Accord UE – États-Unis sur les droits de douane : braquage avec un club de golf
La présidente de la commission européenne et Donald Trump ont passé un « deal » le 27 juillet dans le luxueux hôtel de Trump, en Ecosse disposant de plusieurs parcours de golf. Parmi les mesures : 15 % de taxes douanières sur les produits européens...
- Actualité politique et sociale

L’Union européenne et les États-Unis ont passé un « deal » dimanche 27 juillet en Écosse dans le luxueux hôtel de Trump, dans son domaine de Turnberry disposant de plusieurs parcours de golf. Parmi les mesures : 15 % de taxes douanières sur les produits européens, ainsi que les exigences de Trump de 600 milliards d’euros d’investissements européens aux USA, 640 milliards d’euros d’achats de l’UE en énergie aux USA et à acheter des armes « en énorme quantité » selon lui.
Au moment où l’escalade guerrière poursuit sa folle ascension mettant en danger les peuples du monde entier, les massacres se poursuivent en Palestine : famine due au blocus assassin de la bande de Gaza, bombardements, tueries aux points de livraison de nourriture. Malgré cette barbarie, la totalité des dirigeants européens continuent à financer l’industrie d’armement américaine, premier pourvoyeur d’armes de l’État d’Israël. Ils participent eux-mêmes à la livraison d’armes pour recharger les canons des fusils et des chars de Tsahal. Et ce ne sont pas les annonces d’Emmanuel Macron de faire reconnaître un État palestinien… en septembre, qui vont arrêter la population et les organisations engagées dans la bagarre pour le cessez-le-feu et qui exigent que cesse immédiatement la complicité de l’exécutif.
« Capitulation »
L’accord avec Trump est salué par les responsables de l’UE au prétexte de stabilité retrouvée dans les échanges commerciaux entre l’UE et les USA, prétexte qui est relayé par la presse française. « Droits de douane : l’UE offre une victoire politique à Donald Trump pour éviter le chaos commercial » (Le Monde, 28 juillet). D’autres, comme Libération, fustigent « une capitulation qui aura des conséquences politiques et géopolitiques pour l’Union ». Selon Les Échos, « Donald Trump a remporté une victoire éclatante contre les Européens ».
Le New York Times relève : « C’est l’Allemagne qui souffrira le plus de l’accord, selon les économistes de l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale, qui ont calculé que la plus grande économie d’Europe verrait sa production chuter de 15 % en vertu de l’accord ».
Ce qui est certain, selon des données de l’université de Yale (en date du 28 juillet 2025), c’est que le tarif douanier moyen effectif des États-Unis s’élève actuellement à 17,3 % en intégrant le récent accord commercial conclu avec l’Union européenne (contre 2,4 % au mois de janvier 2025), soit les barrières douanières les plus élevées depuis 1935 (c’est-à-dire depuis la crise mondiale des années 1929 et suivantes).
Les réactions des patrons européens n’ont pas tardé à arriver non plus. La fédération allemande de l’industrie a immédiatement réagi en affirmant que « l’UE accepte des droits de douane douloureux » qui auront des « répercussions négatives considérables sur leur industrie, très orientée vers l’exportation ».
En Italie, le gouvernement de Meloni, soutien de la politique de Trump, annonce par la voix d’Antonio Tajani, le ministre des Affaires étrangères : « L’accord met fin à une période d’incertitude et conjure le risque d’une guerre commerciale (…). Les droits de douane ne sont jamais une bonne chose. Mais 15 % constituent un taux tout à fait soutenable pour l’Italie et l’Europe. ». Et le responsable patronal Dario Costantini des petites et moyennes entreprises (l’équivalent de la CPME en France) de réagir : « On parle de 15 %, mais en réalité la surtaxe sera de près de 30 % (…). Des mesures de soutien et des compensations sont nécessaires, et nous attendons une reprise prochaine des discussions avec Palazzo Chigi (siège de la présidence du Conseil des ministres, Ndlr) au sujet des 25 milliards d’euros d’aides évoquées. » (Les Échos, 28 juillet). Il semblerait que le patronat italien a recours aux mêmes méthodes de braquage que le patronat français quand il s’agit de faire fructifier les marges des entreprises en allant taper dans la poche des contribuables, et des travailleurs en premier lieu.
Offensive redoublée contre la Sécu en France
D’ailleurs le patronat français en appelle à « un sursaut de souveraineté et de compétitivité européennes ». « Compétitivité », marges… Il va chercher des leviers pour maintenir ses bénéfices à commencer par la réunion prévue ce mercredi 30 juillet au ministère de l’Économie comme vont le faire leurs homologues italiens.
Le patronat français peut déjà se satisfaire : le plan Macron-Bayrou présenté par le Premier ministre le 15 juillet dernier prévoit d’ores et déjà de sabrer dans les acquis sociaux, notamment ceux de la Sécurité sociale, pour leur venir « en aide ».
La ministre de la Santé vient de déclarer : « il faut arrêter avec cette idée que l’assurance maladie, c’est gratuit, j’y ai droit », en vertu de quoi le gouvernement se fixe de réaliser 18 milliards d’euros d’économies sur la Sécurité sociale.
Le Premier ministre a fustigé l’accord avec Trump en indiquant : « C’est un jour sombre quand une alliance de peuples libres, réunis pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, décide de se soumettre ». Il faudrait rappeler à François Bayrou que le « jour sombre » est apparu pour des millions de Français lorsqu’il a présenté il y a deux semaines son plan d’austérité.
Dès l’annonce de ces mesures, concoctées par le couple Macron-Bayrou, le plus impopulaire de toute l’histoire de la Ve République (sondage Ifop, 20 juillet 2025), plusieurs initiatives montrent la disponibilité des travailleurs et de la population. Autant d’éléments qui montrent que rien ne se passera comme d’habitude et que contrairement à l’UE qui « décide se soumettre », ce n’est pas le cas de la population et des travailleurs de ce pays.
Pas dupe, la « masse » refuse ce qu’on veut lui imposerDeux millions de signatures contre la loi Duplomb, près de 300 000 signatures contre les mesures Macron-Bayrou annoncées le 15 juillet (offensive débridée contre la Sécurité sociale, le Code du travail, les services publics), des appels à bloquer le pays dès le 10 septembre, des syndicats qui déposent des préavis de grève dès le 1er septembre, des protestations, manifestations qui ne cessent pas contre le génocide en cours à Gaza, des grèves dans différents secteurs… Voilà qui donne une vue réelle de l’état d’esprit de l’écrasante majorité du peuple qui refuse, qui se bat contre tout ce qu’on veut lui imposer. Et ce en dépit du matraquage médiatique, du soutien du RN et de tous les complices de Macron-Bayrou, des tergiversations ou volte-face du PS, des Verts, ou du soutien affiché du PC à Macron sur sa sournoise annonce sur la Palestine (suivi aussi par d’autres épris de « stabilité » sur le dos des travailleurs). La « masse » des travailleurs et de la population n’est pas dupe. Aider à ce qu’elle se défende et impose ses vues conformes aux intérêts particuliers et généraux de la société – en se regroupant pour une politique de rupture avec tous ceux, en particulier LFI, qui s’en réclament, en déjouant les pièges grossiers ou feutrés de tous azimuts incluant ceux de tous ceux qui se proclament de « gauche » – est essentiel. La rédaction |
