Les manifestations en défense des hôpitaux se multiplient
Il ne se passe pas une semaine sans que se déroulent une ou plusieurs manifestations.
- Actualité politique et sociale, Santé
La grande majorité de la population et des soignants rejette la politique de destruction des hôpitaux menée par Emmanuel Macron.
Depuis le début de l’année, population, soignants, syndicats et élus se sont mobilisés pour sauver leur hôpital à Lannion (Côtes-d’Armor), Bernay (Eure), Lorient et Pontivy (Morbihan), Île d’Oléron (Charente-Maritime) et plus récemment Redon (Ille-et-Vilaine) et à Saint-Flour (Cantal).
La presse se fait régulièrement écho des conséquences dramatiques du manque de lits d’hospitalisation.
« L’enfer aux urgences », titre à juste titre Le Parisien dans son édition du 28 janvier.
S’ensuit une longue description de la situation chaotique aux urgences de l’hôpital de Versailles (Yvelines).
Jusqu’à 10 patients sur un brancard dans un couloir, certains attendant 5 jours avant qu’une place soit trouvée pour les hospitaliser. Les raisons de ce scandale : le manque de personnel – « comment s’en sortir lorsqu’il n’y a qu’un infirmier et un aide-soignant pour vingt-deux malades » témoigne un soignant – et les fermetures de lits qui selon la direction de l’hôpital entraînent « des délais de prise en charge rallongés et des passages plus longs aux urgences ».
Même situation à l’hôpital de Lons-le-Saulnier (Jura) qui a vu fermer dans sa périphérie une maternité à Saint-Claude et les urgences de l’hôpital de Champagnole et où seuls 2 médecins peuvent être de garde pour 40 000 passages par an. Et aussi à Nantes (Loire-Atlantique) où le 2 janvier, une patiente est décédée sur un brancard.
« Cette patiente aurait dû juste transiter aux urgences, on aurait dû pouvoir lui trouver un lit, où elle aurait pu mourir plus dignement. Mais il n’y a pas assez de lits », a assuré Jérémy Beurel, secrétaire général adjoint FO du CHU de Nantes (Le Parisien, 11 janvier).
Plus de 25 000 lits ont été fermés depuis l’élection d’Emmanuel Macron dont 6 700 en 2023 selon un rapport récent de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). C’est contre cette politique que population et soignants se mobilisent.
1 800 habitants manifestent à Saint-Flour, le 27 janvier Du jamais vu à Saint-Flour, sous-préfecture du Cantal de 65 00 ha-bitants, samedi 27 janvier ils étaient 1 800 en manifestation dans les rues pour la défense du centre hospitalier. La mobilisation initiée par le syndicat FO (seul syndicat de l’hôpital), rejoint par la CGT, a rassemblé, personnels, population et élus. Dans les petites rues de la ville, elle a souvent dû se diviser pour défiler. Le centre hospitalier de Saint-Flour subit, comme l’ensemble des établissements, les conséquences d’une politique budgétaire restrictive avec des réorganisations à répétition, des fermetures de lits, des suppressions de postes. La fermeture de services en psychiatrie, en chirurgie et en médecine a généré un manque de places pour hospitaliser les patients pris en charge aux urgences. Depuis l’entrée en vigueur de la loi Rist, la pénurie de médecins s’est accrue, le service des urgences a dû fermer à plusieurs reprises et fonctionne avec un accueil restreint, tout comme le bloc opératoire et la maternité. S’ajoute à cela l’absence de direction depuis plusieurs mois, vécue comme une volonté du gouvernement de faire mourir l’hôpital à petit feu depuis la mise en place du Groupement hospitalier de territoire qui a accéléré son dépeçage. Au journal télévisé, un manifestant, venu de la commune de Neuvéglise, témoigne : « J’ai appelé le 15, on m’a dit que je n’étais pas verni, et que pour les urgences il fallait me rendre à Clermont-Ferrand ou à Aurillac. Résultat des courses, deux fois 90 kilomètres au lieu de deux fois 15 ! » C’est cette option de l’ARS que refusent les personnels et le syndicat : une inégalité inacceptable et la prise de risque pour les patients. Les revendications sont claires : le maintien de tous les services, lits et postes et la nomination rapide d’une direction. Les agriculteurs, en barrage filtrant à quelques kilomètres de là ont facilité l’accès à la manifestation. Pour les remercier, une délégation du syndicat est allée les rencontrer ensuite, les échanges ont été fraternels et conviviaux. Correspondante |
Le 27 janvier, 1 200 manifestants se sont mobilisés à l’appel du comité d’appui pour l’hôpital de Redon-Carentoir A près 3 ans d’études, le projet de construction d’un bâtiment neuf a été abandonné car jugé trop coûteux par l’ARS. Maires et adjoints des communes avoisinantes, députés et sénateurs: soixante-dix élus étaient présents avec leur écharpe. Les intervenants ont souligné à quel point le projet du nouvel hôpital redimensionné par l’ARS ne correspond pas aux besoins de la population. Mathilde Hignet, députée LFI de la circonscription a terminé son allocution en appelant à une nouvelle mobilisation le 23 mars. M.-P. L |