« Que cessent les politiques sécuritaires et antisociales »

Le gouvernement Macron précipite la population et la jeunesse dans un appauvrissement général.

Distribution de colis alimentaires pour des étudiants, novembre 2022 (AFP)
Par Bruno Ricque
Publié le 17 août 2023
Temps de lecture : 3 minutes

Lundi 14  août, le quotidien Aujourd’hui en France parle de « vents mauvais » et résume ainsi la situation : « En l’espace de quelques semaines, pour faire court, le prix de l’électricité a bondi de 10 %, celui des carburants a profité de l’été pour revenir à son plus haut, l’Insee a annoncé une inflation alimentaire à 12,7 % sur un an en juillet. »

Les jeunes et les populations les plus pauvres sont en situation très difficile. Et les « classes moyennes inférieures » sont aussi maintenant durement touchées.

Cette situation catastrophique est le résultat de décisions des gouvernements Macron successifs : refus de bloquer les prix et le montant des loyers, limitation des revalorisations du Smic, 6 millions de fonctionnaires perdant 4,5 % officiellement de pouvoir d’achat (1,5 % d’augmentation pour 6 % d’inflation générale), loi sur le « partage de la valeur » écartant la hausse des salaires… Et, dans le même temps, les services publics, les collectivités sont soumis à des coupes budgétaires terribles.

Quand Macron annonçait, en un claquement de doigts, 413 milliards sur 7 ans pour la guerre dans la loi de programmation militaire, le Haut Conseil aux finances publiques écrivait que « les autres dépenses de l’Etat (…) devraient ainsi baisser en volume pour respecter la trajectoire du projet de loi de programmation, ce qui impliquerait un effort de maîtrise important de la dépense publique ».

Gouvernance par le chaos

Le ministre Attal prépare une rentrée scolaire où le refus de recruter des enseignants formés en nombre conduira à confier des cours à des « non-enseignants ». Tout comme un décret du ministère de la Santé parle de confier l’accueil pour des urgences à des « non-soignants ».

Un journal a parlé pour Borne 2 de gouvernance par le chaos.

Comment ne pas voir que cette situation in-supportable est un des moteurs du rejet de ce gouvernement ?

Le gouvernement Macron, minoritaire, tient par la répression et le fonctionnement anti-démocratique de la Ve République. D’où l’écho qu’a reçu le Conseil d’Etat quand, le 11 août, il a suspendu la décision du ministre de l’Intérieur Darmanin de dissoudre les Soulèvements de la terre. A coup sûr un revers pour Darmanin.

Rappelons que le Conseil d’Etat et le Conseil constitutionnel ont joué précédemment un rôle bien docile au moment de la « réforme » des retraites pour valider l’attaque centrale du gouvernement et imposer les deux ans ferme, tout en émettant remarques ou critiques.

Il serait donc très risqué de confier la défense de « l’Etat de droit et des libertés » au Conseil d’Etat.

Déjà la mécanique de la Ve République cadre la suite : trois jours après la décision du Conseil d’Etat le désavouant, le ministre Darmanin annonçait sa candidature pour l’élection présidentielle de 2027. Après avoir fait le tour des commissariats pour encourager la répression, après s’être solidarisé avec le directeur général de la police qui exigeait que la police soit au-dessus des juridictions, M. Darmanin veut incarner le mot d’ordre martelé par Macron « l’ordre, l’ordre, l’ordre », c’est à dire le maintien de l’ordre et la restriction des libertés pour imposer chaos pour la population et profits pour les capitalistes.

« Un camouflet pour le gouvernement »

Néanmoins la presse officielle s’inquiète de la décision du Conseil d’Etat : « Un camouflet pour le gouvernement » (Le Figaro, 11 août), « un revers majeur pour Gérald Darmanin » (Le Monde, 12 août), « la décision du Conseil d’Etat fait figure de revers politique pour Gérald Darmanin » (Les Echos, 14 août). Ils comprennent l’élément de crise dans les institutions.

Ils savent que rien n’est réglé, le rejet, exprimé par les Gilets jaunes, le combat en défense des retraites, la révoltes des jeunes, est là et va chercher à s’exprimer à nouveau pour bloquer Macron et sa politique. Chaque initiative, regroupement, formulation en toute indépendance pour faire face à ce gouvernement destructeur a son importance.

Dans ce sens préparons les initiatives le 23 septembre en réponse à l’appel unitaire. Un appel à « se mobiliser ensemble dans la durée, pour que cessent les politiques sécuritaires et antisociales », « pour la fin du racisme systémique, des violences policières, pour la justice sociale et les libertés publiques ».