Des militants de seize pays réunis contre la guerre
« Nous agissons pour l’unité internationale des travailleurs et des jeunes pour imposer le cessez-le-feu et la réaffectation des budgets militaires aux besoins vitaux de la population, à l’école, aux hôpitaux, aux salaires et aux pensions. »
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Le Comité de liaison européen contre la guerre (CLE) s’est réuni, pour la première fois en présentiel le samedi 4 mai, à Paris.
Dans les locaux du POI, Adrien Duquesnoy a salué un par un les trente-quatre militants, d’Allemagne, de Belgique, du Danemark, d’Espagne, de Grande-Bretagne, de Grèce, d’Italie, de Norvège, du Portugal, de Serbie, de Roumanie, de Suède, de Suisse, de Russie, d’Ukraine, et de France.
Tous conscients de la gravité de la situation, et aussi de l’importance de tenir cette réunion.
« Ce n’est pas quand la guerre tue 1 000 soldats par jour, quand les libertés sont supprimées par la censure et la loi martiale qu’on peut combattre la guerre, c’est avant, quand on peut encore s’organiser, manifester. Cette fois, il faut les empêcher avant ! »
Gotthard Krupp, de la revue So.Po.De, l’un des coordonnateurs en Allemagne du CLE, a rappelé que ce comité, qui vise à relier des forces qui dans les différents pays s’opposent à l’escalade guerrière, s’est constitué le 30 septembre 2023. Son point de départ a été l’opposition aux gouvernements qui engageaient leur pays pour toujours plus de guerre en Ukraine, toujours plus de budgets pour la guerre, au détriment, des écoles, des hôpitaux, toujours plus de livraisons d’armes. Et maintenant des annonces pour se préparer à envoyer des troupes mourir au front. Ce front où selon diverses sources il y aurait déjà un million de victimes, tués ou blessés.
En Roumanie, en Russie…
Après le 7 octobre, le Comité de liaison européen contre la guerre a commencé très vite à mener campagne contre le génocide à Gaza, et le déchaînement d’Israël contre le peuple palestinien.
Un camarade roumain a dénoncé la construction dans son pays d’une nouvelle base de l’Otan, la plus grande en Europe (devant celle de Ramstein en Allemagne). Il a conclu par : « Je suis ici pour qu’on arrête cette guerre, cet énorme danger pour toutes les vies ».
Un camarade russe a expliqué que la dictature dans son pays utilisait les accusations de crime terroriste contre tous ceux qui ne se rangeaient pas derrière la guerre de Poutine. Des gens pour une simple blague sur les réseaux peuvent être emprisonnés pour des années.
4 000 personnes sont ainsi accusées de terrorisme. Il a dit : « Nos dirigeants ont peur. Et ils ont raison. Le peuple russe ne veut plus se battre. Pour arrêter ça, il faut parler aux soldats, pas aux gouvernements. Il y a une évolution incroyable dans la population. Il y a les femmes qui écrivent dans les réseaux sociaux contre la guerre… ».
Un camarade portugais du Bloc de gauche a expliqué les manifestations réunissant un million le 25 avril 2024 pour saluer les 50 ans de la révolution qui a mis fin à la dictature et aux guerres coloniales. Il a dénoncé le président du Conseil européen qui a expliqué : « Il faut se préparer à la guerre ». Il a salué les étudiants qui aux USA et en France se mobilisent pour l’arrêt du génocide à Gaza, et informé qu’au Portugal avec ses camarades ils avaient réuni 500 signatures contre la guerre et contre le génocide.
Un dirigeant pacifiste belge a pointé la responsabilité de l’Otan, force motrice pour la confrontation contre la Russie et demain la Chine : « L’Otan militarise le monde entier ». L’Otan se prépare à fêter ses 75 ans à Washington, il a informé qu’un contre-sommet se préparait les 6, 7 et 8 juillet pour dire « Non à l’Otan ».
Des rencontres à Oslo, à Belgrade programmées
Un camarade norvégien a dénoncé comment les USA avaient installé douze bases militaires en Norvège, contournant grossièrement la législation de la Norvège qui l’interdit. Situation rendue possible par le fait que tous les partis des « bleus » aux « rouges », de la gauche à la droite, avaient pris position pour la guerre. Il a déclaré : « Nous avons décidé de faire un nouveau parti qui mobilise contre la guerre, et pour la justice sociale ».
Un camarade anarcho-syndicaliste a expliqué l’importance du Comité constitué en Serbie contre la guerre en lien avec le CLE : « La population est très anti-Otan, très pro-palestinienne. Notre comité marche très bien car il rassemble des militants de toutes opinions ». Il a précisé : « La personne la plus puissante en Serbie est l’ambassadeur des Etats-Unis… On a dit souvent, nous avons des ennemis dans la maison, mais maintenant on est dans la maison de nos ennemis. Pour gagner, il faut s’unir. »
Après de nombreuses autres interventions, la rencontre européenne a discuté, amendé, puis adopté un appel (lire ci-dessous) et a programmé une rencontre à Oslo, puis une rencontre à Belgrade pour développer les liens pour ce combat.
Appel à l’initiative du Comité de liaison européen contre la guerre réuni le 4 mai avec des délégués de seize pays« Biden, Scholz, Macron, Sunak, Meloni,… Vos guerres c’est NON ! » « Vous êtes responsables des massacres et des guerres. Plus de 100 000 Palestiniens ont été tués, sont mutilés, ou portés disparus. Des centaines de milliers d’enfants sont affamés, privés de soin et d’école, pour beaucoup maintenant orphelins, trauma-tisés par l’étendue des bombardements et des destructions perpétrés par l’armée de B. Netanyahou. Les chefs d’Etat et de gouvernement sont responsables…Les chefs d’Etat et de gouvernements, à commencer par celui des Etats-Unis, suivi par l’Union européenne, sont responsables de ce que la Cour internationale de justice a qualifié de probable génocide et dont des millions de gens horrifiés sont chaque jour les témoins. Les gouvernements participent à l’écrasement du peuple palestinien en organisant les livraisons d’armes et de composants militaires à Israël et en maintenant les accords commerciaux avec l’Etat qui tue et détruit toute forme de civilisation dans la bande de Gaza. Malgré l’inaction, voire le silence, des sommets du mouvement ouvrier, des protestations, des mobilisations puissantes s’étendent dans tous les pays du monde, sur tous les continents, y compris en Israël, pour la défense du peuple palestinien et de ses droits. Les gouvernements et l’Union européenne qui ont permis et continuent de soutenir ce génocide (qualifié comme tel y compris par le pape), tentent aujourd’hui de tempérer leur propos, effrayés par les conséquences de leur politique en Palestine et dans leur propre pays. Les gouvernements veulent désormais nous engager davantage dans la guerre en Ukraine, en envoyant des troupes et en nous plongeant dans un conflit entre puissances nucléaires. Les mêmes qui nous avaient vendu l’Union européenne comme un espace de paix, préparent aujourd’hui la guerre. Aussi longtemps que les sommets des syndicats…Le mouvement ouvrier allemand, contre la guerre, a exigé « du beurre au lieu de canons ». Mais de la part de nombreux gouvernements comme de la part de l’UE, des voix s’élèvent pour la mise en place d’une économie de guerre, qui signifie une attaque générale contre les conquêtes sociales, les libertés démocratiques, et les services publics que les combats ouvriers ont imposés dans chaque pays. Aussi longtemps que les sommets des syndicats soutiennent l’orientation guerrière des élites dirigeantes en Europe, ils ne pourront pas empêcher la destruction de ces conquêtes ouvrières. Des deux côtés de la frontière russo-ukrainienne, des jeunes sont raflés dans la rue, dans les villes et les campagnes, pour être envoyés de force au front et à la mort. Quand Poutine enrôle 300 000 nouveaux soldats, Zelensky abaisse de deux ans l’âge de la conscription. Et cela pour servir de chair à canon au service des multinationales et des oligarques de tous bords. Nous refusons que cette guerre s’étende. Nous voulons qu’elle s’arrête immédiatement. Nous disons : “Pas en notre nom !”Face à tous les gouvernements va-t’en guerre, qui prétendent hypocritement défendre la paix et la démocratie tout en démantelant partout les acquis sociaux et démocratiques, refusent des négociations et le cessez-le-feu, poursuivent les livraisons d’armes, nous sommes aux côtés des jeunes Ukrainiens et Russes qui n’en peuvent plus de la guerre, aux côtés des travailleurs et des jeunes qui refusent la guerre et l’oppression, et exigent le cessez-le-feu, la levée du blocus de Gaza et la satisfaction des revendications sociales et politiques. Nous disons : “Pas en notre nom !” • Nous refusons les guerres et la barbarie, qui ne profitent qu’aux puissants et aux industriels de l’armement dont les profits explosent. • Nous refusons, pour nous, pour nos enfants, pour nos petits-enfants, d’être entraînés dans la guerre et la militarisation de toute la société. • Nous refusons les budgets militaires toujours plus élevés sous tutelle de l’Otan et de l’Union européenne, nous dénonçons la guerre sociale menée contre les travailleurs et la jeunesse. • Nous refusons toutes les atteintes aux libertés, les menaces et la répression. Nous défendons la liberté d’expression, de réunion, de manifestation, et le droit de grève, particulièrement menacés. La mobilisation des peuples pourra, bloquer l’escalade meurtrière dans laquelle les gouvernements veulent nous entraîner, et stopper les livraisons d’armes. En nous rassemblant par-delà les frontières, nous agissons pour l’unité internationale des travailleurs et des jeunes pour imposer le cessez-le-feu et la réaffectation des budgets militaires aux besoins vitaux de la population, à l’école, aux hôpitaux, aux salaires et aux pensions. Arrêt du génocide du peuple palestinien ! En Palestine comme en Ukraine, cessez-le-feu immédiat ! Arrêt des livraisons d’armes ! Non à toute intervention militaire des forces de l’Otan en Ukraine ! » (les intertitres sont de la rédaction). |