École : une opposition tous azimuts au « pacte »
Le pacte Ndiaye qui permet aux professeurs d'effectuer de nouvelles missions en échange de rémunération fait un flop dans les établissements. Une enquête menée par 2750 principaux et proviseurs par le SNPDEN-Unsa, premier syndicat des chefs d'établissement le montre.
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« On constate que 30 % des établissements n’ont à ce stade aucun pacte signé » et « 54 % des collèges et lycées ont moins de 10 % de pactes signés », a annoncé mercredi 13 septembre Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa.
Les chiffres « sont assez effarants, on ne s’attendait pas à ça. Il y a évidemment des écarts selon les établissements, mais le taux moyen de pactes signés est de 23 % », a-t-il ajouté, soulignant qu’il y a, selon lui, « une allergie collective au pacte ».
« Cela va mettre les chefs d’établissement en difficulté, car les annonces faites au grand public qui s’appuient sur le pacte, telles que les remplacements de courte durée ou encore les devoirs faits, ne pourront pas se faire correctement s’il n’y a pas de volontaires », a-t-il résumé.
Rappelons que pour le gouvernement, le pacte est la mesure qui doit permettre de « revaloriser » le salaire des enseignants et de répondre à la question du remplacement non assuré dans les établissements et aux milliers d’heures de cours perdues par les élèves.
Mais depuis sa présentation par le ministre Ndiaye au printemps 2023, ce pacte fait l’unanimité contre lui. L’ensemble des organisations syndicales enseignantes se sont prononcées contre. En mai et juin, près de 300 motions ont été adoptées par les personnels enseignants pour demander l’abandon du pacte Ndiaye. Un fait inédit en cette période de l’année et au sortir de mois de grèves contre la réforme des retraites, particulièrement suivies chez les enseignants.
Attal se heurte à la résistance des personnels
Alors au ministère et dans les rectorats, face à ce rejet et à cette résistance, on s’adapte comme on peut. Devant le peu de signataires, on rend possible la signature du pacte à n’importe quel moment de l’année dans les établissements alors que tout devait être fait avant début octobre initialement.
Le ministre Attal sait à quelle résistance il se heurte, celle des personnels enseignants mais aussi des personnels de direction. Et la manipulation funeste des abayas et qamis n’y change rien. La pression est mise à l’échelle des établissements pour déployer le pacte localement sur fond de pression. Personne n’est dupe quant aux objectifs des évaluations d’établissement, la généralisation de la logique managériale de « résultats » dans la Fonction publique et en particulier dans l’Éducation nationale.
Mais le pacte ne passe toujours pas. Ce que veut la très grande majorité des enseignants, c’est l’augmentation des salaires à hauteur de l’inflation, 10 % d’augmentation de la valeur du point d’indice dès maintenant et sans contrepartie, des créations de postes et de classes à la hauteur des besoins sur le terrain.
Le 13 septembre, l’ensemble des organisations syndicales enseignantes ont « refusé le pacte » collectivement dans une déclaration intersyndicale lue à l’ouverture de la concertation sur « l’attractivité du métier enseignant » le 13 septembre.
Depuis la rentrée, enseignants et parents d’élèves se mobilisent pour dénoncer des conditions de rentrée inacceptables et revendiquer des postes, des ouvertures de classe, parfois par la grève reconduite.
Les enseignants demandent l’abrogation du pacte Macron-NdiayeMotion adressée au recteur de l’académie d’Orléans-Tours par les personnels réunis en réunion syndicale au lycée Vinci d’Amboise. Les personnels du lycée Vinci d’Amboise réunis ce vendredi 15 septembre 2023 en heure d’information syndicale avec les sections FO et SNES réaffirment leur opposition au Pacte et demandent son abrogation. En effet : – Il crée une brèche dans notre statut en introduisant un rapport contractuel et individualisé avec le chef d’établissement sous la forme de la signature d’une lettre de mission. – Les missions du pacte pourront être fongibles, la priorité étant clairement donnée au remplacement de courte durée. – Ce d’autant plus qu’en cette rentrée de nombreux postes ne sont pas pourvus dans notre académie (comme ailleurs). – De plus le Pacte menace l’existence des HSE et des IMP qui sont vouées à disparaître. – Le tarif horaire du remplacement en RCD peut évoluer à la baisse. Il ne comptera pas dans notre traitement pour la retraite. – Enfin il est un obstacle pour revendiquer des augmentations de salaire auxquelles nous avons droit sans contrepartie avec la perte de pouvoir d’achat depuis 15 ans. Nous nous élevons avec force contre la remise en cause du droit à la formation sur le temps de travail : il vient de nous être annoncé par plusieurs inspecteurs qu’elles auraient lieu désormais « à 50 % hors du temps de travail », donc sur les vacances scolaires ou le mercredi après-midi ! Ce n’est pas en augmentant notre temps de travail que l’on réglera le problème de la pénurie d’enseignants et de personnels, il faut rétablir les postes supprimés et augmenter nos salaires sans contrepartie, d’au moins 10 % tout de suite ! Nous assistons à un chaos organisé notamment dans les affectations des TZR témoignant d’un mépris du statut et une dégradation des conditions de travail de tous. Nous nous inquiétons aussi de la remise en cause du droit de revendiquer et la criminalisation du droit syndical : convocation en gendarmerie de responsables syndicaux et tentatives de suppression de droit aux réunions syndicales sur le temps de travail comme pour les professeurs des écoles dans certains départements. Concernant la réforme du bac nous prenons acte du recul des épreuves de spécialité en juin qui correspond aux demandes de toutes les organisations syndicales d’élèves et de parents cependant c’est toute la réforme du lycée qu’il faut abandonner et revenir à des épreuves terminales anonymes dans toutes les disciplines et abolir ParcourSup. Informés de la manifestation du 23 septembre contre la répression nous y serons présents pour un certain nombre d’entre nous. RV samedi, 15 heures, place du Sanitas, à Tours. |