Une infirmière à Gabriel Attal : « L’hôpital est en train de mourir, vous en avez conscience monsieur le ministre ? »

Depuis un mois, il y a eu des mobilisations dans les hôpitaux, à Manosque, Digne, Chartres, Brioude (en Ehpad), Meulan en Yvelines (au service des urgences) …

Gabriel Attal et Catherine Vautrin face personnel du CHU de Dijon, le 13 janvier. (AFP)
Par Bruno Ricque
Publié le 21 janvier 2024
Temps de lecture : 3 minutes

La population se mobilise aussi, aux côtés des hospitaliers, comme à Bernay (Eure) ou Lannion (Côtes-d’Armor), contre les fermetures. D’autres mobilisations sont annoncées :

– au centre Hospitalier psychiatrique de la Sarthe (appelé EPSM), où les hospitaliers seront en grève massive le 16 janvier avec les syndicats FO et CGT ;

– vendredi 12 janvier, 60 hospitaliers de la psychiatrie de l’hôpital de Moulins-Yzeure (Allier) avec les syndicats FO et CGT ont tenu un piquet devant l’hôpital pour obtenir des effectifs, pour pouvoir poser leurs congés, et contre les fermetures de lits. Ils seront en grève illimitée à partir du 16 janvier ;

– les hospitaliers de Lorient, avec les syndicats CGT, CFDT, Sud et FA, ont déposé un préavis de grève du 15 au 20 janvier pour leurs revendications urgentes (voir ci-joint).

A chaque fois c’est la même exaspération des hospitaliers qui s’exprime devant des conditions de travail insupportables, les salaires qui reculent, la précarité qui s’aggrave, le refus des fermetures de lits et de service…

À chaque fois, des revendications très précises sont adressées aux directions et aux ARS. Lesquelles essaient de noyer le poisson en parlant de « dialogue social » et « d’écoute », quand elles ne mettent pas en avant leur impuissance à recruter.

Et surtout, ce qui s’exprime : il est temps d’agir, de manière unie, pour arracher les revendications, par la mobilisation, voire les blocages et la grève. Il est frappant que les personnels, sans miser sur des consignes venues d’en haut, réalisent souvent l’unité syndicale pour les revendications.

Dans cette situation, le Premier ministre Attal et sa sous-ministre Catherine Vautrin se sont rendus vendredi 12 janvier au CHU de Dijon pour, selon le journal Le Parisien « rassurer le monde de la santé ».

Les mensonges d’Attal/Vautrin

Une infirmière des urgences a accroché Attal : « L’hôpital est en train de mourir, je ne sais pas si vous en avez conscience ? » Qu’a répondu Attal ? Il a promis 32 milliards pour la santé sur 5 ans, et s’est émerveillé lui-même de son annonce. Attal, c’est un peu Pinocchio, plus il ment, plus sa com’ s’allonge.

Les annonces du Premier ministre n’ont pas émerveillé grand monde comme le reconnaissent les médias.

Eux-mêmes ont pu établir ce qu’il en est de cette prétendue enveloppe de 32 milliards sur 5 ans : « L’entourage de Gabriel Attal nous précise qu’elle correspond en réalité à la hausse du budget de la branche maladie qui a été adoptée dans la dernière loi de financement de la Sécurité sociale » (Le Parisien, 14 janvier).

Rappelons que ce budget, en régression si on tient compte de l’inflation, a été imposé à coup de 49-3. Les mensonges et la Com’ d’Attal ne dureront qu’un temps. Les médecins, les personnels hospitaliers, la population qui court après un rendez-vous médical retiendra surtout ce qu’Attal n’a pas dit.

Attal n’a pas dit :

– les 2 000 PADHUE (médecins étrangers exerçant dans les hôpitaux) qui sont en service, le resteront et voient leur situation régularisée ;

– les directeurs d’IFSI (écoles d’infirmières) recruteront des promotions d’élèves IDE et d’élèves AS en nombre illimité ;

– les facs de Médecine accepteront tous les bacheliers en 1re année et tous ceux qui réussiront l’examen de fin de 1re année seront retenus en 2e année sans numerus ni apertus clausus ;

– fermer ne serait-ce qu’un lit d’hôpital public est désormais interdit par la loi. Les Directeurs indiqueront à quel nombre et à quel rythme, ils comptent rouvrir les lits fermés ;

– l’hôpital Public est financé par la SS par le prix de journée.

 

Lannion (22) : Des milliers de manifestants pour défendre l’hôpital

Plus de 2 000 personnes ont manifesté samedi à Lannion (Côtes-d’Armor) pour défendre le service des urgences de l’hôpital, à l’appel du Comité de défense de l’hôpital de Lannion-Trestel avec comme mot d’ordre « Urgences en danger, ni régulation, ni fermeture ». Dans un communiqué, la députée LFI des Côtes-d’Armor Murielle Lepvraud a dénoncé les « politiques de régulation et de démantèlement de nos services publics de santé ».

« L’Agence régionale de santé envisage de fermer les urgences de l’hôpital de Lannion-Trestel la nuit, pour une période de six mois, de mars à septembre 2024. Cette décision mettrait en péril la vie des personnes en les contraignant à parcourir de longues distances pour recevoir l’assistance nécessaire », a-t-elle indiqué.

Correspondant