Aides sociales : le gouvernement reprend les propositions du RN

Au prétexte de lutter contre la fraude fiscale, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, entend bien interdire ce qu’il appelle la fraude sociale, reprenant au compte du gouvernement les propositions du Rassemblement national sur l’immigration.

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie. Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe RN à l’Assemblée nationale (photos AFP).
Par Rosalie Albani
Publié le 6 mai 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Bruno Le Maire, sur RMC, le 18 avril, affirme : « Nos compatriotes, légitimement, en ont ras le bol de la fraude. Ils en ont ras le bol de voir des personnes qui peuvent toucher des aides (…), les renvoyer au Maghreb ou ailleurs alors qu’elles n’y ont pas droit. Ce n’est pas fait pour ça, le modèle social. »

Jean-Philippe Tanguy, président délégué du groupe RN à l’Assemblée s’en félicite.

Franceinfo  (le 20 avril) : « Quand le ministre de l’Economie dit qu’il faut mettre un terme au transfert des prestation sociales sur des comptes à l’étranger, notamment au Maghreb, vous l’applaudissez ? »

J.-P.  Tanguy : « Oui, Il reprend des propositions de Marine Le Pen de la présidentielle, qui sont d’ailleurs des propositions anciennes (…). Nous voulons contrôler les flux financiers venant des diasporas vers les pays étrangers. »

Du côté de la Nupes, de nombreux députés se sont insurgés contre les menaces que fait planer le ministre.

Même l’éditorialiste économie de BFM, Nicolas Doze, commente : « Le ministre de l’Economie s’empare d’un sujet qui a été très, très longtemps tabou parce que c’était le fonds de commerce de l’extrême droite. » (19 avril.)

Le même jour, France 24 commente : « Pour ce premier des “100 jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action au service de la France” promis par Emmanuel Macron le 17 avril, le gouvernement s’est donc employé, pour faire oublier la réforme des retraites, à cibler les fraudeurs sociaux, et en particulier les étrangers. (…) Ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron emprunte cette rhétorique. Ses deux réformes de l’assurance-chômage, notamment, reposaient sur cette idée qu’une partie des chômeurs ne font pas le nécessaire pour retrouver un emploi. Et sa campagne présidentielle de 2022 a été marquée par sa proposition de RSA “conditionné” (…). Pendant ce temps, les services du ministère des Comptes publics chargés des contrôles fiscaux ne cessent de voir leurs effectifs fondre comme neige au soleil : “Un peu moins de 10 000 agents travaillent aujourd’hui sur le contrôle fiscal (…). C’est entre 3 000 à 4 000 agents de moins qu’il y a une douzaine d’années”, regrette Vincent Drezet (ancien secrétaire national du Syndicat national unifié des impôts, le Snui). (…) A défaut d’apaiser les Français, la droite et l’extrême droite, une nouvelle fois, apprécieront. »