Poutine face aux mères de soldats russes
L'AFP, dans une dépêche que nous publions, rapporte que Vladimir Poutine a assuré, le 25 novembre, partager la « douleur » des mères de soldats russes tués en Ukraine, dont les appels inondent depuis des semaines l’internet russophone.
- International, Russie

« Je veux que vous sachiez que, moi, personnellement, tous les dirigeants du pays, nous partageons cette douleur. Nous savons que rien ne peut remplacer la perte d’un fils », a lancé Vladimir Poutine, lors d’une réunion télévisée avec des mères de soldats et mobilisés russes.
Mais de nombreuses violations ont été recensées : mort au front de mobilisés ; mobilisation d’hommes inaptes, de pères de familles nombreuses ou trop âgés ; absence d’équipement adéquat et de formation militaire pour nombre d’appelés.
L’une des mères participant à la réunion avec Vladimir Poutine a critiqué elle aussi des uniformes qui deviennent rapidement « inutilisables dans les tranchées sales et humides », sans être remplacés par de nouveaux habits.
Le président s’est aussitôt empressé d’assurer que le ministère de la Défense allait régler le problème des équipements « de la manière aussi efficace que possible ».
L’inquiétude liée à l’opération en Ukraine, qui risque de dégénérer en grogne, place le Kremlin dans une situation délicate : si les autorités répriment de façon implacable toute remise en cause de l’offensive russe, la parole des femmes de soldats est sacrée et les emprisonner choquerait en Russie.
Olga Tsoukanova, mère d’un jeune homme qui fait son service militaire, fustigeait ainsi à l’avance une rencontre avec « des mères sorties de sa manche, qui vont poser les questions adéquates et le remercier, comme à chaque fois ».
« Vladimir Vladimirovitch, réponds à nos questions ! », a lancé cette femme qui veut s’assurer que son fils de 20 ans ne sera pas envoyé illégalement au front.
Elle est venue spécialement à Moscou depuis la ville de Samara, à 900 km à l’est, dans l’espoir d’être reçue au Kremlin. En vain. « J’imagine qu’ils ont peur qu’on pose des questions embarrassantes. Mais il faut régler le problème ! ».
Des experts russes expriment à la télévision d’Etat leur crainte que la population ne se révolte comme en 1917(La Libre Belgique, le 17 novembre 2022 – extraits) Ces inquiétudes ont fait le sujet principal de la célèbre émission télévisée du propagandiste Vladimir Solovyov. Connu pour ses déclarations extravagantes à l’égard de la guerre en Ukraine, l’animateur a tenté de porter le débat sur la façon dont les autorités pouvaient regagner la confiance du peuple à la suite du retrait des troupes russes de plusieurs villes ukrainiennes. Mais l’émission a très vite pris une autre tournure. Le quotidien belge Het Laaste Nieuws révèle ainsi que les invités du talk-show se sont exprimés concernant un éventuel soulèvement du peuple. Le professeur Dmitry Evstafiev, de l’université HSE de Moscou, a notamment déclaré que la patience du peuple n’est pas infinie et que le pays doit absolument remporter d’autres succès militaires pour garder la face : « Ne pensons pas que la patience de la société est infinie, tôt ou tard, elle s’épuisera ».
S’inquiétant du rôle que peuvent jouer les médias sur le mental de la population russe, le présentateur vedette a laissé entendre que la situation actuelle était comparable à celle qui prévalait en 1916, avant de donner naissance à la révolution bolchevique. |
