Après la chute du gouvernement Barnier
Pacte de non-censure, petites combines habituelles de la Ve République : non ! Respect du vote populaire sur le programme, respect de la démocratie, oui ! Macron doit partir !
- Actualité politique et sociale
Mercredi 4 décembre, l’Assemblée nationale a voté la censure du gouvernement Barnier, 48 heures après que ce dernier avait dégainé le 49.3 pour faire passer en force le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). C’est la deuxième fois qu’une motion de censure intervient dans l’histoire de la Ve République. L’Opinion s’inquiète : « Avec la chute de Michel Barnier, la France s’enfonce dans une crise dont personne ne maîtrise l’issue (…) Perdant, le président de la République dont la dissolution aura précipité la décomposition politique (…) Macron fait face à un champ de ruines ». Une véritable crise de régime…
Au lendemain de la chute du gouvernement Barnier, près de 200 000 fonctionnaires manifestent le 5 décembre dans tout le pays. Ce qui s’y exprime, c’est « on n’en veut plus de cette politique de liquidation des services publics, de l’école publique, de l’hôpital » et de son principal instigateur, Macron. Avec la chute de Barnier, Macron est au cœur de la cible. La France insoumise relance la pétition « Macron destitution », déjà signée par 365 000 personnes, qu’elle avait lancée à la fin de l’été en disant « une chose est sûre, Macron doit s’en aller ».
Le soir même, Macron prononce une allocution à la télévision que l’on peut résumer ainsi : « J’ai tout bien fait. Mais vous ne m’avez pas compris. Je vous ai fait voter. Vous avez tout fait de travers. En réalité, vous ne me méritez pas. Détenteur de la vérité, je continuerai sur la même ligne et n’en dévierai pas ». Pour 63 % des Français, et probablement beaucoup plus, une seule issue s’impose : Macron doit partir. Une exigence qui monte partout dans le pays.
PS, PCF et Verts chez Macron, LFI refuse !
Quelques minutes après Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon est l’invité du JT de TF1 : « Il faut traiter la cause du problème. C’est Macron. Il bloque tout et ne veut entendre personne. Avec les Insoumis, nous avons déposé cet été une motion de destitution. Elle a été empêchée par Madame Le Pen. Peut-être changera-t-elle d’avis ! »
Pour Macron, c’est retour à la case départ. Avec qui gouverner pour éviter une nouvelle censure ? Dès le 6 décembre, il invite les partis à se rendre à l’Élysée pour des « consultations » en vue de faire adopter un « pacte de non-censure ». LFI indique ne pas vouloir y mettre les pieds, fidèle au programme de rupture du NFP. Le PS s’y précipite le premier. Le PCF et les Verts lui emboîtent le pas. Tous vont buter sur le « caillou » des retraites. « Plus d’un an et demi après son adoption (certes par 49.3), la réforme des retraites reste ce caillou qui compromet les coalitions » analyse Cécile Cornudet, éditorialiste pour les Échos du 10 décembre.
Effectivement.
Encore et toujours l’exigence d’abrogation de la réforme des retraites
Et les contorsions des uns des autres pour offrir à Macron un répit n’y changent fondamentalement rien : l’exigence de l’abrogation de la réforme des retraites et avec elle l’exigence que soit porté un coup d’arrêt à la politique de Macron, exigence matérialisée par des mois de lutte de classe sur le terrain de la grève et poursuivie sur le terrain électoral ensuite, reste l’élément qui vertèbre toute la situation.
Même les confédérations syndicales qui, le soir du 5 décembre, ont réussi à appeler à… rien (!), ont bien dû maintenir l’exigence d’abrogation de la réforme des retraites dans leur communiqué commun.
Et si on trouve bien le PS et Fabien Roussel pour le PCF se vautrer dans des déclarations à l’attention de Macron, indiquer leurs disponibilités impliquant pour cela la possibilité de lâcher l’exigence d’abrogation au profit d’une pseudo-conférence sociale de financement, cela n’est pas sans conséquences dans leurs rangs.
« On ne peut pas trahir le programme du NFP pour lequel nous sommes tous d’accord ! Si le PS va avec Retailleau ou Estrosi, je rendrai ma carte ! », indique Ahmid, militant socialiste depuis 5 ans, sur le marché de Pantin (93) pour le journal L’Humanité. Est-ce le seul ? Pas sûr…
Face à la pression d’en bas, tous doivent composer.
Assurément, les manœuvres pour, de fait, préserver Macron et son régime, si elles existent, sont tout de même rendues compliquées. Et ceci pour une raison incontournable : le rejet total de Macron et de sa politique par toutes les couches de la société (ou presque), relayé par la France insoumise dans une situation où elle ne lâche rien, ni sur le mandat confié par les électeurs, ni sur le programme, et qui, pour rester fidèle à cela refuse aujourd’hui de participer à la rencontre avec Macron et à l’inverse pose le problème de sa pleine responsabilité et donc de la nécessité qu’il quitte le pouvoir au plus vite.
Le journal l’Opinion s’alarme : « Un lecteur de l’Opinion rapporte cet échange avec une paroissienne de Rocamadour, à la sortie de la messe le 8 décembre. “La seule issue, c’est que Macron s’en aille.” Cela ne vaut pas sondage, mais… » C’est un fait qu’est bien obligé de constater la presse, et qui s’impose de plus en plus dans les esprits, et bien au-delà des couches militantes.
C’est d’ailleurs ce que constate aujourd’hui tout militant syndicaliste dans les discussions avec les salariés, avec les militants, sur les piquets de grève ou dans les discussions de toute part. C’est cette discussion qui a traversé les échanges le 5 décembre, jour où des milliers de manifestants et de grévistes dans la fonction publique, boostés par la censure du gouvernement à l’assemblée, ont transformé ce qui était au départ prévu comme une simple journée d’action de témoignage en authentique journée de grève appelant à des suites immédiates.
Et si certes depuis, nombre d’organisations syndicales ont retiré le tapis (y compris chez les cheminots), les grèves qui aujourd’hui existent et qui même dans nombre de cas imposent des reculs aux patrons donnent une indication d’une situation qui peut à tout moment menacer tous les états-majors, à commencer par Macron. Surtout avec la France insoumise qui, fidèle à son orientation de rupture, fournit le point d’appui majeur dans la situation à cette population qui exige que ça change.
À Notre-Dame de Paris, Macron réunit les complices du génocide et les fauteurs de guerreIl nous avait déjà fait le coup avec les Jeux olympiques. Il vient de récidiver avec la réouverture de Notre-Dame de Paris, cinq ans après l’incendie, sur laquelle il s’était personnellement engagé. Dans une cérémonie en grande pompe qui a probablement coûté des millions d’euros, Macron s’est entouré d’une quarantaine de chefs État dont Donald Trump et Volodimir Zelensky à qui il donne l’occasion de se croiser. Étaient présents également les ex-présidents Hollande et Sarkozy, ainsi que tout le gouvernement que l’on croyait démissionné et censuré. Mais non, ils étaient bel et bien là : Attal, Barnier, Dati, Kasbarian, Retailleau, etc. Mais aussi les milliardaires du capital financier qui dictent leurs exigences aux gouvernements : Elon Musk, Bernard Arnauld, François Pinault… En ligne de mire depuis la chute de Barnier, Macron n’a pas lésiné sur les moyens. Une opération grossière qui n’aura trompé personne pendant que les bombardements à Gaza, au Liban et maintenant en Syrie se poursuivent. |