De Martine Froger à Fabien Roussel
La « socialiste dissidente » et le secrétaire national du PCF, ont un mentor en la personne de Bernard Cazeneuve qui prône une « gauche de gouvernement » avec un objectif qui les disposent contre la Nupes, contre la rupture avec la politique du gouvernement Macron.
- France
Martine Froger, « socialiste dissidente », vient d’être élue députée de l’Ariège contre la députée sortante LFI-Nupes, avec les voix des macronistes, des LR et du RN.
Fabien Roussel a été réélu secrétaire national du PCF lors du congrès qui vient de se tenir les 7, 8 et 9 avril. Mais malgré leurs parcours politiques différents, Martine Froger et Fabien Roussel ont beaucoup de points communs.
D’abord, ils ont un ami commun : Bernard Cazeneuve, Premier ministre de Hollande après avoir été le ministre de la police et des nasses de Manuel Valls. Pour Martine Froger, Cazeneuve est celui qui est venu la soutenir en Ariège, c’est son mentor.
Pour Fabien Roussel c’est celui avec lequel il faudrait réaliser l’unité. Cazeneuve avait d’ailleurs récemment déclaré : « J’ai rencontré Fabien Roussel en effet. J’ai pour lui de l’estime et nous partageons sur bien des questions les mêmes analyses. Je suis prêt, bien entendu, à poursuivre avec lui les échanges comme avec quiconque à gauche fait le constat des limites de la Nupes et souhaite une union de la gauche qui soit responsable et crédible. » (Le Parisien du mardi 4 avril.)
Ensuite, Martine Froger et Fabien Roussel sont reliés par une même hostilité à la Nupes et à LFI, c’est-à-dire à une « gauche de rupture ». Leur mentor, Cazeneuve, multiplie les initiatives en préparant des états généraux, mi-juin à Montpellier, avec pour programme « une gauche de gouvernement ». On a vu ce que c’était sous Hollande !
Pour Martine Froger, c’est son fonds de commerce, elle qui a été élue contre la député sortante Nupes.
Quant à Fabien Roussel, dont la candidature a empêché l’accession de Mélenchon au second tour de la présidentielle (il n’était pas le seul, d’ailleurs), il ne cesse de dire : « La Nupes, elle est dépassée. Il faut rassembler bien au-delà. »
C’est ce qu’il a martelé au congrès du PCF avec un refrain incessant contre LFI. Au point que des militants du PCF ont écrit, dans une tribune parue dans Le Monde, qu’ils disent redouter « un changement d’alliances politiques », une bascule « sur un axe politique privilégiant le centre-gauche, voire le social-libéralisme ».
Deux mondes…
Et, ceci expliquant cela, Martine Froger et Fabien Roussel ont un dernier point commun, et non des moindres.
Martine Froger, lors de la manifestation du 6 avril organisée dans le cadre de la journée nationale appelée par l’intersyndicale, en a été chassée aux cris de « casse-toi de là, dégage, tu n’as rien à faire ici ».
Une semaine plus tard, il est arrivé la même chose à Fabien Roussel lors d’une manifestation à Lille dont il a été chassé aux cris de « Et non Roussel, t’es pas un camarade ! ».
C’est un fait, pour les millions de manifestants, grévistes et bloqueurs depuis trois mois, Martine Froger et Fabien Roussel ne sont pas « des camarades ».
Et cette opposition s’est encore vue le 14 avril au soir :
– D’un côté, des milliers de manifestants se sont rassemblés place de l’Hôtel-de-Ville à Paris à l’appel des Urif (unions régionales Ile-de France) de toutes les organisations syndicales.
– De l’autre côté, à la même heure, se tenait un meeting dans une toute petite salle à moitié vide (la salle Jean-Dame, rue Léopold-Bellan, qui peut contenir au maximum 280 places selon le site de cette salle). Ce meeting était celui de cette « gauche de gouvernement » chère à Cazeneuve.
A la tribune, avec un représentant du PRG (Radicaux de gauche), on trouvait notamment David Assouline, sénateur PS de Paris et fervent soutien de Hidalgo-Cazeneuve-Martine Froger, et Ian Brossat, porte-parole de Fabien Roussel lors de l’élection présidentielle… mais pas LFI qui avait, à juste titre, refusé l’invitation. Oui, décidément, deux mondes que tout oppose…