Gaza assiégée, affamée, bombardée
La rédaction d’Informations ouvrières a rassemblé, du 13 au 19 décembre, faits, déclarations, rassemblements et manifestations pour le cessez-le-feu et la levée du blocus à Gaza.
- Guerre, Palestine

L’armée « la plus morale du monde » dans ses basses œuvresLa chaîne de télévision américaine NBC News révèle que, selon l’armée israélienne, un cinquième des décès de soldats israéliens (20 %) à Gaza sont causés par des tirs amis ou des accidents. L’avocate et membre de la Chambre des Lords britannique Sayeeda Warsi a déclaré que l’armée israélienne était « heureuse de la gâchette, gonflée de haine et hors de contrôle ». Cette attitude a conduit à l’exécution par l’armée israélienne de trois otages, identifiés comme des cibles dangereuses alors qu’ils tenaient un long bâton auquel était attaché un tissu blanc. Les snipers israéliens visent et tuent délibérément les civils, y compris dans les hôpitaux. Selon le journal Yediot Aharonot, l’armée israélienne estime qu’il ne serait pas « moralement sain » d’enquêter sur les incidents de tirs amis survenus le 7 octobre. Le même journal précise que l’armée reconnaît avoir probablement tué ses propres soldats à la suite de l’attaque surprise du Hamas, mais a décidé qu’« au-delà des enquêtes opérationnelles sur les événements », de nouvelles enquêtes sur ces événements seraient exclues. À plusieurs reprises, des chars et des bulldozers israéliens ont détruit plusieurs cimetières dans le nord de la bande de Gaza. |
13 décembre
– Joseph Borrell, chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), a indiqué que la situation à Gaza est « apocalyptique » et que « malheureusement, le niveau de destruction des immeubles à Gaza est plus ou moins, voire supérieur, aux destructions dont ont souffert les villes allemandes pendant la seconde guerre ».
– Le journal allemand Die Welt a titré : « La Palestine libre est le nouveau Heil Hitler. »
Israël a largué plus de 22 000 bombes de fabrication américaine sur Gaza en six semaines.
– Dans les rues d’Hébron, en Cisjordanie occupée, ainsi que dans la vieille ville de Jérusalem, l’ensemble des commerces ont baissé rideau pour protester contre la campagne de génocide israélienne en cours à Gaza.
– Des instances syndicales en France se prononcent pour le cessez-le-feu et appellent à des rassemblements en ce sens (CGT services publics, FO 78, appel unitaire 04, etc.).
– 3 518 camions humanitaires sont entrés dans la bande de Gaza entre le 21 octobre et le 9 décembre 2023, soit 70 par jour en moyenne contre 500 par jour avant le début de la guerre.
La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a adopté une résolution qui reconnaît qu’un génocide est en cours contre le peuple palestinien.
– Le sénateur Bernie Sanders a envoyé une lettre appelant le président Joe Biden à retirer son soutien à une aide militaire supplémentaire de 10 milliards de dollars à Israël tout en appelant les États-Unis à soutenir les efforts de cessez-le-feu de l’Onu.
– Selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha), près de 85 % des habitants de Gaza, soit près de 1,9 million de Palestiniens, ont été déplacés. L’Onu a déclaré que la ville de Rafah accueille actuellement plus de 530 000 « déplacés ».
– Selon un sondage du Centre palestinien de recherche politique et d’enquête, le soutien au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a chuté, avec environ 90 % des personnes interrogées affirmant qu’il doit démissionner.
Environ 60 % des personnes interrogées par le centre palestinien de recherches politiques souhaitent la dissolution de l’Autorité palestinienne, le pourcentage le plus élevé jamais enregistré.
– John Mearsheimer, politologue américain de renommée internationale : « Ce qu’Israël fait à Gaza à la population civile palestinienne – avec le soutien de l’administration Biden – est un crime contre l’humanité qui ne sert aucun objectif militaire significatif. »
– Au moins 296 médecins palestiniens ont été tués depuis le début de la guerre, le 7 octobre.
– Un rassemblement à l’appel d’organisations étudiantes, de syndicats, de partis… est organisé sur la place de la Sorbonne (Paris) pour exiger le cessez-le-feu immédiat, l’arrêt des bombardements et la levée du blocus.
– Plus d’une douzaine de députés en Grande-Bretagne ont appelé le gouvernement britannique à suspendre ses exportations d’armes vers Israël, affirmant qu’ils craignent que la Grande-Bretagne ne soit complice des atrocités commises contre les Palestiniens à Gaza.
14 décembre
– Josh Paul, l’ancien responsable du Département d’État qui a démissionné en octobre suite à des transferts d’armes vers Israël lors des bombardements de Gaza, a déclaré que l’utilisation de bombes non guidées sur l’enclave était « inadmissible » et « doit cesser maintenant ».
– Au moins 3 714 étudiants ont été tués et 5 700 blessés à Gaza et en Cisjordanie occupée depuis le 7 octobre. Au moins 209 enseignants et administrateurs scolaires ont été tués à Gaza et 619 blessés.
– Le porte-parole de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, John Kirby, rassure que malgré les commentaires critiques du président Biden à l’égard du gouvernement de Netanyahou, le soutien des États-Unis « à Israël n’a pas diminué ».
– La décision d’Israël de commencer à pomper de l’eau de mer pour inonder les tunnels du Hamas à Gaza pourrait avoir de graves conséquences sur l’environnement de l’enclave assiégée.
– Un meeting de Jean-Luc Mélenchon réunit 1 000 participants à Rennes (35).
15 décembre
– Cisjordanie : un groupe de colons israéliens a pris d’assaut le village de Khirbet Wadi Ejheish, au sud d’Hébron, et a percé plusieurs réservoirs d’eau du village.
– L’association allemande qui décerne le prix Hannah Arendt pour la pensée politique a annoncé qu’il retirait son prix à la célèbre journaliste russo-américaine Masha Gessen après avoir publié un essai comparant Gaza aux ghettos juifs de l’Europe occupée par les nazis.
– L’observatoire des droits de l’homme Euro-Med, basé à Genève, estime à 25 000 le nombre réel de Palestiniens tués depuis le début de la campagne de génocide israélienne à Gaza, dont 10 000 enfants.
Les unions régionales Île-de-France (Urif) font leur le texte signé par de nombreuses organisations syndicales américaines – dont la UAW, organisation de 600 000 membres qui a arraché récemment par la grève des augmentations de salaire substantielles dans l’industrie automobile. Elles « considèrent, avec les syndicats américains signataires du texte, que c’est au tour du mouvement ouvrier de faire entendre sa voix et de réclamer un cessez-le-feu ».
– À l’occasion du Conseil européen qui a réuni les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne, les 14 et 15 décembre, le journal Le Monde commente : « Les Européens se refusent toujours à appeler collectivement à l’arrêt des bombardements. » Le Conseil s’est aussi refusé à exiger le cessez-le-feu : « Pas question de publier des conclusions sur cette discussion si sensible tant la désunion reste de mise. »
– Des rassemblements ont lieu en France à l’appel d’organisations syndicales, d’associations, en présence de La France insoumise (LFI) pour exiger un cessez-le-feu immédiat, l’arrêt des bombardements et la levée du blocus, à Versailles (78), Saint-Denis (93), Livry-Gargan (93), Évry (91), Paimbœuf (44), dans la gare de Lyon Part-Dieu (69), etc.
16 décembre
– Le député LFI Thomas Portes a publié sur X : « (…) Une enquête réalisée par Europe 1 indique que 4 185 soldats de nationalité française sont actuellement mobilisés au sein de l’armée israélienne sur le front à Gaza. Il s’agit du contingent le plus important après celui des États-Unis. Au regard des crimes de guerre commis par l’armée israélienne, aussi bien à Gaza qu’en Cisjordanie, il est inacceptable que des citoyens français y participent. (…) La France doit condamner avec la plus grande fermeté cette participation à des crimes de guerre. Je demande au ministre de la Justice que les personnes de nationalité française (y compris les binationaux) coupables de crimes de guerre soient traduites devant la justice française. (…). »
– Les forces israéliennes ont détruit au bulldozer les tentes des Palestiniens déplacés devant l’hôpital de Kamal Adwan samedi, écrasant les gens vivants, selon un reportage d’Al Jazeera.
À la suite du meurtre de trois otages israéliens par l’armée israélienne elle-même, une manifestation massive a eu lieu à Tel-Aviv, exigeant un cessez-le-feu, le retour des otages et la démission de Netanyahou, considéré comme principal responsable du désastre en cours.
– Les forces israéliennes ont bombardé samedi l’association Young Men’s Christian à Gaza, où se réfugiaient des centaines de Palestiniens.
– Plus de 90 journalistes et professionnels des médias ont été tués dans la guerre israélienne à Gaza.
– L’assemblée représentative de LFI se tient à Paris en présence des représentants des boucles départementales de tous les départements du pays et adopte à la quasi-unanimité (moins un contre) les deux textes soumis à la discussion des groupes d’action.
Des manifestations et rassemblements ont lieu pour exiger le cessez-le-feu immédiat dans plusieurs villes, grandes et petites, en France (Lyon, Toulouse, Nantes, Strasbourg, Montpellier, Bordeaux, Grenoble, Toulon, Metz, Troyes, Dieppe, La Rochelle, Pau, Saintes, Rochefort, Creil, Dole, Brioude, Saint-Nazaire, Narbonne, Annecy, Manosque, Langon, etc.).
17 décembre
– Les détenues palestiniennes de la bande de Gaza, en particulier celles arrêtées depuis le 7 octobre, sont confrontées à des conditions inhumaines dans les prisons israéliennes, a déclaré dimanche l’Autorité des affaires des prisonniers et ex-prisonniers de l’OLP. Selon les avocats de l’Autorité, les femmes palestiniennes incarcérées de Gaza subissent tortures et abus dès le premier instant de leur arrestation, notamment des passages à tabac, des insultes, des fouilles à nu, l’isolement cellulaire et la privation de leurs droits fondamentaux, a rapporté l’agence de presse palestinienne Wafa.
– Le ministre britannique des Affaires étrangères et ancien Premier ministre, David Cameron, s’est associé à son homologue allemande Annalena Baerbock pour appeler à un « cessez-le-feu durable » au Moyen-Orient et a averti que « trop de civils ont été tués ».
– Encore 20 000 manifestants se sont rassemblés à Paris pour exiger un cessez-le-feu immédiat à Gaza et en Cisjordanie.
Le chef du conseil de la colonie de Metula, David Azoulai, a déclaré sur la radio israélienne 103FM : « Une bande de sécurité devrait être établie depuis la mer jusqu’à la barrière frontalière de Gaza, complètement vide, pour rappeler ce qui existait autrefois. Cela devrait ressembler au camp de concentration d’Auschwitz. » (The Jerusalem Post.)
– « Des images de projets de constructions israéliens dans la bande de Gaza en ruine, publiées par le promoteur immobilier Harey Zahav, ont suscité de vives réactions. Si elles relèvent à ce stade de la provocation, elles soulignent la volonté d’une partie des Israéliens de rétablir des colonies dans l’enclave. » (Libération.)
– Dans son sermon de dimanche, le pape François a condamné les actions de l’armée d’occupation israélienne à Gaza en les qualifiant de « terrorisme ». Il a spécifiquement évoqué un acte d’un tireur d’élite survenu samedi qui a conduit au meurtre délibéré de Nahida Antoun et de sa fille Samar alors qu’elles se dirigeaient vers un couvent au sein du complexe paroissial de la Sainte Famille.
18 décembre
– Israël prévoit une nouvelle guerre terrestre contre le Hezbollah, rapporte The Times.
– « Le Pentagone envoie un porte-avions nucléaire en mer Rouge en raison des attaques des Houthis. » (Politico.)
– Les familles des prisonniers de Gaza annoncent un sit-in à partir de lundi devant le siège du gouvernement israélien pour exiger la conclusion d’un accord d’échange. (Maariv.)
– Plus de 1 500 travailleurs du théâtre ont signé une lettre ouverte appelant à la libération du directeur artistique Ahmed Tobasi et du producteur Mustafa Sheta, tous deux arrêtés par les forces israéliennes à Jénine, en Cisjordanie occupée, lors d’un raid le 13 décembre.
– Au moins 115 dirigeants et intellectuels du monde ont signé une « Déclaration sur le génocide » appelant à un cessez-le-feu immédiat.
1199SEIU, le plus grand syndicat de travailleurs de la santé aux États-Unis, a rejoint la liste croissante des syndicats américains qui appellent à un cessez-le-feu à Gaza.
– La compagnie maritime taïwanaise de transport de conteneurs, Evergreen, a annoncé qu’elle avait décidé de cesser temporairement d’accepter des marchandises israéliennes avec effet immédiat et a suspendu la navigation dans la mer Rouge, selon Reuters.
– L’une des plus grandes sociétés pétrolières et gazières du monde, BP, a décidé de « suspendre temporairement tous les transits via la mer Rouge » dans un communiqué.
– De nouveaux bombardements israéliens sur l’hôpital al-Shifa ont tué 26 Palestiniens qui s’abritaient dans l’établissement médical, selon Al Jazeera. Le Dr Hani Al-Haitham, chef de service des urgences de l’hôpital, ainsi que son épouse, le Dr Sameera Ghifari, et leurs cinq enfants, ont été assassinés.
Israël utilise la famine comme arme de guerre contre les civils palestiniens dans la bande de Gaza, ce qui constitue un crime de guerre, a déclaré l’organisation Human Rights Watch.
– En raison du faible trafic à l’aéroport international Ben Gourion d’Israël, l’autorité aéroportuaire a décidé de mettre 600 employés en congé sans solde.
19 décembre
– L’hôpital al-Ahli Arab, l’un des derniers qui étaient encore en service dans le nord de la bande de Gaza, a cessé de fonctionner après avoir été pris d’assaut par l’armée israélienne, indique son directeur. Quatre personnes blessées la veille par des tirs israéliens alors qu’elles se trouvaient dans l’hôpital ont succombé, a-t-il ajouté.
– Un autre hôpital du nord de la bande de Gaza, al-Awda, situé à Jabaliya, a été transformé « en caserne » par l’armée israélienne.
– À Genève, le porte-parole de l’Unicef, James Elder, indique qu’au cours des dernières 48 heures, le plus grand hôpital encore en état de fonctionner, l’hôpital Nasser à Khan Younès, « a été bombardé à deux reprises » alors qu’il abrite « un grand nombre d’enfants qui ont déjà été gravement blessés lors des attaques contre leurs maisons, mais aussi des centaines de femmes et d’enfants qui cherchent à se mettre à l’abri ». Il a évoqué le sort des enfants hospitalisés après avoir été amputés et qui ont ensuite « été tués dans ces hôpitaux » dans la bande de Gaza.
Des réactions de travailleurs inédites– Le personnel travaillant dans le bâtiment de la Royal Society of Arts (RSA) à Londres a quitté le bâtiment en signe de protestation après la tenue d’un événement commercial avec Israël où le président israélien Isaac Herzog prenait la parole. – Plus de 100 membres du personnel du Département américain de la sécurité intérieure (DHS) ont signé une lettre ouverte au secrétaire Alejandro Mayorkas dénonçant la gestion de la guerre à Gaza par le département. – Le personnel de la maison Blanche a organisé une veillée devant la Maison-Blanche, demandant à Biden d’exiger à un cessez-le-feu. – Un appel signé par 850 salariés d’associations et institutions juives américaines appelle « le président Biden et le Congrès à œuvrer en faveur d’un cessez-le-feu, de la libération des otages et d’une solution diplomatique qui garantisse l’égalité, la justice et un avenir prospère pour tous ». – Le personnel de l’UE a organisé un sit-in devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles pour exiger un cessez-le-feu immédiat à Gaza |
La situation sanitaire à Gaza « mettra bientôt même Israël en danger »L’Onu a noté des rapports faisant état de méningites, de jaunisses, d’impétigos, de varicelles et d’autres infections des voies respiratoires supérieures enregistrées à Gaza, tandis que les autorités sanitaires palestiniennes ont documenté 360 000 cas de maladies infectieuses dans les refuges. Le journal Haaretz a fait état de la propagation de la maladie à Gaza qui « met en danger les otages détenus par le Hamas et mettra bientôt même Israël en danger ». Des médecins et les travailleurs humanitaires ont déclaré à Reuters qu’avec un système de santé à genoux, sans nourriture, sans eau et sans abri, les habitants de Gaza sont confrontés à une épidémie inévitable. Pour James Elder, porte-parole de l’Unicef, « la tempête parfaite pour la maladie a commencé. Maintenant, il s’agit de se demander : à quel point cela va-t-il empirer ? » Entre le 29 novembre et le 10 décembre, les cas de diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans à Gaza ont bondi de 66 %, pour atteindre 59 895 cas, et de 55 % dans le reste de la population, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’agence des Nations unies a déclaré que les chiffres étaient inévitablement incomplets en raison de l’effondrement de tous les systèmes et services à Gaza à cause des bombardements israéliens. Le chef du service de pédiatrie de l’hôpital Nasser de Khan Younis, dans le sud de Gaza, le Dr Ahmed Al-Farra, a déclaré mardi à Reuters que son service était rempli d’enfants souffrant d’une déshydratation extrême, provoquant dans certains cas une insuffisance rénale, tandis que le taux de diarrhées sévères était en hausse. Quatre fois plus élevé que la normale. |
Scott Ritter, ancien inspecteur de l’Onu en Irak« Je me suis réveillé ce matin en apprenant que mon pays, les États-Unis d’Amérique, se préparait à entrer en guerre contre le Yémen. Une superpuissance qui dépense près de mille milliards de dollars par an pour son armée se prépare à combattre un pays pauvre où 70 % de sa population a cruellement besoin d’aide humanitaire. La raison ? Parce que les Houthis du Yémen exigent qu’Israël cesse de commettre un génocide contre la population à Gaza. Notre choix était entre faire pression sur Israël pour qu’il accepte un cessez-le-feu ou une guerre avec les Houthis. Nous avons choisi la guerre. Cela en dit long sur qui sont les Américains en tant que collectif : je ne pense pas que cela se terminera bien ni pour les États-Unis ni pour Israël. » |
