« Ne vous mêlez pas des affaires du Venezuela »
La crise autour des élections doit être résolue entre Vénézuéliens.
- Actualité internationale, Venezuela

Le titre de cet article est la phrase prononcée par le président du Mexique, Lopez Obrador, dans les premiers jours qui ont suivi l’annonce par le Conseil national électoral (CNE) des résultats de l’élection présidentielle du 28 juillet au Venezuela, attribuant 51 % des suffrages à Maduro et 43 % à Edmundo Gonzalez de la Plateforme unitaire démocratique (PUD), dirigée par la dirigeante pro-impérialiste et d’extrême droite, Maria Corina Machado.
Obrador répondait ainsi à la frénésie interventionniste des gouvernements des USA et de quelques pays d’Amérique latine – comme celui de Milei d’extrême droite en Argentine et celui de la putschiste Dina Boluarte du Pérou – reconnaissant Edmundo González comme vainqueur des élections ou comme président élu.
Le président mexicain a décidé d’attendre la position finale du TSJ (la Cour suprême de justice) qui a été saisie par Maduro pour auditer tous les votes, pour ne reprendre qu’ensuite les discussions avec Lula du Brésil et Petro de Colombie dans le dénommé « groupe des trois » qui entend être médiateur entre le gouvernement et l’opposition. Rappelons que les accords de la Barbade, négociés entre Biden et Maduro en 2023, qui ont ouvert la porte à ces élections, établissaient qu’elles seraient organisées par les autorités électorales vénézuéliennes.
La guerre des chiffres de l’opposition
Mais avant même les élections, le PUD de Maria Corina a refusé d’accepter que le CNE soit l’organe responsable des résultats, contrairement aux neuf autres candidats à la présidence. Ce qui équivaut à entrer en campagne en criant « fraude », sans accepter l’arbitre.
En prétendant avoir entre les mains 80 % des procès-verbaux (bulletins d’urne) recueillis par ses observateurs, Maria Corina a déclaré que son pantin Edmundo Gonzales était élu président avec 67 % des voix contre 30 % pour Maduro. Avec quelles preuves ? Et bien, un site internet monté par la société numérique Súmate appartenant à la famille de Corina.
Le CNE, quant à lui, en annonçant les résultats du 29 juillet, n’a pas publié les procès-verbaux des bureaux de vote, comme c’était l’habitude lors des élections précédentes, alléguant une attaque informatique sur son site Internet. De nombreux secteurs politiques et sociaux, y compris ceux de la gauche critique du « madurisme », ont commencé à exiger la publication des procès-verbaux électoraux par le CNE. En 2013, lorsque Maduro a remporté la victoire d’une courte tête sur l’opposant Capriles, l’opposition a demandé un recomptage des votes qui, une fois effectué, a confirmé la victoire du président actuel.
Mais cette fois-ci, Maduro est entré dans la salle électorale du TSJ pour réclamer la révision de tous les votes, et le TSJ a convoqué les dix candidats pour qu’ils remettent les procès-verbaux en leur possession. Un seul n’a pas comparu, l’« autoproclamé » Edmundo Gonzalez.
Non à l’ingérence de l’impérialisme
Les grands médias qui, depuis les États-Unis, font écho à l’accusation de « fraude » faite par l’opposition, dénoncent également la répression menée par le gouvernement Maduro. Mais ils restent muets face aux attaques subies par les militants du PSUV (1), le parti officialiste, face aux déprédations d’organes publics, d’écoles et d’hôpitaux, faites, selon le gouvernement, par des jeunes et adolescents de quartiers populaires payés par l’opposition de droite, lesquels représenteraient une bonne partie des 1 400 détenus et
20 morts, parmi lesquels il y aurait des policiers et deux dirigeants régionaux du PSUV.
Ce qui est aujourd’hui en jeu au Venezuela dépasse largement la controverse sur les résultats électoraux.
Il n’est pas nécessaire d’« enjoliver » la politique régressive et anti-ouvrière que Maduro applique depuis des années pour assumer une position claire aux côtés du peuple vénézuélien et de ses institutions contre toute ingérence dans le pays de l’impérialisme nord-américain et de ses vassaux. Les camarades de la Coordination autonome et indépendante des travailleurs (CAIT), qui ont fait partie de « l’Autre campagne » qui dénonçait la politique de privatisations et d’attaques contre les droits et les salaires pratiquée par Maduro, tout en se démarquant de Maria Corina et de son opposition vendeuse de patrie au compte de l’impérialisme, sont disposés à la plus large unité pour empêcher toute ingérence extérieure au Venezuela.
Pour défendre la souveraineté de la nation, des mobilisations comme celle du 17 août, bien plus importantes que celles convoquées par l’opposition, ne suffisent pas, il faut une politique qui réponde aux revendications du peuple travailleur, avec des augmentations de salaires et de pensions, qui réaffirme et fasse valoir les conquêtes sociales, du travail et démocratiques inscrites dans la Constitution bolivarienne.
C’est le peuple vénézuélien qui décidera de son destin de façon souveraine : Fin de toutes les sanctions et du blocus ! États-Unis, bas les pattes devant le Venezuela !
(1) Le PSUV, Parti socialiste unifié du Venezuela, également désigné comme parti « officialiste » regroupe l’essentiel des forces qui soutiennent la révolution bolivarienne lancée par Hugo Chávez, Ndt.
