Le nouveau ministre de la Santé croit-il vraiment pouvoir abuser les Français ?
Malgré la colère et l’inquiétude des soignants, le ministre de la Santé n’a de cesse de marteler, tel un mantra : « Il n’y a pas de fermetures d’urgences. »
- France, Santé
A nouveau, le 3 août, en visite au CHU de Nantes, il a osé prétendre, visiblement agacé : « Il faut arrêter avec ce terme qui est tout le temps utilisé. C’est un terme qui fait peur. Il y a un accès régulé médicalement par des soignants vers les services d’urgences (…). Cette régulation n’apporte pas une dégradation des soins (…). » N’en déplaise à M. Braun, le terme de fermeture des urgences fait peur à juste titre, car ce sont des vies humaines qui sont en jeu.
Samu Urgences de France, le syndicat dont François Braun a été président juste avant d’être nommé ministre, reconnaît lui-même la gravité de la situation. L’enquête qu’il a menée durant le mois de juillet auprès de 311 services d’urgences (soit environ la moitié des services de France) montre que 88 établissements (26 %) ont mis en place un tri des patients, 42 établissements ont fermé leur service d’urgences la nuit et 23 le jour.
Dans la même en-quête, près de 90 % des centres 15 estiment que l’augmentation des appels sans moyens supplémentaires pose des problèmes de sécurité, du fait des délais de réponse, et que le manque de médecins généralistes aussi bien que le manque de lits d’aval font qu’il leur arrive de se retrouver dans une impasse lorsqu’ils doivent réorienter certains patients. La prise en charge des femmes enceintes est également touchée de plein fouet par la dégradation de l’hôpital public voulue par le gouvernement.
Un quart des services d’urgences ont trié les patients, 10% des maternités sont en « fermeture partielle »
En juillet 2021, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) estimait à 221 le nombre de maternités fermées entre 2000 et 2017, laissant environ neuf cent mille femmes à plus d’une demi-heure de route d’une maternité. Pis, aujourd’hui, selon une étude de l’Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF) et de l’Association santé en danger, au moins 10 % des 460 maternités françaises sont en situation de « fermeture partielle » par manque de personnel. Cela peut se traduire par exemple par la suppression de consultations pour les suivis de grossesse, l’arrêt des cours de préparation à la naissance, le retour précoce des mères à domicile, le transfert vers une maternité « voisine » qui peut être celle d’un autre département.
Seul un bon diagnostic permet le bon traitement. Le médecin François Braun devrait admettre ce que le ministre ne veut pas savoir. L’hôpital public s’effondre parce qu’Emmanuel Macron a fermé durant son quinquennat près de 18 000 lits, parce que les hôpitaux ont été étranglés financièrement et parce qu’un nombre insuffisant de soignants ont été et sont encore formés. Il est plus qu’urgent pour l’hôpital que soit mise en place une politique de réouverture des lits avec les moyens humains et financiers pour les faire fonctionner