Gaza : les faits jour après jour après une quatrième semaine de bombardements

Informations du monde entier rassemblées par la rédaction d'IO du 1er au 7 novembre.

8 novembre. Camp de réfugiés de Khan Younès : un homme tente d’extraire les membres de sa famille ensevelis sous les décombres de leur immeuble suite à un bombardement. Des centaines de Gazaouis fuient la ville de Gaza pour aller vers le sud de la bande de Gaza (Photos AFP).
Par la rédaction d’IO
Publié le 9 novembre 2023
Temps de lecture : 9 minutes
1er novembre

– Depuis le matin tôt, nouvelle interruption totale de toutes les communications et de l’internet dans la bande de Gaza.

Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’Onu estime que les bombardements sur le camp de réfugiés de Jabaliya pourraient constituer « des crimes de guerre », « compte tenu du nombre élevé de victimes civiles et de l’ampleur des destructions ».

– Mohammed Abu Selmeya, le directeur de l’hôpital al-Shifa, le plus grand de Gaza,  lance un « dernier appel », prévenant que le générateur principal risquait de s’arrêter faute de carburant. Si tel est le cas, « la prochaine annonce sera la mort de bébés dans les couveuses, de malades sous respirateurs, en soins intensifs et dans les salles d’opération ».

La porte-parole de la Maison-Blanche a comparé les « manifestants anti-israéliens » – l’expression utilisée par le journaliste de Fox News dans sa question – aux suprémacistes blancs qui ont défilé à Charlottesville !

La police israélienne a confisqué aux étudiants de Jérusalem tous les manuels contenant le drapeau palestinien.

« La haine d’Israël et du Juif est l’aphrodisiaque de toutes les masses arabes. Je suis inquiet pour la France et la civilisation judéo-chrétienne », estime le député LR Meyer Habib sur i24News (31 octobre).

– Le sociologue Michel Wieviorka sur France Inter : « Vous pouvez avoir des gens qui sont antisionistes et qui ne sont pas antisémites. Tous les juifs de la diaspora n’étaient pas favorables à la création de l’Etat d’Israël, au départ ! »

La commission exécutive de la CFDT « appelle à se mobiliser pour la paix, dans le calme et le respect, en rejoignant les marches contre la guerre organisées partout en France ce samedi 4 novembre ».

– Le chef d’état-major Halevi aux combattants de Tsahal : « La guerre a un prix lourd et douloureux, mais elle est nécessaire. »

–  Les forces israéliennes ont ouvert le feu sur un bus de l’Onu transportant des civils du nord au sud de la bande de Gaza.

– Lors d’une descente de police dans un quartier juif de Jérusalem, visant à retirer des drapeaux palestiniens, la police israélienne s’en est prise violemment à des juifs ultra-orthodoxes qui expriment leur soutien au peuple palestinien.

– Des forces paramilitaires américaines du Forward Observation Group opérant en Ukraine sont arrivées à Gaza pour participer à la liquidation des Palestiniens. Pedro Diaz Flores, un Espagnol qui a combattu au sein de la division pronazie Azov, en Ukraine, est aujourd’hui à Gaza avec les forces israéliennes pour un salaire de 3 900 euros par semaine.

– Le porte-parole de l’armée israélienne : « L’armée bombarde désormais des cibles dans le sud de la Syrie. » L’armée israélienne a groupé des forces pour bombarder massivement le Sud-Liban.

Le ministère français des Affaires étrangères déclare, dans un communiqué, que « la France est profondément inquiète du très lourd bilan pour les populations civiles palestiniennes des frappes militaires contre le camp de Jabaliya ».

Réaction de Mathilde Panot (LFI) : « 25 jours de bombardements sur Gaza. Du phosphore blanc. 40 % des victimes sont des enfants. Et la seule réponse de la diplomatie française est de  “s’inquiéter” ? Ce communiqué est une honte. »

Jean-Luc Mélenchon reste le leader à gauche selon une enquête de l’institut Cluster17 pour Le Point, fait savoir l’hebdomadaire.

Selon l’agence de l’Onu pour les affaires humanitaires (Ocha), près de 2 000 Palestiniens ont été expulsés des territoires occupés par des colons depuis 2022, et 43 % depuis le 7 octobre 2023.

La violence en Cisjordanie occupée par Israël a atteint son plus haut niveau depuis plus de 15 ans ; selon Reuters, le gouvernement israélien a ordonné l’achat de 24 000 fusils pour armer les civils israéliens, y compris les colons.

2 novembre

– Des centaines d’écrivains et d’artistes juifs signent une lettre ouverte parue dans la revue américaine n+1 dans laquelle ils « souhaitent désavouer le discours largement répandu selon lequel toute critique d’Israël est intrinsèquement antisémite ».

Le ministre du Patrimoine d’Israël, Amichai Eliyahu : « Le nord de la bande de Gaza, plus beau que jamais. Bombarder et tout détruire, tout simplement un régal pour les yeux… le lendemain… nous distribuerons des parcelles à tous ceux qui se sont battus pour Gaza au fil des années. »

Le n° 2 du PS, Pierre Jouvet, déclare : « Mélenchon apparaît comme une personnalité plus effrayante que Le Pen. » (Interview au Figaro.)

Dans tout le pays, les appels locaux à manifester le 4 novembre se multiplient, comme par exemple en Loire-Atlantique, où les unions départementales CFDT, FO, CGT, CFTC, FSU, Unsa et Solidaires, dans un communiqué commun, en appellent « à l’arrêt des bombardements, au cessez-le-feu immédiat et à la levée du blocus contre Gaza ».

– Selon le secrétaire général de Reporters sans frontières, « l’Etat d’Israël devra assumer devant l’histoire la responsabilité de la mort de journalistes à une échelle inconnue au XXIe siècle » (L’Humanité). 34 journalistes sont morts depuis le 7 octobre.

« A Gaza, le début d’une phase encore plus terrifiante », titre Libération, rendant compte de nouveaux bombardements, la veille, sur le camp de réfugiés de Jabaliya, « provoquant d’énormes destructions ».

– Le ministère de la Santé à Gaza a annoncé jeudi qu’au moins 27 personnes avaient été tuées lors d’une frappe israélienne près d’une école de l’Onu dans un camp de réfugiés. Sur des images de l’AFPTV, on peut voir de nombreux corps ensanglantés gisant sur le sol devant l’école, dans laquelle s’étaient réfugiés de nombreux déplacés de la guerre en cours.

– En Cisjordanie, depuis le 7 octobre, près de 130 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens selon le ministère palestinien de la Santé. Environ 1 900 Palestiniens y ont été arrêtés.

Des experts de l’Onu, dont la rapporteure spéciale sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, estiment que le peuple palestinien « court un grave risque de génocide ».

– Sondage exclusif pour Les Echos : « Emmanuel Macron continue de pâtir d’une forte impopularité. » A 27 %, sa cote de confiance « reste lestée par les problèmes de pouvoir d’achat de nombreux Français et l’entrée en vigueur de la réforme des retraites ». Et le journal d’ajouter : « La guerre entre le Hamas et Israël et la récente tournée du président de la République au Proche-Orient auraient pu provoquer un sursaut dans l’opinion (…). Il n’en a rien été. »

3 novembre

– Une vidéo de l’AFPTV montre plusieurs corps et des blessés à côté d’une ambulance endommagée. L’armée israélienne confirme avoir ciblé une ambulance, « utilisée » selon elle par le Hamas.

Tirs israéliens sur l’Institut français de Gaza : la cheffe de la diplomatie française exprime « étonnement » et « incompréhension ».

Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien, a dit vendredi refuser « une trêve temporaire » avec le Hamas « sans la libération » des plus de 240 otages enlevés lors de l’attaque du Hamas et retenus à Gaza. 

– Peu avant, Antony Blinken, chef de la diplomatie américaine, en visite en Israël, avait affirmé avoir discuté avec M. Netanyahou de la possibilité de « pauses humanitaires » pour protéger les civils palestiniens.

Emmanuel Macron a annoncé vendredi la tenue d’une « conférence humanitaire » le 9 novembre à Paris. Il a estimé que « la lutte contre le terrorisme ne justifie pas de sacrifier des civils », et appelé à une « trêve humanitaire ».

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 14 hôpitaux sur 36 que compte la bande de Gaza ne fonctionnent plus.

Le Croissant-Rouge palestinien a fait état de frappes incessantes aux abords de l’hôpital Al-Qods, semant la panique parmi les 14 000 civils qui y ont trouvé refuge.

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a dit vendredi avoir discuté avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, de la mise en place de « pauses humanitaires », qui lui a opposé une fin de non-recevoir.

Des milliers de travailleurs palestiniens, incarcérés depuis près d’un mois par Israël, sont renvoyés à Gaza, sous les bombes. Certains tombent à genoux de fatigue et tous veulent montrer les stigmates de leur détention en Israël : poignets suppliciés, numéro attaché à la cheville.

La France a demandé vendredi des explications à Israël après une frappe ayant touché l’Institut français de Gaza, a indiqué le ministère français des Affaires étrangères.

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a redit vendredi, lors d’une nouvelle visite à Tel-Aviv, qu’Israël avait « le droit » et « l’obligation » de se « défendre » pour s’assurer que l’attaque du 7 octobre ne puisse « plus jamais se reproduire ».

Le chef du gouvernement irlandais, Leo Varadkar, a estimé que la réponse israélienne aux attaques du Hamas le 7 octobre ressemble à « quelque chose qui est proche de la vengeance ».

Jean-Luc Mélenchon sur X : « Netanyahou a bombardé l’Institut français de Gaza. Pourquoi ? Voilà ce qu’encourage le refus de condamner des crimes de guerre ! Macron et le groupe macroniste ont tout accepté. Mais quand Netanyahou voit un paillasson, il s’essuie les pieds. »

Elizabeth Throssell, porte-parole du Haut-Commissariat lors du briefing régulier de l’Onu à Genève, a déclaré que la situation en Cisjordanie occupée, y compris à Jérusalem-Est, est « alarmante et urgente parmi les violations croissantes (des droits humains, Ndlr) et de nature différente qui se poursuivent ».

4 novembre

En France, les organisateurs des manifestations pour un cessez-le-feu immédiat, l’arrêt des bombardements et la levée du blocus de Gaza ont dénombré 60 000 participants à Paris et des dizaines de milliers dans toute la France.

Des manifestations et rassemblements importants ont lieu partout dans le monde en soutien à Gaza : Oslo, Berlin, Edimbourg, Caracas, Tokyo…

L’Onu a condamné le bombardement contre une ambulance qui a fait quinze morts vendredi à Gaza, l’armée israélienne déclarant avoir visé des membres du Hamas utilisant le véhicule, ce qu’a démenti l’organisation islamiste palestinienne.

Le Croissant-Rouge palestinien a précisé que c’est l’un de ses véhicules qui avait été touché « par un missile des forces israéliennes » alors qu’il se trouvait à environ deux mètres de l’entrée de l’hôpital Al-Shifa, le plus grand de Gaza, où des milliers de déplacés ont trouvé refuge.

Le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est dit « profondément choqué », déclarant sur X que « les patients, les soignants, les établissements et les ambulances doivent être protégés en tout temps. Toujours ».

Les organisateurs d’une marche à Washington DC en soutien à Gaza ont revendiqué 300 000 participants, soit la plus importante manifestation pacifiste aux Etats-Unis depuis la guerre en Irak.

5 novembre

Des enfants ont allumé des bougies à l’hôpital de Al-Shifa, à Gaza, en mémoire des victimes : « Nous sommes les enfants qui ont surgi de sous les décombres. Nous sommes les enfants à qui vous avez fait ça. »

Au Liban, en quelques jours, il a déjà été dénombré un quart des morts qu’avait causés la guerre en 2006.

Israël a demandé à l’Inde des dizaines de milliers de travailleurs pour remplacer les travailleurs palestiniens dont ils ont annulé les permis de travail.

Au sud du Liban, une voiture avec à son bord une femme et ses trois enfants a été prise pour cible par un drone israélien. Le chef d’état-major israélien a déclaré que « l’armée est prête à passer à tout moment à l’offensive dans le nord », au nord d’Israël, c’est-à-dire au sud du Liban.

A Jakarta (Indonésie), une foule immense s’est rassemblée en soutien à Gaza.

Selon l’Observatoire méditerranéen des droits de l’homme, basé à Genève, Israël aurait largué plus de 25 000 tonnes d’explosifs contre la bande de Gaza depuis le 7 octobre, l’équivalent de deux bombes nucléaires.

6 novembre

Ahed Tamimi, cette jeune femme de 22 ans, très connue en Cisjordanie pour avoir giflé à 17 ans un soldat israélien, vient d’être à nouveau arrêtée.

Selon le Programme alimentaire mondial (de l’Onu), les stocks, de riz et d’huile par exemple, seront épuisés d’ici 1 à 3 jours à Gaza.

Selon le Financial Times, « l’économie israélienne est confrontée à une récession due à la guerre. Des centaines d’entreprises israéliennes sont menacées de faillite. »

L’Afrique du Sud rappelle tous ces diplomates en Israël.

Le célèbre journaliste israélien Ephraim Mordeshai a été arrêté après qu’il a déclaré avoir vu des corps de soldats israéliens entassés par dizaines et dizaines dans un hôpital à Tel-Aviv.

Plusieurs habitants juifs et arabes d’Israël se sont réunis dans une mosquée à Haïfa, pour la paix.

Les Etats-Unis annoncent avoir déployé plus de 17 000 militaires au Moyen-Orient.

L’Onu a déclaré que 88 de ses membres ont été tués à Gaza, ce qui représente le chiffre le plus élevé dans un conflit.

– Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré : « Gaza est devenu un cimetière pour les enfants. »

Les chefs des 18 agences de l’Onu ont publié une déclaration commune exigeant un cessez-le-feu immédiat.

Un employé du Musée juif de Berlin a été licencié pour avoir parlé d’apartheid en Cisjordanie.

Henry Laurens, professeur au Collège de France, spécialiste du Moyen-Orient, estime « qu’il n’y a pas d’occupation démocratique et pacifique, cela n’existe pas ».

Les dockers de Barcelone publient un communiqué « pour le boycott des transports d’armes et le cessez-le-feu ».

7 novembre

Walid Abudibaa, fondateur de la première école francophone de la bande de Gaza en 2016, est venu reprendre ses études à l’université de Lille, mais son échec à l’examen lui vaut aujourd’hui une obligation de quitter le territoire, c’est-à-dire de retourner à Gaza.

 L’ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin : « La force ne permet pas la sécurité d’un peuple. Ni la force, ni la vengeance n’assurent la paix et la sécurité. C’est la justice. »

Des centaines de Juifs américains se sont rassemblés, au pied de la statue de la Liberté, pour exiger la paix à Gaza.

Dernière minute (7 novembre)

Le président du Sénat Gérard Larcher et la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet appellent à l’organisation d’une grande marche « pour la République et contre l’antisémitisme » dimanche 12 novembre à Paris.

Jordan Bardella, président du RN répond : « Nous serons présents ».  Marine Le Pen y sera aussi.

Réaction de Jean-Luc Mélenchon : « Dimanche, manif de “l’arc républicain”, du RN à la macronie. Et sous prétexte d’antisémitisme, ramène Israël-Palestine sans demander le cessez-le-feu. Les amis du soutien inconditionnel au massacre ont leur rendez-vous. »