France Inter : l’émission satirique « C’est encore nous » ne sera plus quotidienne
Le 10 mai dernier, a été annoncée la déprogrammation de « C’est encore nous », diffusée en semaine de 17 heures à 18 heures sur France Inter. Que l’on apprécie ou non l’humour de ces chroniqueurs, c'est une nouvelle atteinte à la liberté d’expression.
- Culture, Tribune libre et opinions
Dans cette émission, les chroniqueurs : Guillaume Meurice, Wally Dia, Aymeric Lompret et de nombreux autres, ne mâchent pas leurs mots. Ils expriment, sous une forme humoristique, nos colères, nos révoltes et nos indignations. Ils savent aussi saisir l’arrogance, la suffisance et parfois la bêtise crasse de ceux qui nous gouvernent, les ressorts d’un rire libérateur.
On se demandait comment une telle émission pouvait continuer à exister ? Surtout dans une radio où, comme dans tous les médias publics et privés, on distille tous les jours le message macronien.
Nous avons la réponse à notre question : la monarchie et ses courtisans ont fini par avoir la peau de l’émission. La nouvelle directrice de France Inter, Adèle Van Reeth, vient de supprimer ce rendez-vous quotidien. Dans la grille de l’an prochain, il devient hebdomadaire, le dimanche après-midi à 17 heures, période de la semaine où l’on écoute beaucoup moins la radio. Les fans inconditionnels1Une pétition contre la suppression de l’émission circule sur Internet et elle a déjà recueilli des milliers de signatures. ne manqueront certainement pas de se connecter au bon moment, mais peu de chance que les 1 250 000 auditeurs quotidiens retrouvent cet espace de liberté. Même ce léger échappatoire est de trop pour un régime qui tente de colmater la moindre faille de son armure rapiécée.
Moins d’un an après sa nomination, la directrice supprime « C’est encore nous »
Il n’est pas dans les habitudes de notre journal d’examiner la vie personnelle de ceux qui prennent de telles décisions. En analyser les conséquences nous suffit pour les dénoncer (ici, comme avec les attaques contre la Ligue des droits de l’homme, la limitation du droit de manifester ou diverses autres actions scélérates, le gouvernement pratique la fuite en avant de la restriction drastique des libertés individuelles et collectives ; il fait trop chaud, cassons le thermomètre).
Mais attardons-nous un peu sur Adèle Van Reeth, directrice de France Inter. Elle s’avère être la compagne de Raphaël Einthoven, plus connu pour être un habitué des plateaux TV et zélé défenseur du régime que pour ses écrits philosophiques. En 2017, il qualifiait les abstentionnistes « de fainéants et d’ingrats ». En 2019, il décrivait la CGT mobilisée contre la réforme des retraites comme un « syndicat totalitaire ». En 2021, il a déclaré qu’en cas de duel Le Pen-Mélenchon au second tour de l’élection présidentielle, il voterait Marine Le Pen, sans hésiter, et, en 2022, il déclarait que son travail au sein du PS en 2003 était de dire du mal de Jean-Luc Mélenchon. Depuis 2017, il soutient inconditionnellement Macron ; avant, c’était Sarkozy, puis Hollande.
En 2022, à la surprise générale…
En 2022, à la surprise générale, sa compagne (productrice d’une obscure émission traitant de la philosophie sur France Culture), Adèle Van Reeth, est nommée directrice de France Inter et, moins d’un an plus tard, elle supprime « C’est encore nous ». Alors qu’il y a une concurrence féroce entre les deux premières radios du pays, France Inter et RTL, et que sur ce créneau horaire l’émission humoristique est proche de rattraper celle de la radio privée, mais elle a le grand défaut de laisser la parole à des personnes qui n’ont pas l’échine souple et ne savent pas se prosterner devant le monarque Moralité : ce gouvernement sait remercier ses courtisans méritants (voir l’article sur l’Etat mafieux) et eux, reconnaissants, savent très bien comment lui renvoyer l’ascenseur.