Conférence africaine d’alarme pour la défense du peuple du Niger

Ce samedi 30 septembre, des militants et organisations du Niger, Mali, Congo, Côte d’Ivoire, Togo, Sénégal, Guinée, Tunisie, Maroc et Algérie se sont réunis à l’appel du Comité international de liaison et d'échange (Cilé) Afrique.

Par Adrien Morales
Publié le 6 octobre 2023
Temps de lecture : 3 minutes

Après une introduction de l’ordre du jour de la conférence par le comité d’organisation, le camarade syndicaliste du Niger a souligné la mobilisation exceptionnelle, inédite, encore jamais vue, du peuple nigérien, qui ne faiblit pas.

Durant tout ce week-end, plusieurs marches étaient organisées vers le rond-point de l’Escadrille (rebaptisée place de la Résistance) à Niamey où sont positionnées les forces françaises. A chaque fois, c’est l’ensemble de la population qui se mobilise massivement.

Aujourd’hui l’ambassadeur de France est parti et il est acté que les troupes françaises partent. Si les menaces d’intervention semblent maintenant lointaines, le camarade remercie le Cilé Afrique et les nombreux soutiens internationaux qui ont dès le début pris la défense du peuple du Niger.

Mais l’impérialisme tente maintenant de déstabiliser les régimes. Au Burkina cela a été déjoué récemment grâce à l’engagement du peuple. Tous les camarades des différents pays réaffirment successivement leur soutien et félicitations au peuple du Niger. Son dévouement est salué comme historique, cela va faire école pour le reste du continent et confirme que les acteurs de premier plan capables changement, ce sont avant tout les peuples.

Côte d’Ivoire
Les camarades de Côte d’Ivoire soulignent combien ces échanges d’expériences et de soutiens mutuels au sein du Cilé Afrique ont été précieux dans la victoire du peuple du Niger. La Côte d’Ivoire est la vitrine de ce système impérialiste français où toutes les stratégies d’assujettissement sont d’abord expérimentées. « Si aujourd’hui la jeunesse encaisse ici les coups et garde le silence, tout ce qui se passe autour aiguise les appétits pour aller au changement. Maintenant le peuple ivoirien devra emboîter le pas des peuples du Burkina, Mali, Niger pour passer à une autre phase. Nous sommes entrés dans une période de rupture avec Françafrique, un maillon essentiel de l’impérialisme. »

Sénégal
Pour le camarade de la Ligue des travailleurs et étudiants du Sénégal, « l’impérialisme français nous a tués pendant des décennies, il s’est même inséré dans l’éducation de nos pays, avec des coopérations bidon. Le fisc sénégalais ne peut même pas saisir les richesses du pays qui sont facilement rapatriées en France. Tout est fait pour nous appauvrir dans tous les domaines. Nous devons continuer de montrer que nous sommes déterminés à rompre ce système. Au Sénégal les élections se dérouleront l’année prochaine et nous seront déterminés. »

Togo
Les camarades du Parti démocratique des travailleurs des villes et des campagnes (Padet) du Togo voient ce qui se passe au Niger comme une victoire incontestable.

Mais la menace d’intervention demeure. Potentiellement tous les pays d’Afrique qui se soulèvent contre le néocolonialisme français sont sous la menace d’une intervention militaire sous la bannière de la Cédéao.

Algérie
Le Parti des travailleurs algériens est mobilisé contre toute intervention militaire étrangère contre le peuple frère et voisin du Niger. Cette victoire montre à l’impérialisme français, à Macron, qu’il ne peut faire ce qu’il veut, où il veut, quand il veut.

Tunisie
Les camarades tunisiens dénoncent la position honteuse du gouvernement Kaïs Saïed qui s’engage aux côtés des pays impérialistes pour demander une intervention militaire. Le président a montré son vrai visage, celui d’un ennemi du peuple qui veut se libérer. Tous comme les camarades algériens, ils dénoncent les agissements de l’Union européenne qui demande à ses pays de jouer le rôle de gendarme pour retenir les migrants dans des conditions inhumaines.

Maroc
Pour les camarades du Maroc, ce qui se passe au Niger, dans une situation où le capitalisme n’offre pas d’autre horizon que la guerre et la barbarie, résume deux questions fondamentales : la lutte contre la présence militaire étrangère et la souveraineté des nations sur leurs richesses. Ce n’est donc pas une question exclusivement nigérienne, mais qui concerne l’ensemble des peuples africains. Le combat se poursuit maintenant pour le retrait de toutes les autres bases étrangères françaises, US, allemandes, italiennes, Wagner… mais aussi la fin des sanctions internationales qui étranglent les peuples.

Guinée
Un camarade guinéen attire l’attention sur ce qui s’était passé en Guinée lorsque le gouvernement de Sékou Touré avait refusé d’intégrer la « Communauté française » en 1958. De Gaulle avait ensuite essayé de déstabiliser le pays, notamment en montant des ethnies contres d’autres, ce qui mine aujourd’hui encore le pays. La victoire n’est pas encore acquise, et ce qu’ils ont perdu diplomatiquement, ils vont essayer de le gagner par d’autres voies qu’il faudra rapidement dénoncer.

Mali
Au Mali, un camarade se réjouit de la nouvelle alliance entre le Mali, le Burkina et le Niger qui porte le flambeau de l’émancipation des peuples africains du joug néocolonial de la France. Mais les choses se détériorent au Mali. Des groupes rebelles touareg du nord du Mali ont repris des combats contre le gouvernement, et avancent sur des territoires entiers.

Depuis la France, le POI réaffirme son soutien au peuple du Niger contre toute intervention militaire étrangère et pour la fin des sanctions économiques. « Votre victoire contre Macron est une victoire pour nous aussi, votre combat est international, nous sommes liés, à bas l’impérialisme ! »

Le comité d’organisation du Cilé Afrique conclu que toucher à un Etat, c’est toucher à tous les Etats. Cette victoire nigérienne est un début, le combat continue et présage d’autres victoires. Un vent nouveau se lève bien sur le continent africain, qui rejoint tous les peuples qui se mettent debout pour se libérer du joug de l’impérialisme international.