Note de lecture : « Résistance antinazie, ouvrière et Internationaliste (1939-1945) »

Le sous-titre de cet ouvrage est : "De Nantes à Brest, les trotskystes dans la guerre". Une mine d’informations sur cette période et sur l’action des militants internationalistes qui refusèrent de sombrer dans le national-chauvinisme du stalinisme.

Par Christian Eyschen
Publié le 12 juin 2024
Temps de lecture : 11 minutes

Le sous-titre de cet ouvrage de Robert Hirsch, Henri Le Dem, et François Preneau, très intéressant, est : De Nantes à Brest, les trotskystes dans la guerre. J’ai publié dans notre ouvrage collectif La Libre Pensée dans la Résistance le témoignage d’Éliane Ronel, fille d’un couple de socialistes libres penseurs, témoignage envoyé par mon ami et camarade Édouard Lemoigne, libre penseur des Côtes-d’Armor et tiré de l’ouvrage susmentionné.

J’ai donc eu la curiosité de me procurer cet ouvrage, d’abord édité à Nantes, puis réédité par Syllepse. Bien m’en a pris, car ce livre est passionnant et il conte une page d’histoire peu connue du grand public, même si les militants trotskystes en savent toujours un peu quelque chose.

L’immense intérêt est la publication de larges extraits des 16 numéros (sur 20) de Front ouvrier, bulletin clandestin des bolcheviks-léninistes durant la guerre et qui eut un certain écho chez les ouvriers de la région.

Autant dire que c’est une mine d’informations sur cette période et sur l’action des militants internationalistes qui refusèrent de sombrer dans le national-chauvinisme du stalinisme.

Dans l’introduction, il y a une affirmation inadmissible qui est de prétendre que les trotskystes, à l’instar du « lot de toute la Résistance », se désintéressent rapidement du sort des Juifs quand vint le STO. Dans l’ouvrage La Libre Pensée dans la Résistance, j’ai fait litière de cette affirmation erronée. Voici ce que j’écrivais, c’est un peu long, mais cela a le mérite d’expliquer les choses :

Qui savait quoi sur l’extermination des Juifs dans l’Est de l’Europe ?

– Qui savait quoi sur l’extermination des Juifs dans l’Est de l’Europe ? Dans leur ouvrage sur le sujet, Stéphane Courtois et surtout Adam Rayski, qui était au cœur du combat de la FTP-MOI pour aider les Juifs et combattre les nazis, donnent d’utiles précisions. Il est clair que les alliés ont su la réalité du massacre très tôt, ainsi que le Vatican, mais aussi les Anglo-Américains, refusaient toute action spécifique pour aider les Juifs à fuir, notamment en bombardant les trains ou les camps pour leur permettre de fuir dans la confusion qui s’en suivrait obligatoirement. Il fallait d‘abord écraser les nazis, ensuite aider, peut-être, les Juifs à survivre. Combien de millions de morts a coûté cette politique ?

Alors que la FTP-MOI faisait de cette question un axe essentiel de ses publications clandestines en informant du mieux qu’elle pouvait les Juifs pour les aider à se sauver, dès octobre 1942, la presse clandestine du PCF ne publie plus aucun article sur le sujet.

Cette action d’information couplée à l’aide active d’une partie de la population française fit que, malgré toute sa barbarie, l’opération « Vent Printanier » des 16 et 17 juillet 1942 (première conséquence du retour de Laval au pouvoir) de la Rafle du Vel d’Hiv ne fut pas complètement réussie. L’objectif avait été fixé par les nazis à 24 000 arrestations pour la déportation immédiate, 12 000 Juifs purent échapper aux mailles du filet, mais 3 000 hommes, 5 000 femmes et 4 000 enfants ne purent échapper à cette horreur.

En Zone-Nord, c’est l’obligation de porter l’étoile jaune pour les Juifs qui souleva l’indignation de la population ; en Zone-Sud, comme cette obligation fut plus tardive, les vichystes exigeaient dans un premier temps que seulement la mention « Juif » fut portée sur les cartes d’identité. Ce sont surtout les rafles de l’été 1942 qui provoquèrent un profond traumatisme dans l’opinion.

Le 20 novembre 1941, c’est La Vérité clandestine, le journal des trotskystes, qui informe de ce qui se passe à Drancy et qui en appelle à la solidarité ouvrière avec les Juifs. Cela sera repris par Libération-Sud quatre mois plus tard.

Le 20 mai 1943, La Vérité clandestine publie le premier témoignage d’un Polonais qui a réussi à s’échapper d’Auschwitz où il a séjourné six mois et qui raconte l’enfer de l’extermination.

Le 8 juillet 1943, Jacques Duchesne, à la BBC dans Radio-Londres, lira ce témoignage publié par les trotskystes. Ce témoignage sera aussi repris dans Libération-Sud le 12 octobre 1943 et enfin début février 1944 dans Franc-Tireur (in pages 93 à 102 de l’ouvrage de Rayski et de Courtois).

On estimait à 320 000 le nombre de Juifs vivant en France à la veille de la Seconde Guerre mondiale, plus de 73 000 sont morts en déportation, près de 3 000 ont succombé dans les camps d’internement français et un millier environ ont été exécutés. 75 721 Juifs, dont près de 11 000 enfants, sont déportés de France entre mars 1942 et août 1944, dont seulement 2 566 survivants sont comptabilisés à la Libération des camps en 1945, soit environ 3 % des déportés (Source : Serge Klarsfeld).

Les autorités juives dans leur grande majorité participèrent à la collaboration avec Vichy qui collaborait avec Hitler pour « la solution finale ». Elles tombèrent dans le piège infâme de la mise en œuvre de l’UGIF (Union Générale des Israélites de France) qui fit le sale boulot, à la place de la police de Vichy, de recenser les Juifs. Cependant il y eut des actes authentiques de Résistance, comme le Consistoire central siégeant à Lyon qui se prononça contre la création de l’UGIF et interdit à ses membres d’y participer.

Rappelons que lors de la mise en place du Judenrat à Varsovie, les autorités juives, sous l’aura du Bund, refusèrent leur participation à celui-ci, sauvant l’honneur des Juifs qui se révoltèrent ensuite dans l’Insurrection du ghetto. Mais 360 000 personnes furent assassinées dans le ghetto, à Varsovie. Sur les 400 000 Juifs, il n’en restera que 40 000, 1 500 sur 30 000 à Radom, 2 000 sur 20 000 à Piotrkow. 64 000 furent exterminés à Minsk par les Einsatzgruppen.

Un témoignage rapporté sur l’horreur d’Auschwitz parle particulièrement aux libres penseurs : « En cas de désobéissance des déportés, on les réunissait, puis, devant eux, les SS fusillaient un certain nombre pour l’exemple ». Tous les totalitarismes se ressemblent, la barbarie emprunte toujours les mêmes méthodes.

Quand les réseaux anglais se mirent en place, surtout dans un premier temps pour organiser des filières d’évasions des pilotes anglais, puis américains après 1941, les Anglo-américains acceptèrent du bout des lèvres d’aider les Belges à fuir en Angleterre, à condition de ne pas passer par les filières pour les aviateurs anglais. Et surtout, comme le note Guillaume Pollack dans son ouvrage, ce fut un refus absolu pour évacuer les Juifs et les autres populations persécutées.

Les FTP-MOI, sous la direction d’Adam Rayski, mettront en place au printemps 1942, le Mouvement national contre le racisme. Celui-ci aura un grand rôle pour dénoncer la persécution et l’extermination des Juifs, au travers des deux organes de presse, J’accuse et Fraternité. Il aidera grandement des Juifs à échapper aux arrestations. Il est l’ancêtre du MRAP.

Reprendre dans l’introduction du livre, en l’approuvant, l’affirmation d’Olivier Wierviorka  « qu’à partir de 1943, le sort des Juifs disparut progressivement des médias, communistes inclus, et l’intérêt se polarisa sur le Service du travail obligatoire » est erroné au minimum, et sert de couverture à la politique des staliniens dans une opération que je qualifierais quasiment de « crypto ».

D’abord, le silence du PCF sur le sort des Juifs date d’octobre 1942 et le STO fut instauré par la loi du 16 février 1943, donc bien après. Dans cette période, où les minutes valaient des siècles, plusieurs mois ce n’est pas rien. Et la généralisation à toute la Résistance est une falsification éhontée. C’est le PCF, et certainement les gaullistes aidés par les catholiques qui se turent (et encore pas tous !). On voit dans mon texte que le silence n’était pas le fait des trotskystes, ni des gaullistes à Radio-Londres, ni dans Libération-Sud, ni dans Franc-Tireur. C’est donc bien une falsification au compte du stalinisme pour le couvrir de sa politique réactionnaire.

Il fallait, au compte de la politique de Staline, entonner le chant de la Libération nationale, bien française, uniquement française.

C’est pourquoi, quand il fallait tuer « chacun son boche », il ne fallait pas mener une politique de fraternisation avec les travailleurs allemands sous l’uniforme et il fallait « laver bien blanc », ce qui ne fut pas étranger non plus à la liquidation du groupe Manouchian et de secteurs entiers de la FTP-MOI et à faire disparaitre la Nueve espagnole de la IIème DB libérant Paris. La réécriture de l’histoire est toujours une œuvre bien marquée, jamais neutre et jamais sans objectifs dans le présent.

Et c’est bien le mérite de l’intérêt immense de l’ouvrage. Il montre le combat héroïque, dans le sens plein du terme, des militants internationalistes refusant le national-chauvinisme des staliniens. Il montre aussi le combat du PCI et du CCI du POI, sa continuité, pour sortir de la falsification les deux militants trotskystes Marc Bourhis et Pierre Guéguin fusillés à Chateaubriand, et « récupérés » sans aucune honte par le PCF après la guerre qui en a fait des staliniens. C’était d’autant plus scandaleux que Pierre Guéguin avait rompu avec le PCF du fait du pacte germano-soviétique d’août 1939. Il faut en remercier les auteurs de l’avoir mentionné.

La bibliographie à la fin est très correcte, ainsi que les biographies, même si on se demande pourquoi n’est pas mentionné Michel Raptis, dit « Pablo », qui avait fait un tout petit tour dans la région sur le « travail allemand » et a disparu aussi vite qu’il était arrivé. Il faudrait aussi ajouter que nombre des militants trotskystes survivants après cette épopée se retrouvèrent dans le courant ouvrier animé par Pierre Lambert et Alexandre Hébert, comme cela est mentionné pour le seul Jean-Claude Leblay, père d’un de nos camarades libre penseur de Loire-Atlantique.

Notons qu’Henri Souzin, responsable de la commission syndicale du POI, mort en déportation, a son nom gravé en hommage sur le mur de la Bourse du travail à Paris, il en est de même pour Sylvain Itkine, militant trotskyste sur le mur en hommage aux francs-maçons tombés lors de la Seconde Guerre mondiale, au Grand Orient de France, rue Cadet à Paris.

Des Auberges de Jeunesse à la Résistance, en passant par le trotskysme

On parle à juste titre dans l’ouvrage de l’importance des Auberges de jeunesse qui furent à l’époque un creuset de formation de la conscience pour nombre d’anarchistes et de trotskystes qui rejoindront la Résistance. Nous en avons aussi parlé dans La Libre Pensée dans la Résistance (voir entre autres le témoignage d’Éliane Ronel). Beaucoup seront recrutés dans la région par Yvan Craipeau et Robert Cruau.

Comme cela est normal et logique, l’ouvrage commence par une évocation solide du trotskysme avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est somme toute assez correct.

Le « travail allemand » de fraternisation fut mené avec un grand courage, une non moins grande efficacité (on reste surpris des résultats) et aussi avec un immense sérieux. Il fallut beaucoup de temps à la Gestapo pour réprimer cette activité qu’elle estimait très dangereuse, car loin d’unir les travailleurs allemands à Hitler par une action militaro-chauvine, elle frappait au cœur la solidité des troupes allemandes par l’action internationaliste.

Le prix à payer fut lourd, les arrestations en 1943, dues essentiellement à une trahison, se montèrent à une vingtaine de militants, dont onze furent déportés.

Il y a eu aussi Benjamin Péret, le grand poète surréaliste, qui se retrouva dans les services de renseignements de l’armée avec un autre trotskyste, Roland Filiâtre, où il désorganisera les services en convoquant sans arrêt les officiers à des enterrements bidons d’officiers supérieurs et de personnalités. Le petit jeu s’arrêtera le 30 mai 1940 quand Benjamin Péret fut arrêté pour « activités liées à la IVe Internationale ». Il avait fait la guerre d’Espagne en représentant le POI et la IVe Internationale auprès du POUM ; il rejoindra en 1937 les milices de la CNT-FAI. Il avait été membre de la Libre Pensée prolétarienne et quand il fit son service militaire, il s’amusait déjà à remplacer les noms des militants qui étaient surveillés par l’autorité militaire par celui de curés. C’était un ami de Pierre Lambert.

Le premier numéro de Front ouvrier, l’organe clandestin des bolcheviks-léninistes (nom que se donnaient les partisans de Léon Trotsky) de juillet 1943, s’il honorait les martyrs de la Résistance, n’en condamnait pas moins le terrorisme individuel contre « les boches » qui se retournait toujours invariablement contre la classe ouvrière du fait de la répression occasionnée. Le journal national des trotskystes, La Vérité, fut le premier journal clandestin édité en août 1940.

L’ouvrage a le grand mérite de publier de larges et nombreux extraits de La Vérité et surtout de Front ouvrier. Ce dernier reprend essentiellement des informations locales sur les conditions de vie et de travail des ouvriers de la région. Il dénonce les garde-chiourmes des nazis et des collabos, avec une certaine efficacité. C’est sans doute ce qui explique que, centré sur cette focale-là, il y a peu de places pour des informations générales comme la question de la répression innommable des Juifs ou des commentaires politiques généraux, ce qui sera plutôt l’apanage de La Vérité clandestine comme nous l’avons vu précédemment.

Le travail allemand de fraternisation

Dès 1940, les trotskystes se préoccupent de ce travail. Ils lui donnent un cadre : « Le problème de la fraternisation : notre lutte n’est pas dirigée contre le peuple allemand. Elle est dirigée contre ceux qui, opprimant le peuple allemand, font de lui un instrument pour l’oppression des peuples en Europe. Mais la fraternisation n’est pas la complaisance du vaincu pour le vainqueur, de l’oppressé pour l’instrument de l’oppression. Nous ne sommes pas les frères, mais les adversaires impitoyables des nazis sous l’uniforme. »

Une conférence européenne se tiendra dans les Ardennes en janvier 1942, avec notamment Marcel Hic et Yvan Craipeau (France), Widelin (Allemagne), Pablo (Grèce), Abraham Léon (Belgique) où des thèses sur la question nationale sont adoptées, où l’on peut lire en conclusion : « Mener une agitation et une action constante pour toutes les revendications nationales immédiates des masses en les liant aux revendications économiques et aux revendications démocratiques. »

En juin 1943, en pleine clandestinité, le Parti ouvrier internationaliste (POI) réunit son Ve congrès, une performance démocratique dans la situation de guerre et d‘occupation. Il décidera de faire des journaux ouvriers d’entreprises pour mettre en pratique cette orientation. C’est ainsi que deux semaines plus tard va paraitre le premier numéro du Front ouvrier nantais avec comme titre : « La défaite de Hitler doit être une victoire ouvrière ».

La Vérité clandestine de juillet 1943 publie les résolutions du Congrès : « Le Front ouvrier organise, en Allemagne même, la lutte des ouvriers français déportés, contre le capitalisme allemand. Le Front ouvrier organise, en Allemagne comme en France, la fraternisation avec les ouvriers et ouvrières allemands et italiens russes et polonais, avec les travailleurs allemands et italiens sous l’uniforme. Le Front ouvrier organise la solidarité à toutes les victimes de la répression et de la barbarie nazie. »

Dans le même temps, les militants du Front ouvrier vont mener une action clandestine dans les syndicats officiels qui survivent du mieux qu’ils peuvent. Rappelons que le régime de Vichy, s’il avait dissous les deux confédérations CGT et CFTC, n’avait pas interdit les syndicats « de base » ni même leurs unions départementales qu’il voulait intégrer dans la Charte du travail.

Les trotskystes agissent sur la ligne de la démocratie en exigeant que les délégués et les instances syndicales soient librement élus par les travailleurs, ce qui met en péril, en pratique, la subordination du monde du travail au corporatisme et la collaboration. Ils résumaient cette tactique par cette formule : « Le syndicat est un lieu de rassemblement légal, le Front ouvrier sera l’organe de la lutte illégale. Camarades : rassemblez-vous dans les syndicats ! »

Front ouvrier va donner des conseils pratiques pour échapper aux arrestations de la Gestapo et fuir le STO, il va aussi fournir à la vindicte populaire quelques beaux spécimens d’exploiteurs et de mouchards, ce qui aura l’heureux résultat de modérer quelques ardeurs collaborationnistes. Il s’inscrit aussi dans la question du ravitaillement, question essentielle à l’époque, pour dénoncer les pratiques des nazis et des vichystes et pour inviter la population à s’en occuper directement. Il faut dire qu’il y avait matière à cela tant la corruption et la pourriture étaient consubstantielles à la collaboration.

En juillet 1944, la fusion se faisant entre les groupes Octobre et CCI et le POI pour donner le PCI, le travail du Front ouvrier à Nantes est donné en exemple. L’ouvrage développe ensuite un large focus sur Brest et le Finistère qui est aussi très intéressant, avant, pendant et après la guerre. Le journal trotskyste s’appelle La Bretagne rouge et son principal animateur est André Calvès.

L’activité de Résistance sera si importante que le général de Gaulle citera Front ouvrier à l’ordre de la France Libre pour avoir donné des renseignements utiles pour le bombardement réussi de la RAF en juin 1943 qui immobilisa la base sous-marine de Brest pendant plusieurs mois. Le travail allemand sera important surtout en relation avec le port de guerre et la base sous-marine. Une douzaine de soldats furent fusillés en toute discrétion, tant la Gestapo redoutait que la fraternisation puisse être rendue publique. L’historien Antony Beevor raconte dans son ouvrage Stalingrad la stupéfaction d‘un soldat russe découvrant dans la capote d’un soldat allemand mort un tract des trotskystes appelant à la constitution de comités de soldats pour se débarrasser d’Hitler.

Je vous laisse découvrir cette partie en vous procurant cet ouvrage indispensable et surtout à le lire, c’est passionnant.

Le livre se termine par le récit de l’activité des trotskystes après la guerre qui agissent toujours sur une ligne internationaliste et qui sont en butte aux calomnies des staliniens sur leur attitude durant la guerre. Il y eut plusieurs procès, tous gagnés par les trotskystes contre les staliniens, dont celui de notre camarade libre penseur Gérard Bloch. C’était l’époque où le PCF était dans le gouvernement tripartite qui bombardait et massacrait les indépendantistes algériens le 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, en insultant « l’hitléro-trotskyste » Messali Hadj.

Est aussi raconté ce moment mémorable où le PCF tient un meeting public pour dénoncer les dits « hitléro-trotskystes » à Nantes le 9 novembre 1946 à la veille du scrutin des législatives. Les militants du PCI arrivent en nombre et exigent la parole pour répondre aux calomnies. Les staliniens refusent, les trotskystes ne s’en laissent pas compter et avec la majorité de la salle prennent la tribune avec des arguments qui ne furent sans doute pas tous philosophiques. Ils tiendront le meeting à la place des dirigeants du PCF qui alors appellent la foule à quitter les lieux, ce qu’elle refuse pour écouter les calomniés répondre aux accusateurs.

La Vérité résume : « Cette réunion fut une victoire pour la démocratie ouvrière et l’internationalisme prolétarien. Et une défaite retentissante pour les calomniateurs. » Tout était dit.

Vous l’aurez compris aisément, malgré des désaccords importants sur un point fondamental, je recommande vraiment la lecture de cet ouvrage qui est une mine d’informations indispensables sur l’activité de militants internationalistes, dans une période où cela ne devait guère être facile d’appeler à la fraternisation des peuples.

Résistance antinazie, ouvrière et Internationaliste (1939-1945) – De Nantes à Brest, les Trotskystes dans la guerre par Robert Hirsch, Henri Le Dem, François Preneau , éditions Syllepse – 319 pages – 22€

Pour en savoir plus :

La Libre Pensée et la Résistance

La Libre Pensée vient de publier ce remarquable ouvrage sur une page d’histoire qui n’a jamais été contée : la présence à tous les niveaux et l’action des libres penseurs dans la Résistance entre 1940 et 1945. Des réseaux et des maquis au CNR en quelque sorte, en passant par l’Assemblée consultative d’Alger.

Un livre rare de 436 pages qui fera date. En vente auprès de la librairie de la Libre Pensée : 14€ prix public, et 10€ à partir de 3 exemplaires. C’est une édition commune Libre Pensée – Éditions Libertaires – IRELP.