Gaz à effet de serre, Cop et dépenses militaires

Comme l'explique l'auteur de ce billet : « Si le secteur militaire était une nation, il aurait la quatrième plus grosse empreinte carbone du monde », qui plus est en temps de guerre…

(Photo DR)
Par J-P. Martin
Publié le 5 décembre 2022
Temps de lecture : 2 minutes

Lors de la signature du protocole de Kyoto en 1997, alors que se tenait la COP 3, les Etats-Unis avaient insisté pour être exemptés de déclaration d’émission de carbone et de méthane dans le secteur militaire et surtout ne pas être assujettis à des réductions d’émissions polluantes dans ce secteur. Les pays participants à ce sommet avaient emboîté le pas des Etats-Unis. Depuis le sommet de Paris en 2015, les émissions de gaz à effet de serre 1Les GES. d’origine militaire sont déclarées, mais seulement sur la base du volontariat. Les chiffres donnés, on s’en doute, sont sujets à caution, parce que souvent masqués, mélangés à ceux concernant les émissions d’origine civile ou bien tout simplement non fournis.

Une étude de deux instituts britanniques indépendants

Cependant, une étude 2https://www.sgr.org.uk menée conjointement par deux instituts britanniques indépendants, le Scientists and Global Responsability et le Conflict and Environment Observatory, permet de se faire une idée sur la question, les auteurs de l’étude reconnaissant la faiblesse des matériaux sur lesquels ils ont travaillé, procédant le plus souvent par extrapolation à partir d’éléments connus. Ces instituts font remarquer que les rapports du Giec mentionnent à peine le secteur militaire des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, très révélateurs selon eux des différents potentiels de pollution dans le domaine militaire.

Les auteurs n’ont pas inclus les émissions de GES provenant des impacts des combats, telles que les incendies, les autres dommages aux infrastruc-tures et aux écosystèmes, la reconstruction post-conflit et les soins de santé pour les survivants. Les estimations partielles pour certaines de ces sources sont potentiellement très volumineuses. Ils n’ont pas inclus non plus les émissions de GES de la guerre elle-même et les émissions provenant des chaînes d’approvisionnement vastes et complexes des armées.

En conclusion, et alors même que des champs entiers d’investigation ne sont pas pris en compte par l’étude, si le secteur militaire était une nation, il aurait la quatrième plus grande empreinte carbone du monde, devant la Russie3Le cas de la Norvège est saisissant : elle a acheté 52 avions F-35, dont la moitié sont déjà en service. Ses émissions de GES augmenteront, après calcul, de 30 % en raison des seuls avions F-35 (5 600 l de carburant par heure)..

Pour intéressante que soit l’étude, ses auteurs nourrissent des illusions sur une possible remise en ordre par ceux-là mêmes qui organisent le chaos. La raison d’être de l’armée, qui plus est à l’époque des guerres impérialistes, n’est ni d’être durable, ni respectueuse de la planète4Jonathan Cook : https://www.les-crises.fr/climat-la-pollution-militaire-est-le-cadavre-dans-le-placard-de-l-occident/. Les dépenses d’armement en constante augmentation, la guerre, sont l’expression même de la thèse à la base du Programme de transition de Léon Trotsky : « Les forces productives ont cessé de croître ».