A Paris, rassemblement pour la libération du docteur Abu Safiya de Gaza
Le 30 janvier, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant le ministère des Affaires étrangères à Paris, à l’initiative de médecins signataires d’un appel de 250 médecins et soignants, pour exiger la libération immédiate du docteur Hussam Abu Safiya.
- Actualité internationale, Palestine

Le 30 janvier, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant le ministère des Affaires étrangères à Paris, à l’initiative de médecins signataires d’un appel de 250 médecins et soignants, appel exigeant la libération immédiate du docteur Hussam Abu Safiya, directeur de l’hôpital Al Adwan à Gaza, emprisonné et torturé depuis le 27 décembre par l’Etat israélien.
Cet appel a été relayé par les militants de la France Insoumise et des militants syndicalistes, présents avec leurs drapeaux, ainsi que cinq députés LFI : Jeff Coulomme, Jérôme Legavre, Mathilde Panot, Thomas Porte, Ersilia Soudais.
Sont intervenus les docteurs Venet et Pelloux, tous deux à l’initiative du rassemblement, le professeur Oberlin, qui a fait de nombreux séjours à Gaza, le docteur Gasmi pour le collectif « Les blouses blanches pour Gaza » et Jérôme Legavre.
« l’unité absolue avec ceux qui sont d’accord avec l’arrêt du génocide. »
En introduction, le docteur Venet a rappelé le cadre de l’appel : « réaliser l’unité absolue avec ceux qui sont d’accord avec l’arrêt du génocide. » indépendamment de leur appartenance politique ou syndicale.
« Ce que vous voyez ici, ce sont les décombres de la diplomatie française » dénonce le professeur Oberlin en désignant le ministère des Affaires étrangères. Il insiste sur le fait que le gouvernement français cherche avant tout un accord avec les Etats-Unis. Le docteur Pelloux, très touché par la situation à Gaza, (cf. interview ci-dessous) a insisté par les risques de psychotraumatismes parmi la population, en particulier les enfants, traumatismes aggravés par l’absence de médicaments.
« On va continuer et on compte sur vous »
Après avoir salué la détermination et la résilience du peuple palestinien, le docteur Gasmi souligne : « Le récent cessez-le-feu n’est pas seulement un échange de prisonniers mais aussi un témoignage fort que Gaza, malgré le siège et l’agression, continue à remporter des victoires (…) plaçant l’entité occupante dans une situation difficile tant sur le plan interne qu’international. (…) Aujourd’hui, je m’adresse à vous pour réclamer 2 mesures immédiates et essentielles au nom de la dignité humaine et du droit international : permettre sans délais l’entrée de médecins, de médicaments, de matériel médical et de l’aide alimentaire à Gaza, mettre fin à toutes formes de tortures en particulier celles visant les soignants ».
Le député Jérôme Legavre a conclu son intervention (dont des extraits sont publiés ci-dessous) en affirmant « Nous allons, avec quelques médecins et élus, au ministère malgré le refus. On va matérialiser ainsi qu’on n’accepte pas ce refus. On va continuer et on compte sur vous. ».
Interviewé parmi les manifestants, un médecin hospitalier rappelle que, outre le docteur Abu Safiya, de nombreux médecins palestiniens ont été arrêtés à Gaza. Un militant LFI est particulièrement choqué par le sort des enfants. Pour Christian, syndicaliste, toute situation de guerre permet à nos dirigeants de casser les conquêtes sociales. « La solidarité avec les populations directement victimes est donc naturelle et évidente. »
A la fin du rassemblement, une délégation constituée des députés Jérôme Legavre et Jeff Coulomme et des médecins de la tribune s’est présentée devant le ministère. Ils n’ont pas été autorisés à entrer et n’ont eu d’autres possibilités que de remettre la pétition à un gendarme sur le trottoir.
« Nous ne passons pas à autre chose »Intervention de Jérôme Legavre, député LFI et membre du POI le 30 janvier (extraits) Au moment où l’on parle, le docteur Hussam Abu Safiya est toujours détenu. (…) Nous nous sommes adressés au ministère des Affaires étrangères. Et c’est la raison pour laquelle nous sommes rassemblés ici aujourd’hui. Nous nous sommes adressés également à l’ambassade d’Israël pour exiger d’être reçus, (…) (Malgré le refus de nous recevoir), nous irons en délégation porter (les signatures de la pétition) au ministère et ensuite à l’ambassade (d’Israël). Évidemment, c’est un immense soulagement depuis que l’accord de cessez-le-feu est entré en vigueur et nous avons tous en tête les images de ces dizaines de milliers de Gazaouis (…) qui remontent vers le nord de la bande de Gaza matérialisant la volonté d’un peuple de vivre libre et sur sa terre (…) Mais nous ne passons pas à autre chose parce que nous n’oublions pas que pour le docteur Hussam Abu Safiya, l’enfer continue et que la population Gaza a besoin de notre soutien. Nous ne sommes pas de ceux qui la main sur le cœur vont se congratuler du cessez-le-feu alors qu’ils comptent parmi ceux qui, au début, ont soutenu inconditionnellement l’État d’Israël (…), qui ensuite ont détourné le regard et fait comme si de rien n’était et qui n’ont cessé de nous traiter d’antisémite pour le seul motif que nous exigions la paix et le cessez-le-feu. Le combat qu’on a engagé, qui est un combat tout simplement pour l’humanité, on va le continuer et aujourd’hui il se matérialise dans le fait d’exiger la libération immédiate du docteur Hussam Abu Safiya. (…) |
« Il est temps que le monde médical réagisse. » (Dr Pelloux)En marge du rassemblement, le docteur Patrick Pelloux, président de l’Amuf (Association des médecins urgentistes de France) a accepté de répondre aux questions d’Informations Ouvrières. Quelles sont les raisons de votre présence à ce rassemblement ? Avec l’Association des médecins urgentistes, on a une histoire assez longue avec Gaza, notamment avec une association qui s’appelle Help doctors qui monte des opérations à Naplouse (Cisjordanie) et à Gaza. On a fait un partenariat avec la ville de Lille et Martine Aubry, on a formé au début des années 2000 une centaine de médecins et secouristes. Ils sont tous morts, j’en ai une grande peine. Les images terribles qu’on voit, c’est accablant. Ce qui s’est passé pour le docteur Hassam Abu Safiya, c’est un truc absolument fou. Ils massacrent tout le monde, ils ont systématiquement détruit les hôpitaux et maintenant Trump parle de déportation. Il est temps que le monde médical réagisse. C’est une histoire humaniste. Vous allez vous rendre maintenant en délégation au ministère. Comment est ce que cela va se passer ? On ne va pas être reçu évidemment. On se fait traiter d’antisémite, on se fait insulter mais je tiens à dire que je travaille avec beaucoup de médecins de religion juive qui ne sont pas israéliens, ils sont tous dans la détestation de Netanyahou. Cela doit être dit |
