ArcelorMittal : « On appelle à la grève reconductible, on n’a pas le choix »

La direction d’ArcelorMittal (sidérurgie) vient d’annoncer un plan de licenciements et la fermeture des sites de Denain (59) et de Reims (51). Agnès, déléguée syndicale FO sur le site de Reims, nous fait part de sa colère et de celle de ses collègues.

Assemblée générale sur le site d’ArcelorMittal de Reims, le 26 novembre (photo correspondant).
Par la rédaction d’IO
Publié le 27 novembre 2024
Temps de lecture : 2 minutes
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Peux-tu nous expliquer ce qui se passe actuellement à ArcelorMittal ?

Agnès : La direction générale du groupe en Europe a décidé la fermeture de deux des huit sites en France, à savoir celui de Denain (59) et de Reims (51).

Cette fermeture entraînerait la suppression de 136 emplois, et c’est le site de Reims qui supporterait la plus grosse perte (21 à Denain et 115 à Reims).

On serait tous concernés : les salariés de la production, celles et ceux qui travaillent sur les refendeuses et les dérouleuses, ainsi que les responsables de maintenance, mais aussi l’encadrement.

La fermeture interviendrait dès juin prochain, soit dans sept mois à peine, avec le départ de certaines fonctions supports dès avril.

Une partie des machines serait délocalisée en Belgique, en Espagne et en Pologne.

À l’annonce du plan, quelle a été la réaction des salariés ?

Les salariés de Denain se sont mis en grève immédiatement à la suite du premier CSE annonçant le plan : ils sont en grève depuis mercredi dernier. L’intersyndicale CFDT, CGT, FO, CFE-CGC1Sur place, aux dernières élections, la CFDT représente environ 44 %, la CGT 38%, FO 11,5 % et la CFE CGC 7 %. a appelé à la grève les salariés des huit sites de France suite à la réunion du CSE hier après-midi, qui a détaillé le projet de fermeture de Reims et de Denain. La grève se poursuit aujourd’hui.

Nous avons reçu le soutien sur place des unions départementales FO et CGT, ainsi que le soutien de l’union des syndicats des métaux (USM) FO de Châlons-en-Champagne. Le secrétaire général de la CGT métallurgie est présent sur place également. Il y a également des représentants du groupe d’action (GA) LFI de Reims qui sont là.

L’intersyndicale doit rencontrer le député européen LFI, Anthony Smith, et la députée LFI, Aurélie Trouvé, vendredi.

Quel est l’état d’esprit des salariés à l’heure actuelle ? Comment vous voyez la suite ?

L’état d’esprit des salariés aujourd’hui, c’est celui de celles et ceux qui ont donné toute leur vie à l’entreprise, qui ont subi maintes réorganisations et restructurations, et à qui il est annoncé aujourd’hui que le site ferme dans quelques mois.

Tout ça un mois avant les fêtes de Noël… C’est très rude, ce sont nos vies, certains ont plus de 50 ans, comment ils vont faire ?

D’autres n’ont jamais connu autre chose qu’ArcelorMittal, ils ont passé toute leur vie dans l’entreprise.

Ce qu’on n’accepte pas également, c’est la morgue de la direction : elle ne veut rien entendre, tous les projets industriels proposés ont été refusés. On n’a pas supporté leur ton hautain, fermé, hier au CSE. Ils sont allés jusqu’à oser dire que les salariés doivent rester « motivés », après l’annonce de la fermeture des sites, pour garantir le service client jusqu’au bout.

Pour la suite, on appelle à la grève reconductible : même si c’est très difficile financièrement pour les familles, on n’a pas le choix.

Des rassemblements sont déclarés de 5 heures du matin à 17 heures devant le siège d’ArcelorMittal, pour permettre à chacun, notamment la population rémoise, d’y participer pour y apporter son soutien.

Propos recueillis le 26 novembre