commissariats.

Vous savez qu’un député peut rentrer dans un centre de détention, ça fait partie de ses prérogatives, même si moi, je n’ai pas pu voir, en l’occurrence les gardés à vue dont on avait l’identité parce que parfois en face, ils ont beaucoup de ressources pour vous mener en bateau. Mais enfin, on a fait notre boulot.

Et devant un commissariat, je crois que c’était dans le 18ᵉ arrondissement, l’une des annexes du commissariat, c’était un bus cellulaire où s’entassaient 50 jeunes qui venaient d’être coffrés en pleine rue. Et ça, c’est tous les jours, camarades, tous les jours. Et s’ajoute à cela la violence absolument insupportable ordonnée par ce pouvoir. Parce qu’on parle des violences policières, mais les policiers ont des ordres et les ordres, nous savons qui les donne.

Les ordres sont donnés directement par le pouvoir. Vous avez entendu Macron ? Macron a dit : « Nous allons continuer et à marche forcée. »   Même seul, il prétend continuer, et à marche forcée. Et vous avez tous vu ce qui s’est passé hier à Sainte-Soline.  Les bras m’en tombent. Dans quel pays vivons nous ?

On dénombre, je crois, 500 blessés. Il y en a cinq qui sont en situation d’urgence absolue. J’ai vu les images de ces gendarmes sur des quads tirant au flashball sur la foule. Je sais, par mes collègues LFI qui étaient sur place, qui ont participé à une chaîne humaine pour protéger les blessés, que les secours ont eu les plus grandes difficultés à accéder au site, en tenant  tant bien que mal de prendre en charge les blessés.

Ils ont fait une chaîne humaine, ils se sont fait gazer. Mes camarades,  dans quelle situation vivons nous ? Macron est le premier responsable de cette situation Le responsable, c’est lui !

Eh bien, je disais tout à l’heure, il se pose en défenseur de l’ordre. Qui ne voit  une seule seconde qu’il y a là une stratégie délibérée d’un pouvoir qui choisit la stratégie de la tension, du pourrissement et du chaos pour mieux essayer d’apparaître comme le défenseurs, en quelque sorte, de l’ordre.

Eh bien, moi, je vous le dis, avec mes collègues, c’est une certitude : nous ne sommes pas de ceux qui allons accepter qu’au nom de la légalité du 49.3 et de ses institutions, on réprime, on nasse, on gaze, on matraque et on réquisitionne ceux du côté desquels est la légitimité.

Nous n’allons pas laisser faire. Vous l’avez compris, je suis militant POI et fier de l’être. Je suis député LFI et fier de l’être. Et comme mes collègues, je ne m’en remets pas à ces institutions qu’il s’agit de balayer. Et je suis convaincu que c’est des travailleurs et que c’est du peuple que viendra l’issue.

Oui, c’est la lutte. Tu as dit tout à l’heure, Mélinda : c’est la lutte de classe qui tranchera. Et vous l’avez compris, c’est de ce côté-là qu’on est. Et c’est cela qu’avec mes camarades, je m’emploie à nourrir.

Et je conclus sur la formule cette fameuse, cette formidable formule de Marx : « L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux mêmes. »

Camarades, plus que jamais, on continue.

(Les intertitres sont de la rédaction d’Informations ouvrières)

Pour voir et entendre la totalité des autres interventions à l’assemblée du POI

Introduction par Adrien Duquénoy, trésorier du Parti Ouvrier Indépendant
Pierre Compain, militant POI
Ophélie Sauger, députée suppléante LFI-NUPES et militante POI
Sevim Dagdelen, députée au Bundestag en Allemagne
Yan Legoff, rédacteur en chef d’Informations ouvrières, militant POI
José Nivoi, syndicaliste portuaire italien
François Livartowski, syndicaliste
Youssef Ben-Said, pour les Jeunes du POI
Jordi Salvador Duch, gauche républicaine de Catalogne, député aux Cortès
Melinda Sauger, membre du Conseil Politique de La France Insoumise, militante POI
Pierre-Olivier Poyard, Secrétaire national du Mouvement de la Paix
Litsa Frydas pour le NAR (Nouveau Courant de Gauche) en Grèce
Jérôme Legavre, député LFI-NUPES et militant POI
Jean-Luc Mélenchon